• Guerre sur les ondes.

    L'audiovisuel privé est menacé.

    Une action unitaire sans précédent illustre le malaise à La Réunion.

     

    Nombre de questions techniques échappent au téléspectateur moyen.

    Faut-il supprimer la publicité sur R.F.O., les redevances dues à la SACEM,  l'octroi de mer ? Les arguments ne manquent pas dans un sens et dans l'autre. et nous devons laisser le soin aux personnes compétentes et bien informées, de décider de ce qui peut être fait.

     

    Il revient aux stations privées de proposer des solutions et au gouvernement de prendre des décisions qui tiennent compte de la justice due à chacun.

    Ce qui est en cause n'est rien d'autre que la liberté d'expression.

    Mais ayons conscience que cette liberté est liée à l'argent, aux moyens de se le procurer et à la façon de le dépenser en fonction de l'intérêt général.

     

    Si R.F.O. est assurée de recevoir un budget officiel, les stations privées, elles, sont étouffées faute de moyens.

    Les petites stations radios privées ne peuvent exister et subsister que grâce aux subventions locales, attestant l'intérêt du département et des municipalités pour une expression qui tient compte de la mentalité, des problèmes et des goûts de l'île, d'une ville ou d'un quartier. Ce sont des radios de proximité qui fonctionnent le plus souvent grâce au bénévolat, à la conscience et au désir d'un certain nombre de jeunes de communiquer.

    Il nous faut bien comprendre que ce réseau parfois très serré de radios locales joue un rôle social évident, évite la solitude, répond à des désirs non formulés, éveille des auditeurs à des questions rarement évoquées ou au contraire très quotidiennes et jamais totalement résolues. Pensons aussi à la prise en compte des minorités existant dans l'île, qui méritent qu'on en tienne compte, même si elles n'augmentent pas l'audimat.

    Tout fonctionne sur fond de pauvreté.

    Mais la pauvreté a ses limites, car les studios coûtent cher ainsi que leur entretien.

    Le bénévolat ne résout pas tous les problèmes.

     

    La question d'argent est plus préoccupante encore dès qu'une station a des idées et des ambitions

    qui nécessitent des investissements et un personnel qualifié et salarié.

    Les imperfections que peut se permettre une radio de proximité ne sont plus acceptables dès qu'il s'agit d'une radio professionnelle.

    Où trouver l'argent ?

    Si une radio veut être libre, elle ne peut pas dépendre d'une unique source financière, en tout cas pas d'une source publique.

    Reste la publicité.

    Si celle-ci est déjà captée par la chaîne publique - qui dit en avoir besoin -, il est bien évident que la chaîne privée sera vite étranglée.

     

    Il y va de la démocratie, et d'une certaine conception de la liberté.

    Une démocratie ne peut pas se limiter à n'avoir qu'une seule chaîne ou un seul producteur, qu'elle soit publique ou privée.

    La question n'est pas affaire de concurrence commerciale, mais de circulation des idées et de liberté de pensée et d'opinion qui doivent pouvoir s'exprimer librement.

    Mettre "le malhonnête argent" au service de la liberté est la gageure de ce conflit.

    Ce n'est pas parce que certains en mésusent qu'il faut abandonner la partie.

     

    La liberté coûte cher.

    Le prix doit en être débattu, et les règles du jeu financier doivent être mises au service des règles du jeu démocratique.

    Une télévision publique est certainement nécessaire.

    La télévision privée ne l'est pas moins, qui offre d'autres programmes et répond à d'autres préoccupations. Et il ne faudrait pas que la préoccupation de l'argent soit telle qu'elle fasse dévier la programmation vers les intérêts privés de bailleurs de fonds qui prendraient le téléspectateur en otage, sans qu'il s'en rende compte !

     

    Le retour au monopole constituerait un recul grave.

    Il faut à tout prix sauver la liberté véritable des chaînes privées.

    Par notre souci de préserver radio "Arc en Ciel", montrons que ce conflit est nôtre.

    fr. André LENDGER


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  •  

    Mourir.

     

    François Mitterand  est entré dans la mort avec, semble-t-il, courage, lucidité et sérénité, ayant accompli la course de sa vie, rempli son destin et fait la paix avec les siens.

     

    Pas de précipitation, pas de soins intempestifs, la détermination consciente et volontaire, l'attente patiente de ce qui serait le terme.

     

     

     

    Cette mort ressemble à celle de M. Tout-le-Monde et, grâce à cela, elle peut nous aider à cerner d'un peu plus près le mystère de toute mort.

     

    Elle nous éloigne des agonies prolongées à plaisir de tant d'hommes politiques.

     

    De plus François Mitterand s'est longuement interrogé sur la mort, nous a livré quelques pensées sur la question qui peuvent nous aider à nourrir notre méditation.

     

     

     

    "La naissance et la mort sont les deux ailes du temps"

     

    Cette pensée de François Mitterand nous introduit au cœur du problème : il est vain, il est faux, il est suicidaire même, de vouloir éluder la question de la mort.

     

    Refuser la question de la mort, c'est refuser la vie.

     

    La vie perd tout sens et toute saveur, si on veut la priver de la mort.

     

    Refuser la question de la mort, c'est paradoxalement vivre comme un "déjà-mort". C'est vivre en aveugle. La mort, en effet, laisse sa trace sur chacun de nos actes.

     

    La valeur de nos actes humains ne dépend pas des seules règles de la morale sociale, mais du projet intérieur informulé qui est le nôtre. Or ce projet a à voir avec la mort.

     

    C'est face à la mort que nos actes acquièrent leur sens et leur poids.

     

    Seule la mort est la mesure adéquate au nécessaire dépassement de nous-mêmes.

     

    "Comment l'homme irait-il au bout de sa recherche s'il ignorait cette dimension (la dimension de la mort) , ajoutait François Mitterand.

     

     

     

    Ce qui est vrai pour un homme au bord de la foi, qui n'a jamais réussi à faire le pas décisif et à entrer dans le mystère, est encore vrai pour le croyant.

     

    La mort n'a plus, pour ce dernier, le visage de la faucheuse aveugle qui vient couper les fils de la vie, qui se plaît à dessécher les âmes et à les livrer à un néant glauque.

     

    La mort n'est pas en nous le néant mais, cachée dans les replis de nos existences sensibles, elle est la Vie qui nous sera donnée en plénitude. C'est ce que pressentait François Mitterand : "N'y a-t-il pas en l'homme une part d'éternité, quelque chose que la mort met au monde, fait naître ailleurs ?"

     

    Une telle vision de la mort et de la vie, de la mort au plus intime de la vie, peut sembler un privilège, un confort, la protection la meilleure contre l'angoisse.

     

    Simple vue de l'esprit : la mort ne s'apprivoise pas au point qu'on n'ait plus rien à en craindre, serait-ce parce qu'elle implique le simple fait "de ne plus vivre".

     

    Peut-être même est-il plus facile de mourir en sage agnostique, résigné dans sa raison, qu'en croyant, pour qui la Croix, et donc la mort, reste objet de scandale.

     

    Quel croyant n'est pas amené à méditer sur la Passion du Seigneur, ce moment unique où Dieu, le Vivant, a été vaincu par la puissance du néant... pour mieux la vaincre ?

     

    Soit ! mais la Passion a été et reste un exemple, celui de la lutte pour la vie.

     

    La vie est permanente victoire sur la mort. Elle tire son goût de ce combat sans fin.

     

    Le croyant qui meurt dans la paix n'est pas celui qui ne s'est pas battu avec la mort, mais celui qui fait confiance au Fils de l'Homme, sorti vainqueur du combat décisif.

     

     

     

    Comme notre monde contemporain semble loin de ces préoccupations !

     

    "Jamais peut-être le rapport à la mort n'a été si pauvre qu'en ces temps de sécheresse spirituelle où les hommes, pressés d'exister, paraissent éluder le mystère. Ils ignorent qu'ils tarissent ainsi le goût de vivre d'une source essentielle".

     

    Certains mouvements spirituels semblent contredire ce constat de François Mitterand. Mais ces mouvements apparaissent plus comme des refuges que comme des lieux de combat et de questions : réincarnation, sectes et pseudo-révélations.

     

    En vérité nous sommes dans un monde qui cache la mort.

     

    Pourtant jamais une société n'a fait autant étalage, par médias interposés, de tant de morts des guerres et des massacres. Morts anonymes. Morts qui ne sont pas les nôtres. Mort qui n'est pas la nôtre et nous détourne encore un peu plus du sens de notre vie.

     

    Nous appartenons et nous contribuons à édifier une société qui suinte la mort (une société "mortifère", comme dit Jean-Paul II) et se garde bien de jamais la regarder en face !

     

    Redonner sa place à la mort, pour que vive un monde nouveau !

    fr. André LENDGER


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  • Soweto.

    Les soulèvements de Soweto.

    Les chœurs liturgiques de Soweto.

     

    La beauté des cantiques été arrachée par la douleur.

    La profondeur et la richesse des sentiments qu'ils expriment sont nées du combat.

    Les pauvres se sont levés.

    Ils ont retrouvé leur dignité dans la lutte. Ils se sont soulevés contre un ordre injuste...

     

    ...pas contre Dieu, car Dieu, ils le savaient,  était étranger au mal qu'ils subissaient.

    Ils savaient bien, les chrétiens, que le crucifié n'était pas mort pour les inciter à la soumission, mais pour leur communiquer Sa force d'être. Jésus n'était pas seulement de leur côté. Il était identifié à eux. A eux de s'identifier à Lui.

    Leur prière est devenue naturellement une des sources de leur résistance.

     

    Pauvres. Ces chrétiens de Soweto, après tant d'autres, ont bien mérité ce titre, eux qui ont refusé de se laisser glisser dans l'abandon, la dégradation physique et morale, la dépendance servile, mais qui ont cherché à vivre et à exister par eux-mêmes.

    Mieux que leurs maîtres, chrétiens de vieille souche, ils ont compris la Parole du Dieu pauvre et souffrant. Dieu les invitait à secouer leur joug et à revendiquer leur visage de fils de Dieu. Leur condition ne les éloignait pas de Dieu, leur lutte les rapprochait de son Fils.

     

    Ils sont nombreux les pauvres.

    Ils sont peu nombreux à se lever pour retrouver leur dignité.

    Est-il encore pauvre celui qui se laisse aller, ayant abandonné tout combat ?

    Est-il encore pauvre celui qui s'est figé, dans l'attente d'un secours, d'un don, d'une subvention extérieure et ne cherche plus à avancer ?

    Ceux-là ne sont plus pauvres, ils sont, et ne réagissent plus.

    Ils attendent qu'on les aime. Mais la dépendance n'interdit-elle pas l'amour ?

    Ils ont leur part de responsabilité dans leur sort. Mais d'autres, dont nous sommes solidaires, ont aussi la leur : les familles disloquées, l'alcoolisme, la violence parentale, le rejet des enfants, le chômage, nos économies de marché qui rejettent leurs déchets humains...

     

    Soweto nous montre un autre visage du pauvre : le pauvre qui redresse la tête.

    Non par quelque arrogance, mais dans le souci d'exister par soi-même, d'être homme à l'égal des autres, à la face des autres, de puiser en soi la dignité.

    Devant Dieu il sait qu'il n'est pas moins qu'un autre. Mais cela ne suffit pas.

    La pauvreté est une grâce - le Royaume de Dieu lui appartient - à condition que le pauvre, parce qu'il est pauvre et en tant que pauvre, connaisse et proclame sa grandeur.

     

    Caritatif humanitaire, quel sens ont ces mots si la compassion qu'ils expriment n'est pas animée par le souci, non seulement d'aider à la survie (c'est le minimum), mais d'arriver un jour à pouvoir dire à l'assisté : "Debout par toi-même ! vis par toi-même" ?

    Mais un tel discours ne peut être tenu en dehors des réalités socio-économiques du moment, réalités qu'il faut tenter de maîtriser et d'ordonner au bien de l'homme. Car il n'est pas juste que des millions de personnes soient contraintes, au nom de règles qui ne tiennent pas compte d'elles, de s'enfoncer dans la dépendance avec toutes ses conséquences, en perdant leur maison, leur terre, leur famille, leur travail ou n'en ayant jamais eu.

     

    La charité ne va pas sans la justice, la justice étant la première forme de la charité.

    Le pauvre qui veut retrouver sa dignité se doit de revendiquer le respect de ses droits, non pas d'abord de ses droits financiers, mais du droit de parvenir à se mettre debout sans autre aide que celle de son énergie intérieure et de sa force de travail.

    Un des problèmes de notre temps est que trop de pauvres sont passifs, anesthésiés par  l'argent qu'ils reçoivent sans avoir à le gagner, résignés à ne rien demander d'autre.

    Comment convertir de tels pauvres à la pauvreté-debout ?

     

    Déjà les prophètes d'Israël s'élevaient contre l'injustice qui fait le lit de la pauvreté.

    Déjà les psaumes de la Bible chantaient la souffrance et l'espérance des pauvres.

    De la souffrance des noirs américains sont nées les oeuvres spirituelles fortes que sont les "negro spirituals" et Soweto a permis la création de chants tout aussi expressifs.

    C'est de tels "pauvres-debout" que notre monde et notre Eglise ont besoin.

    fr. André LENDGER


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    La violence sexuelle.

     

    Chaque semaine ou presque les journaux locaux nous font part de quelque événement de cette nature, qu'il vienne de se produire ou qu'il soit l'objet d'un jugement.

     

     

     

    Des hommes, jeunes ou non, se rendent coupables d'agressions sexuelles, d'attentats à la pudeur, de viols...

     

    Les victimes en sont bien souvent des mineur(e)s, parfois très proches, puisque les relations incestueuses ne sont pas rares.

     

    Sans doute n'avons-nous connaissance que d'une partie des faits, les autres étant cachés, camouflés dans le secret de la peur ou de la honte.

     

     

     

    Ces violences témoignent de la grande difficulté à vivre la vie affective et sexuelle, de la grande misère et du profond déséquilibre dans lesquels vivent quantité d'adultes, masculins en particulier, à notre époque de libération des mœurs.

     

    La liberté sexuelle serait-elle un piège ?

     

    Chacun se croit tout permis, même si l'on a entendu parler de la rigueur de la loi.

     

    L'homme adulte qui voit la belle adolescente de treize ans s'imagine qu'elle n'attend que lui et qu'elle est consentante. Celle-ci peut avoir des gestes, des regards ou des comportements ambigus. Ce ne sont pas pour autant des signes de consentement.

     

    L'homme, qui prétend être aimé et s'attacher la fraîche jeune fille, feint d'ignorer qu'elle n'est pas aussi évoluée qu'elle le paraît et qu'il l'espère. Il se cache tout ce qui les sépare : âge, condition, maturité... Si la jeune fille cède à la séduction de l'homme, c'est par soumission aux fantasmes suscités par le pouvoir masculin, non par réelle adhésion.

     

     

     

    On peut évoquer les difficultés sociales actuelles : manque de logements et de travail, plaie de l'alcoolisme, désorganisation familiale, "institutionnalisation" des "petits-pères" qui ont souvent du mal à assumer les responsabilités d'un vrai père...

     

    Ceci n'est que partiellement vrai, puisque les agressions sexuelles ont lieu dans tous les milieux, y compris dans ceux qui sont préservés de tout problème social.

     

    Le pouvoir des médias et de certaines publicités, l'abondance des cassettes pornographiques, bientôt l'invasion d'"Internet", la facilité qu'ont les enfants d'y accéder, ne font qu'accroître la fragilité affective de beaucoup d'hommes et de femmes, jeunes et adultes, les faisant rêver à des paradis érotiques artificiels, dissociant amour et plaisir.

     

    Tout cela accrédite le droit de l'homme à la domination et à la possession.

     

    Place est faite à tous les dérapages, compulsions fusionnelles, agressions violentes, séduction de proches ou de ses propres enfants, quand la vérité de la relation sexuelle est basée sur la place de chacun des partenaires, leur différence et la distance qu'ils doivent avoir les uns par rapport aux autres : un père ne peut pas être un partenaire sexuel.

     

    L'adolescente ou même l'enfant deviennent de simples objets de plaisir entre les mains d'adultes. Déniées dans leur âge et leur sexe, lorsqu'elles n'avaient pas la maturité de leur engagement sexuel, elles n'accéderont jamais à une vie affective équilibrée.

     

     

     

    Il va de soi aujourd'hui que chacun a un droit imprescriptible à son complet épanouissement et à une totale jouissance sexuelle.

     

    Les difficultés, les échecs et les frustrations dans ce domaine sont devenus inacceptables, chacun estimant avoir un droit naturel légitime et absolu à sa satisfaction.

     

    Il est inévitable que de telles incompatibilités entraînent de graves perturbations dans un couple, qui peuvent être mortelles pour la communauté conjugale.

     

    On peut cependant se demander si la réussite de sa vie personnelle passe obligatoirement par la réussite et l'épanouissement de sa vie sexuelle.

     

    Certes il y a le risque d'évoluer vers l'agressivité, le repliement sur soi, la mise en accusation réciproque rendant toute vie commune impossible. Ne reste-t-il que la rupture ?

     

    N'y aurait-il pas plus à gagner à traverser des déserts, à chercher une autre forme de communication, même difficile, pour parvenir à un nouveau type de reconnaissance et de renaissance réciproques et découvrir, dans un malheur conjoint - car c'en est un -, une nouvelle profondeur de la relation commune, qui pourrait enfin s'appeler l'amour ?

     

     

     

    Inacceptable pour la plupart de nos contemporains !

     

    Mais le droit imprescriptible à la jouissance personnelle n'est-il pas le premier pas qui fera des enfants d'aujourd'hui des victimes de demain, eux-mêmes devenant à leur tour, par cet enchaînement fatal bien connu, de futurs violeurs ou bourreaux.

     

    Mon plaisir avant tout ?

    fr. André LENDGER


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    Le préservatif autorisé par l'Eglise ?

     

    Le communiqué des évêques de France a fait l'effet d'une bombe.

     

    Vraie déclaration, interprétation hâtive.

     

     

     

    Le discours de Rome sur la question, souvent abrupt et sans nuances, n'a-t-il pas été caricaturé au point de faire paraître révolutionnaire la déclaration des évêques ?

     

    N'est-il pas tentant de se représenter les évêques de France monter à l'assaut de la citadelle romaine ? de les imaginer se désolidariser de Rome et de faire la leçon au Pape ?

     

    N'est-il pas tentant de les voir, peu de temps après l'affaire, tenir le même discours que Mgr Gaillot... à moins que ce ne soit ce dernier qui n'ait, avec la complicité des médias, émis en solitaire des réflexions qui étaient déjà celles de nombreux évêques ?

     

    On peut regretter le retard pris par les évêques pour une annonce officielle.

     

    Mais n'est-il pas infantile d'avoir toujours besoin de déclarations officielles pour gérer nos problèmes humains ?

     

     

     

    Le principe fondamental est clair :

     

                - tu ne tueras pas.

     

    Quel laïc, quel prêtre, quel évêque se sentirait le droit d'aller contre ce précepte ?

     

    Un second principe s'articule sur lui pour notre propos :

     

                - tu ne commettras pas d'adultère.

     

    Que l'adultère soit un péché ne justifiera jamais qu'on y ajoute, même sous prétexte d'obéir à une autorité ecclésiastique, un autre péché irrattrapable et monstrueux, radicalement mortel à tout point de vue, qui fait fi, lui, du précepte de vie le plus absolu.

     

    Cela veut dire un choix lucide et non pas, comme cela arrive trop souvent, un acte accompli dans l'ignorance ou la soumission à une pulsion irrépressible, acte facilité par l'absence d'éducation de la conscience par la famille et la société. Un comportement général d'où disparaît la notion du péché, faute d'éveil de la conscience, où l'on se borne à jouir sans tarder et sans retenue, n'est pas sans danger : il peut être mortel pour la société!

     

     

     

    C'est bien l'enjeu du débat.

     

    Préservatif, cela ne devrait évoquer que : préserver autrui de la mort, ou s'en préserver soi-même lorsqu'on ignore tout des partenaires.

     

    Pour beaucoup cela ne suffit pas.

     

    Le préservatif est devenu le symbole et l'emblème de la permissivité tous azimuts .

     

    C'est oublier que le préservatif, dans tous les cas de figure, est intrinsèquement lié à la vie, à l'amour et à la mort puisque son utilisation se situe à la jonction de ces trois temps de la vie. Mais de quelle vie, de quel amour, de quelle mort parle-t-on ?

     

    La vie, une durée absurde ? l'amour, une démangeaison ? la mort, le vide final ?

     

     

     

    "Tout est permis". Oui, à qui a une conscience et sait se diriger en faisant des choix.

     

    L'homme incapable de faire un choix est un mort-vivant.

     

    La mort, pour l'homme, ne se limite pas à la seule fin de notre vie corporelle. Elle est tout autant l'asphyxie progressive de ce qui est le centre de nous-mêmes : la conscience.

     

    Il est à craindre qu'une certaine culture du préservatif ne prépare ce type de mort de l'homme dans sa dimension essentielle d'être capable de désirer, d'aimer et de souffrir.

     

    Le préservatif, obstacle au renouvellement de la vie, pourrait bien aboutir à préserver aussi de l'amour, voire à finir par tuer l'amour jusque dans sa notion.

     

    Avec un préservatif, se donne-t-on à l'autre ou se préserve-t-on soi-même ?

     

    L'amour, qui implique le plaisir, peut-il ne se réduire qu'à un jeu ? n'engage-t-il pas deux êtres l'un envers l'autre ? même s'il s'agit d'une rencontre passagère ?

     

     

     

    L'autre est toujours un sujet, quel qu'il soit, même la prostituée. Aucun être humain ne peut être réduit à l'état d'objet pour son propre plaisir, à moins de se réduire soi-même à l'état d'objet soumis comme un esclave à ses seules pulsions et ses seuls instincts.

     

    C'est faire bon marché de la dimension spirituelle de l'homme chez qui l'instinct se fait désir et est pris en charge par la conscience. L'instinct-fait-désir est au point de départ de la rencontre, de l'engagement et de l'amour jamais achevé entre deux personnes.

     

     

     

    Oui au préservatif lorsqu'il s'agit d'éviter de tuer.

     

    Oui surtout à la grandeur de la condition humaine qui, souvent dans le tourment et la souffrance, parfois même dans l'errance, permet d'accéder à l'amour, sans dissocier le corps et le coeur, le sexe et l'esprit, dans l'unité de notre condition d'êtres spirituels.

    fr. André LENDGER


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