• L'année, endeuillée par des conflits d'une rare barbarie, internes à plusieurs Etats, pour cause de différences ethniques, religieuses, idéologiques, d'aspirations indépendantistes..., s'ouvre sur la promesse d'un renouveau du terrorisme avec prise d'otages, commandos kamikazes, attentats spectaculaires.

     

    Qu'il s'agisse des victimes tutsies ou hutues au Rwanda et au Burundi, qu'il s'agisse de la purification ethnique en Bosnie, ou de la prise en otage des passagers d'un avion, ce sont les innocents et les sans défense qui paient.

    Peu importe que celui qu'on tue, celle qu'on viole, ceux qu'on déplace ou dont on menace la vie, partagent ou non les opinions de ceux qui les terrorisent. Ils ne sont pas plus que du bétail, simples objets réduits au mutisme, monnaie d'échange d'un marchandage qui s'opère par-dessus leur tête, impuissants à peser sur leur sort.

    La seule faute qu'ils ont commise est d'être né dans tel village, d'appartenir à telle race... ou d'être monté dans tel avion.

     

    Otages et victimes d'un fanatisme dont nous connaissions déjà la possibilité de nuire grâce aux camps nazis et aux goulags russes.

     

    Toutes ces actions ont, aux yeux de leurs auteurs, des justifications :

                . rectifier des injustices historiques dues aux guerres et à la colonisation.

    . désigner "le" responsable des maux dont souffre une population.

                . changer les règles du jeu politique et économique.

                . faire connaître une cause quand on croit ne pas disposer d'autre arme.

                . obéir à Dieu.

    Toutes ces justifications masquent sentiments moins nobles :

                . une volonté de s'imposer, d'écraser, de réduire l'autre au néant.

                . l'incapacité à exprimer son affectivité autrement que par la violence.

                . le désir de semer le chaos chez celui qu'on méprise et qu'on hait.

                . le rejet de toute forme de culture et l'adhésion à des slogans simplistes.

                . l'affirmation machiste de soi, pouvant aller jusqu'à la mégalomanie et permettre des sacrifices grandiloquents au nom d'un Dieu transformé en idole.

    Nous sommes tous concernés par le terrorisme.

    Non que nous soyons tous menacés de devenir victimes ou otages, mais nous sommes tous, par notre péché, porteurs de ce germe de mort qu'est le terrorisme :

    . nous avons nous aussi des sentiments peu nobles et des passions destructrices.

                . nous contribuons à faire naître une société qui ne favorise ni la culture ni la foi.

                . nos familles ne facilitent pas toujours l'équilibre affectif des enfants.

                . même si nous faisons profession de pacifisme et de tolérance, cela risque bien souvent de n'être que neutralité ou dérobade, refus ou incapacité de faire des choix.

     

    Or dans un monde comme le nôtre, les jeunes ont besoin de se situer. Faute de quoi certains iront chercher dans les extrêmes - y compris le terrorisme - la réponse à leurs questions, à leur mal-vivre, à leur chômage, à leur immaturité, à leur agressivité...

     

    Il est donc nécessaire d'affirmer que le des chrétiens n'est pas un dieu avide de sang ou de vengeance. Tout au contraire il est un Dieu-victime.

    Victime Innocente à laquelle toute victime innocente s'identifie.

    Aucune cause ne saurait justifier à nos yeux de faire des victimes supplémentaires.

    Toute victime ajoute au poids de la Croix sans apporter aucun salut nouveau.

     

    Le chrétien ne saurait donc répondre au terrorisme par un autre terrorisme. La vengeance est bannie de son vocabulaire.

    Il ne peut qu'imiter Jésus : proclamer sans cesse la bonté, l'amour et la proximité de Dieu fait homme et victime, prier pour ses bourreaux.

    Mais il doit aussi, à sa suite, travailler à rompre le cercle des victimes, faire oeuvres de résurrection dans le monde et empêcher que coule à l'avenir le sang innocent : établir la justice entre les hommes, éduquer les enfants, donner du travail et une raison de vivre à chacun, fournir un abri à ceux qui sont sans toît, respecter les pauvres, accueillir ceux que tout le monde rejette, savoir pardonner.

     

    Si nous nous efforçons de vivre ainsi l'évangile, 1995 préparera un avenir meilleur.

    fr. André LENDGER


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  •  

    Le prêtre, un homme en voie de disparition ?

     

    Le prêtre, un homme dont la rareté suscite des interrogations.

     

     

     

    Quel chrétien n'est pas attentif à ce qu'on appelle la "crise des vocations" ?

     

    La question n'intéresse pas que la seule Eglise catholique.

     

    Elle concerne également les Eglises dites "séparées".

     

    Elle accompagne le développement de notre civilisation de technique et de  libéralisme partout dans le monde.

     

    Elle peut signifier, tel un signe avant-coureur, le déclin des grandes religions comme inspiratrices de l'équilibre des personnes et de la vie sociale et expliquer le raidissement intégriste de nombre de fidèles des unes et des autres.

     

     

     

    On impute volontiers la diminution de ce que nous appelons les "vocations" à des facteurs variés dont il importe de citer quelques uns :

     

     

     

                - l'évolution de la société vers un matérialisme triomphant qui ne laisse aucune place aux préoccupations spirituelles. On rejoint ici une des intuitions de Marx considérant l'inquiétude spirituelle comme une superstructure sociale due à l'état d'une civilisation en voie d'être dépassée.

     

    L'explication est insuffisante, car elle feint d'ignorer la requête religieuse qui se vérifie par l'explosion des sectes, par le développement de la magie... dans toutes les  couches de la population, même la plus instruite et la plus scientifique.

     

     

     

    - le manque de générosité des familles, parents et enfants confondus, refusant d'envisager une activité qui ne s'inscrive pas dans le monde. C'est oublier que nombre de familles désireraient avoir un enfant "consacré", et que nombre de jeunes manifestent un grand sens de la gratuité et de l'engagement  dans la vie de l'Eglise.

     

     

     

    - l'étouffement des grandes questions qui habitent le cœur de tout homme, la mort (soigneusement camouflée), le bonheur (ramené au niveau du plaisir), le sens de l'autre (réussir - socialement parlant - quoi qu'il en soit des autres).Camouflées derrière le masque idolâtrique de la technique, ces questions ne manquent pas de continuer d'interroger, quitte à réapparaître sous forme d'angoisse ou de névrose et à projeter ceux qui s'en croyaient protégés dans des cycles dépressifs.

     

     

     

    - la baisse de prestige du prêtre comme source de lumière dans la vie personnelle et dans la vie sociale, alors que naît un laïcat responsable. 

     

                C'est oublier que la "crise des vocations" est antérieure à la renaissance du laïcat et que le prêtre continue d'être perçu comme le personnage central de toute vie chrétienne, communautaire et eucharistique par essence.

     

                Quant à la baisse de prestige du prêtre, spécialement auprès de jeunes qui ne "se sentent" pas attirés par l'engagement sacerdotal ou religieux, elle est plutôt liée à l'attrait exercé auprès de chacun par les propositions du monde et des médias.

     

    Le manque de prêtres s'accompage du besoin impérieux de leur visibilité.

     

    Les laïcs assument de plus en plus des responsabilités importantes dans l'Eglise. Ils ne peuvent "remplacer" le prêtre. Vient un moment où celui-ci doit assurer une présence visible.

     

    A l'heure où le pape parcourt le monde et descend dans l'arène publique, le prêtre ne peut se confiner au fond de son église, derrière son autel.

     

    Quel attrait exercera le prêtre si demain, les enfants, les fiancés, les parents des baptisés... ne peuvent que l'apercevoir au cours de célébrations officielles ?

     

     

     

    Dieu a pris soin de venir en chair. Jésus côtoyait les gens qui pouvaient le voir et le toucher, il marchait et parlait, il savait sourire et pleurer, toucher les malades et embrasser les enfants, partager la table des pécheurs. Son humanité donnait de l'espérance à tous.

     

    S'il n'avait pas été cet homme sensible nous ne saurions pas que Dieu est venu illuminer notre vie et lui donner sens.

     

    Le prêtre est, à la suite de Jésus, le symbole sensible, proche et aimant de la présence  de Dieu à tous, porteur de tout ce que les hommes peuvent attendre de lui.

     

    La vocation, c'est entrer dans cette logique, accepter d'être signe et aimer.

    fr. André LENDGER


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  • La Saint-Louisienne - Cannes.

    Furiani 92.

    Même événement local.

    Nous l'espérons, sans les mêmes conséquences.

     

    Furiani 95.

    Procès de quelques hommes à l'origine d'un drame qui a causé la mort de 17 personnes et des blessures plus ou moins graves à des centaines d'autres.

    Procès du rapport que chacun d'entre nous entretient plus ou moins confusément avec le sport-spectacle, par médias interposés.

    Procès d'hommes qui ont refusé de voir la frontière entre la bonne aubaine que représenteraient des milliers de spectateurs supplémentaires et les contraintes techniques.

    Procès d'hommes qui ont exploité les passions incontrôlables que fait naître toute compétition sportive, comme tout lieu (religion, sexe)où l'homme s'engage complètement.

     

    Le sport, particulièrement le sport collectif, tient en effet et du et de la liturgie.

    C'est l'exaltation du corps humain dans sa force vive et brute, mais il exprime aussi l'énergie spirituelle dont il est détenteur.

    Il est un chemin d'humanisation puisqu'il permet de discipliner le corps, les pulsions les plus primitives devenant le creuset de la maîtrise de soi et l'émergence de l'intériorité.

    Il entretient un rapport étroit avec le divin car le corps humain dit quelque chose de la beauté lorsqu'il parvient à exprimer l'équilibre et l'harmonie.

    Le sport collectif exprime la volonté et l'adresse communes d'un groupe d'hommes affrontés dans un choc décisif au sein d'équipes auxquelles s'identifient les foules fascinées.

     

    Dès l'antiquité, les compétitions sportives étaient liées aux célébrations religieuses.

    Les stades, situés dans l'enceinte sacrée, étaient associés au culte.

    Il n'est donc pas étonnant qu'aujourd'hui encore les jeux du stade soient assimilés à des représentations sacrées, au point qu'on puisse appeler "cathédrale" un stade et "grand-messe" un match important, au sommet, drainant les foules.

     

    Cette relation doit être pise en compte dans le drame de Furiani.

    Le stade s'est effondré comme se sont effondrés des cathédrales ou d'audacieux édifices religieux construits aux limites de la résistance et de l'équilibre des voûtes.

    Les promoteurs du match ont cédé aux désirs des foules mais aussi à leurs démons personnels, comme un architecte peut céder à la démesure de son génie et mettre en péril la vie de ses concitoyens par désir de dépasser ses limites, de briller et de tirer profit.

    Furiani aurait dû être le lieu d'une grande manifestation populaire aux consonances de religion païenne.

    Ce fut un tombeau. Non pas celui d'une expression humaine qui mérite d'exister, mais celui de spectateurs victimes du dévoiement du sport.

     

    L'argent a fait son travail de sape.

    Le sport n'est plus le lieu des compétitions où le triomphe d'un jour était la seule récompense du vainqueur (encore celui-ci allait-il, dans l'antiquité, en remercier la divinité).

    Le sport est devenu affaire d'argent.

    On ne fait plus du sport pour le simple bonheur ou pour la seule gloire, encore moins pour rendre hommage au créateur qui nous a donné notre corps.

    On fait du sport pour s'enrichir, à toutes les étapes où s'organise la rencontre.

    L'argent s'est introduit comme un coin mortel entre la grande cérémonie rituelle du stade et les fidèles qui voudraient communier à la seule ardeur des athlètes-célébrants.

    Il a dédivinisé le sport et libéré la violence des spectateurs.

     

    L'effondrement du stade de Furiani, c'est l'effondrement d'une certaine façon de concevoir et de promouvoir le sport de masse.

    C'est aussi un certain effondrement de l'homme puisque coupables et victimes se rejoignent trop souvent dans la communion au culte le plus païen qui soit, celui de l'argent engendrant la violence, qui défigure l'homme et son corps et supprime toute intériorité.

     

    Puisse le procès de Furiani - et bien d'autres actions en cours - contribuer à redonner aux jeux du stade leur caractère de gratuité, de grande célébration collective et - pourquoi ne pas rêver ? - de reconnaissance de la part de divin qui est dans l'homme.

    fr. André LENDGER


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  • Deux hommes dont la personnalité est forte.

    L'un et l'autre cherchent à annoncer l'évangile de Jésus.

    L'un et l'autre sont des hommes rompus aux médias, l'un dans l'universalité de sa charge, l'autre dans les limites de sa mission, même si tout évêque l'est de l'Eglise entière.

     

    La décision de Rome - bien que prévisible - a choqué, car l'évêque d'Evreux s'est acquis une sérieuse popularité qui dépasse de beaucoup les limites de l'Eglise.

    Elle fait de Mgr Gaillot un martyr, le consacrant même comme le porte-drapeau de ceux qui éprouvent un malaise à l'égard de l'Eglise.

    Lui qui se voulait à l'écoute des problèmes personnels de chacun et proche des exclus se trouve exclu à son tour.

    La logique de l'exclusion pose problème en ce cas comme en beaucoup d'autres.

     

    Cependant, à lire les discours du pape et les déclarations de nombreux évêques, qui douterait que les exclus et les pauvres ne soient au cœur des préoccupations de tous ?

    La sanction visant Mgr Gaillot ne peut donc être ramenée - sous peine de simplisme - à des divergences concernant les priorités de l'Eglise : les pauvres, les marginaux, la justice et la paix sont des questions centrales pour les uns et les autres.

    Certaines réactions lues et entendues font penser qu'on ne peut être "pour" (les pauvres...) que si on est "contre" (Rome).

    A l'inverse, on ne pourrait pas regretter le geste de Rome sans manifester une allégeance à Mgr Gaillot.

    Quelle que soit la cause, il n'est pas honnête de prétendre la faire avancer uniquement parce qu'on est contre quelqu'un ou une institution.

    La liberté des uns et des autres, y compris la nôtre, risque d'être très malmenée si nous nous laissons prendre aux pièges de cette polémique !

     

    On peut remarquer, à propos de cette affaire :

                - que l'Eglise intéresse plus que ce qu'on dit,

                - que son message est attendu par tous,

                - que ce message, tel qu'il est attendu, ne peut pas ignorer l'évolution de la vie sociale, les progrès de la technique, le sida et bien d'autres paramètres.

                - que les médias prennent en charge, amplifient et orientent le type de discours attendu selon un modèle soit-disant démocratique du type : "si 70% des hommes attendent tel type de discours, Rome devrait le tenir !"

     

    C'est peut-être dans ce domaine médiatique que le divorce entre Rome et Mgr Gaillot est le plus patent : l'engagement de l'évêque d'Evreux a revêtu une forme originale, spectaculaire et percutante, largement relayée par les médias.

    Il a pris, concernant les problèmes de la morale individuelle (le préservatif, l'IVG...), des positions qui ont fait sa popularité, mais qui ne peuvent qu'indisposer une institution qui refuse de s'aligner sur les sondages pour dire son message.

    Cela peut sembler une question de méthode, l'institution tenant bon à une certaine "langue de bois", l'autre s'exprimant comme un homme libre et responsable.

    Mais on n'a jamais vu une institution humaine s'aligner sur un discours prophétique.

     

    Il faut bien reconnaître qu'à l'origine du conflit se trouvent des oppositions radicales: une Eglise qui, sur le chapitre de la morale individuelle, maintient un discours qui apparaît tranchant, sans nuance ni miséricorde et un homme qui a voulu engager cette même Eglise dans une voie apparemment plus ouverte, à l'aide de gestes et de paroles à forte portée symbolique, mais de façon finalement solitaire.

    Or aucun projet, aucune action novatrice ne peuvent aboutir si leur promoteur demeure un homme seul. Dialogue et remise en cause permettent seuls d'éviter la solitude.

    Quelle société humaine - et l'Eglise en est une - peut éviter ce genre d'affrontements où le choc des idées recoupe les conflits entre personnalités fortes et opposées, leurs entêtements et leurs justifications ?

    L'histoire de l'Eglise - et de toutes les religions - regorge de telles situations.

     

    Qu'on regrette ou non la mesure de Rome à l'encontre de Mgr Gaillot, il est bon de ne pas se laisser entraîner par des à priori faciles, mais d'essayer de comprendre !

    fr. André LENDGER


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    Mémoire du passé.

     

    mémoire des familles,

     

                mémoire des peuples,

     

                mémoire des grands événements historiques

     

                mémoire des grandes religions.

     

     

     

    Nous vivons dans un siècle atteint par la démangeaison de tout commémorer : les 10 ans, les 25 ans, les 50 ans, les 100 ans, les 500 ans, les 1 000 ans... sans compter les innombrables rituels commémoratifs annuels.

     

    A quels besoins correspondent ces commémorations ?

     

     

     

    Besoin sécuritaire.

     

    Il est rassurant de savoir d'où l'on vient, d'être en mesure d'évoquer et d'invoquer ceux qui nous ont précédés. Dans les difficultés qu'éprouvent tant de nos contemporains à se situer et à s'assumer, les ancêtres constituent un socle sur lequel s'appuyer.

     

    Le passé est le garant du présent. Même s'il ne procure pas la totalité des repères manquants, il évite de se retrouver en position de premier, d'originaire.

     

    Mais ils sont si nombreux ceux pour lesquels le socle de sécurité n'existe pas, sans parents, sans toit, sans passé, sans avenir !

     

    Imaginons la stupeur et l'angoisse d'Adam, premier et seul ! Il y avait de quoi désirer en savoir plus et tendre la main vers l'arbre de la connaissance !

     

     

     

    Besoin identitaire.

     

    Savoir qui je suis implique d'être en mesure de connaître ma différence.

     

    L'identité se vérifie par une plongée dans le passé, grâce aux lignées familiales et aux histoires nationales. Les français de fraîche date le savent bien : on ne fait pas sien d'un coup le passé multiséculaire des citoyens de vieille souche. L'assimilation consiste à assumer, génération après génération, l'histoire, la langue, la culture, la tournure d'esprit du pays adoptif... Mais l'immigré apporte sa marque désormais indélébile à l'avenir de la nation.

     

    Les grandes célébrations nationales permettent de repérer les grandes étapes identitaires de la vie d'un peuple et permettent aux jeunes générations et aux nouveaux migrants de s'approprier la gloire d'ancêtres devenus communs.

     

     

     

    Ces deux besoins, pour fondamentaux qu'ils soient, comportent un élément dangereux et fortement régressif : ils établissent des distinctions, dressent des frontières, exacerbent les comparaisons et les jugements. Mais la commémoration du passé correspond aussi à des motifs plus nobles qu'il convient de mettre en valeur.

     

    Besoin de transmettre un expérience fondamentale.

     

    C'est  ce besoin que répondent aujourd'hui les survivants d'Auschwitz.

     

    Ils se présentent comme les témoins d'une page particulièrement atroce de l'histoire humaine, celle d'un génocide savamment programmé, rationalisé, industrialisé - bien différent du tribalisme - qui ne doit plus se reproduire.

     

    Ils évoquent leur passé pour nous appeler à la vigilance, sachant les possibilités de tout homme à devenir l'exterminateur diabolique de son frère.

     

    Il est ainsi des commémorations qui sont celles de victoires dont on peut espérer qu'elle n'aura plus jamais à se reproduire : le 11 Novembre en France, le 20 Décembre à La Réunion, fin Janvier pour la libération des camps nazis...

     

     

     

    Besoin de transmettre une lumière et un sens pour toute vie.

     

    Telle est la mémoire religieuse, en particulier la mémoire chrétienne.

     

    Les premiers chrétiens ont fixé par écrit l'expérience pascale lorsque les témoins oculaires commençaient à disparaître - comme le font de nos jours les anciens déportés des camps nazis - afin que l'événement, message adressé à l'humanité entière, ne soit pas livré à n'importe quelle interprétation fantaisiste ou tout simplement enfoui dans l'oubli.

     

    Les commémorations chrétiennes ne sont pas destinées au seul souvenir. Elles ne sont pas destinées à nous tourner nostalgiquement vers un passé sclérosant ni à nous glorifier de nos différences avec les autres religions.

     

    Elles sont tournées vers l'avenir de l'homme, de tout homme, car l'événement pascal n'est pas seulement un événement du passé, historiquement repérable. Il est une déchirure du temps et de l'espace qui le rend universel pour tous les temps infinis.

     

     

     

    Une mémoire digne de ce nom répond aux deux derniers besoins.

     

    A nous de faire nôtre leur exigence !

    fr. André LENDGER


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