• Le monde vit à l'heure de ce type de confrontation, que ce soit en terre palestinienne ou en Afghanistan, pour ne parler que des conflits qui font la "une" de l'immédiate actualité.

    Il en a toujours été ainsi et il en sera toujours ainsi, aussi longtemps que nous n'aurons pas compris que l'usage de la force est contraire à l'avenir de l'humanité.

     

    L'usage de la force établit la supériorité du plus grand destructeur qui peut imposer sa volonté.

    Victoire ou leurre ?

    Car rien n'est définitivement acquis et les plus grands empires sont destinés à s'écrouler un jour. S'ils ne s'effondrent pas sous les coups d'un plus fort, ils seront rongés par un lent pourrissement intérieur.

    La force n'est qu'une apparence.

    Elle ne peut pas être fondatrice du droit, même si la loi du plus fort s'impose.

    L'usage de la force, quelle qu'elle soit, est l'aveu d'une faiblesse, d'un manque de foi dans la possibilité pour l'homme d'être vainqueur du mal par sa seule énergie spirituelle.

     

    La force, pour quoi faire, sinon pour dominer et s'approprier ?

    N'est-ce pas un détournement de la puissance inscrite en l'homme que de l'utiliser pour dominer sur d'autres hommes et de s'approprier des terres qui appartiennent à tous ?

    Nous finissons par trouver naturelles ces guerres et ces souverainetés qui passent de l'un à l'autre à travers ruines et massacres, puisque nous ne connaissons que cela.

    Prenant parti dans les conflits, il nous arrive d'espérer la victoire de l'un sur l'autre, sans nous rendre compte que nos calculs scellent la défaite de l'homme en nous, puisqu'ils nous rendent complices du recours à la force pour régler les problèmes humains.

    La grandeur de l'homme se résumerait-elle à sa capacité à faire régner la mort ?

    Il en sera ainsi aussi longtemps que nous n'aurons pas compris que l'instinct de domination qui est en nous doit commencer par s'exercer sur nous-mêmes  :

                    - accueillir la paix de l'autre et non pas lui imposer ma paix.

                    - être serviteur de mon frère et serviteur de la création et non pas m'en servir.

                    - aller au-delà de ma tranquillité personnelle ou de mon bien-être spirituel pour être serviteur de la paix à la face du monde, c'est-à-dire dans l'affrontement au mal.

     

    Le rapport de force qui prévaut entre les nations, entre les membres d'une même famille, entre l'homme et la nature, n'a d'autre avenir que la mort de l'homme... à moins que nous ne convertissions notre appétit de puissance en désir de pauvreté désarmée.

    Des hommes s'y sont essayés.

    Ils s'appellent Socrate, François d'Assise, Gandhi, Martin-Luther King.

    Leurs disciples ne cessent de se lever, génération après génération, anonymes, parfois jetés au fond des geôles, bâillonnés, submergés par les fanatismes de toutes tendances.

    La plupart d'entre eux ont connu la souffrance et la mort brutale.

    Tous ont engagé le combat en commençant par eux-mêmes.

    Leurs noms sont le symbole de ce qu'il y a de plus grand en l'homme.

    Ils sont notre honneur.

     

    Alexandre-le-Grand, César, Napoléon sont morts et leurs noms, même s'ils résonnent encore de leurs grandes victoires, sont ceux d'un passé révolu, comme le seront demain les noms des dictateurs, conquérants, terroristes et politiciens durs et froids d'aujourd'hui.

    Les saints de toutes religions ne mourront pas parce qu'ils n'ont rien voulu imposer ni conquérir, hors l'honneur de l'homme rendu à sa dimension de créature de Dieu, serviteurs d'une paix qu'il dépend à chacun de nous de recevoir de l'autre et de faire advenir.

    Les vainqueurs ne seraient-ils pas ceux qui ont accepté, pour convertir tout instinct de puissance en force d'amour, de justice et de paix, d'être les perdants en ce monde ?

    C'est ce que nous dit Jésus dont le sang injustement versé atteste la victoire de Dieu sur la puissance meurtrière de l'homme.

    Ce sang continue de couler dans les plaies faites à ses disciples et à tous les hommes de justice et de paix, quelle que soit leur spiritualité.

    L'avenir de l'homme passe par le refus de toute puissance en ce monde et par l'accueil de la paix telle qu'elle nous est proposée par Celui qui, dans sa personne, est toute vie.

    fr. André LENDGER


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  • L'affaire Dutroux a attiré l'attention sur les problèmes de pédophilie.

    La question n'était pas nouvelle mais restait limitée à ce qu'on appelle des "cas".

    Cette fois il ne s'agit plus de "cas", mais de réseaux structurés.

    Qui dit "réseaux", dit "argent".

    Ce n'est pas seulement de pédophilie qu'il faut parler mais d'exploitation, exploitation de la misère sexuelle des uns et de la faiblesse des autres pour s'enrichir.

    Le choc causé par cette affaire tient à la gravité des faits (enlèvements, séquestration, morts), à leurs ramifications obscures et aux complicités dont a pu bénéficier son exécutant.

    Mais le choc n'aurait pas été aussi brutal s'il s'était produit ailleurs.

    Tout le monde était au courant du tourisme pédophile, mais c'était loin !

    On n'approuvait pas, mais on ne se sentait pas concerné.

    Cette affaire doit nous éveiller à d'autres sévices, tout aussi graves, qui atteignent de nombreux enfants dans le monde, sans être toujours liés au sexe.

    Dans nos pays ce ne sont que de rares cas. Ailleurs ils se produisent à grande échelle.

    Ils font partie des structures économiques et avoisinent l'esclavage pur et simple.

    De très jeunes filles (encore des enfants) sont employées comme bonnes, mal nourries, écrasées de travail, à peine rétribuées, frappées, violées... dans de riches familles.

    De très jeunes enfants sont mis au travail pour presque rien dans des conditions difficilement imaginables (parfois attachés). Ils ne tardent pas à tomber malades et à mourir.

    Comme dans les affaires sexuelles, il s'agit bien ici encore d'exploitation d'êtres sans défense pour gagner le maximum d'argent tout en satisfaisant les caprices des riches.

    Faudra-t-il attendre que des enfants de nos pays subissent le même sort pour nous soulever contre des pratiques dont nous sommes les bénéficiaires économiques directs ?

     

    Les enfants de nos pays sont-ils à l'abri des tempêtes ?

    Leur éducation n'est pas facilitée par l'environnement social.

    La fragilité affective des parents est souvent déséquilibrante pour les enfants. La violence, les divorces, l'alcoolisme... sont la source de nombreux troubles du comportement.

    Nous essayons de nous donner bonne conscience en incriminant la télévision, le cinéma, la musique contemporaine... Mais la télévision et le cinéma font-ils autre chose que nous renvoyer notre propre image, et la musique n'est-elle pas l'écho d'une société désaccordée et brutale, parfois désespérée et infernale ?

    Nous pouvons rêver d'une famille idéale et sans faille, permettant aux enfants de s'épanouir en toute harmonie. Mais une telle famille n'existe pas.

     

    Serait-il souhaitable que les enfants soient à l'abri de tout ce qui peut leur faire mal ?

    Protéger les enfants, est-ce leur éviter la confrontation avec les difficultés inhérentes à toute vie sociale et communautaire et avec la violence qui en découle ?

    Le mal fait partie de la vie humaine.

    L'enfant le sait d'instinct, lui qui connaît déjà la jalousie, l'entêtement, la paresse...

    Protéger l'enfant, c'est bien sûr lui éviter des traumatismes dont il ne se relèverait pas, et qui le rendraient psychologiquement et affectivement estropié pour toujours.

    Mais n'est-ce pas aussi l'écouter, entendre sa souffrance et son trouble pour l'aider à les dédramatiser et à les situer en lui, pour lui apprendre à faire face au mal, à le surmonter, à en accepter les blessures sans en être détruit et sans être tenté de détruire à son tour ?

    N'est-ce pas cela le préparer à sa vie d'adulte ? une vie qui ne doit être menée ni dans l'esprit de crainte ou de dérobade, ni dans l'esprit de vengeance et de haine, mais avec le courage et la force nécessaires pour affronter la vérité du monde et la sienne.

    Il n'est pas possible de grandir en humanité sans rencontrer l'adversité.

    Reste à apprendre à vivre avec elle, à la surmonter et à se construire à partir d'elle.

     

    Jésus seul a vécu avec le mal sans en être marqué dans son être. Il en est mort.

    Il nous montre le chemin, celui de l'enfance de l'homme qui ne pourra éviter la mort.

    fr. André LENDGER


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  • Hier nous étions tenus à l'écart de tout errement par une rigoureuse censure sociale.

    Aujourd'hui nous sommes sollicités par toutes sortes d'images et de propos incitatifs.

    Hier ce n'était pas la liberté.

    Aujourd'hui est-ce la liberté ?

    L'absence de liberté coïncide-t-elle avec l'interdit ?

    La liberté recouvre-t-elle tout le champ du permis ?

    Conventions que cela, mais la liberté  n'est pas dépendante de telles conventions.

     

    Dans la liberté réside la possibilité d'un choix

    L'excès d'interdit supprime cette liberté.

    L'absence totale d'interdit la supprime tout autant.

    Les deux sont des extrêmes totalitaires, mais la liberté ne s'en satisfait pas.

    La liberté n'est à l'aise que dans la condition charnelle, avec ses limites, mais aussi ses désirs, ses appels et son ouverture à un destin spirituel, rendant possibles adhésion ou refus.

    Liberté. C'est un mot qui se dit souvent au pluriel, un mot qui distribue ses bienfaits dans les différentes manifestations de la vie : liberté d'aller et venir, liberté de lire, de parler et d'apprendre, liberté de penser. La liberté se vit dans des libertés, tout en étant autre.

    Des modes de vie en découlent. Ils vont de l'enfermement à une caricature d'épanouissement selon que l'on passe d'un extrême à l'autre, sans place pour la liberté.

     

    L'enfermement est la condition de ceux qui ne peuvent pas faire un geste sans se heurter aux parois de leur cage, qu'elle soit psychique ou sociale, faite de barreaux symboliques ou de solides et froides barres de fer. Déjà on peut le dire, une partie de l'humanité se trouve exclue de toute possibilité de liberté, celle qui est sans voix, celle qui vit dans des conditions qui ne sont pas celles de l'humain, où les hommes sont soumis à la faim du ventre et au vide de l'esprit. Cette humanité-là vit dans la contrainte, repliée sur elle-même, en position foetale, autiste sourde à la voix des autres et aux appels d'en-haut.

    Mais l'épanouissement, imaginé comme une absence totale de contrainte, permet-il l'exercice d'une vraie liberté ? La voie de l'épanouissement est semée d'embûches. Elle risque de devenir éparpillement et papillonnement. L'être se disloque en voulant goûter à tout sans jamais faire la rencontre décisive qui lui permettrait de trouver le repos. Il est comme un oiseau attiré vers le grand large, fasciné par le scintillement du soleil sur la mer, et qui, épuisé, ne distingue plus aucune branche sur laquelle se poser. Il a perdu ses repères.

     

    La liberté n'est donc ni dans la contrainte rigide ni dans le dérèglement absolu.

    Elle se vérifie par nos actes extérieurs, mais elle ne s'y résume pas.

    Elle ne peut s'exercer pleinement que dans certaines conditions de culture, ce qui n'empêche pas nombre d'"enfermés-emmurés-autistes" de trouver le chemin de liberté.

    La liberté est partout où le choix est possible, même quand il paraît impossible. Elle est d'abord un acte intérieur, lumière jaillissante au plus profond de nous-mêmes.

    Les sept moines de Tibhirine en témoignent. Ils n'ont sans doute jamais été aussi libres que lorsqu'ils ont été prisonniers des islamistes. Ils ont eu en effet, jusque sous la torture, la possibilité de faire, de ce qui leur était imposé, un choix libre.

     C'est libres qu'ils sont entrés dans la mort, fidèles à Celui à qui les avait précédés sur la route de l'obéissance, déchirure des peurs, vrai chemin de liberté. C'est librement qu'ils ont choisi leur destin, celui de martyrs. Comme leur Maître, ils ont donné leur vie pour ceux qui la leur arrachaient. Ces moines l'ont emporté sur leurs bourreaux. Vainqueurs parce que libres !

    Ce chemin de liberté est pour tous, mais il se prépare

    Il consiste dans la recherche inlassable de la vie et de Celui qui nous la donne.

    Les "enfermés" sont sur ce chemin, eux qui cherchent à briser leur carcan. L'oiseau égaré peut lui aussi rejoindre ce chemin, s'il consent à quitter la contemplation vaine et vide du miroitement de l'eau pour lever les yeux vers Celui qui est la source de la lumière.

    Lui, dans un acte de suprême liberté, est livré à la mort. Il a "remis" son esprit au Père et, par sa résurrection, il nous a rendus libres par l'obéissance à Sa parole d'amour.

    fr. André LENDGER


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  • La vie quotidienne.

    La routine, l'habitude, l'enlisement, parfois l'ennui ou les querelles.

     

    Notre vie se déroule selon des lignes dont rien ne semble devoir nous faire dévier.

    Parfois, heureux ou malheureux, un événement vient faire diversion. Il ouvre une brèche et laisse entrevoir une autre vie possible. Bien vite la brèche se referme et nous laisse revenir au rythme de chaque jour. La vie reprend son cours, tranquille ou agité.

    La lointaine rumeur du monde compose un bruit de fond dans la lenteur des jours.

    Dieu, la Vierge Marie ou un saint sont notre recours lorsque nous nous enfonçons dans la grisaille, ou lorsque les difficultés et les drames lentement se nouent autour de nous.

    Nous avons souvent l'impression de ne pas avancer et de piétiner.

    Notre vie nous paraît parfois ronronnante et dépourvue de signification.

    C'est là pourtant, dans l'obscurité et parfois la monotonie, que se joue notre réussite.

     

    Quelle que médiocre et sans grandeur nous apparaisse notre existence, en elle se dessine lentement notre visage humain et spirituel, et se façonne notre destin, ce point d'aboutissement vers lequel nous nous acheminons en grandissant à travers les épreuves.

    Les choix ne manquent pas dans la succession des jours. Chacun engage le long terme. Rien n'est indifférent ni secondaire.

    L'essentiel n'est pas en lui-même, qui peut être le même pour tous, mais la façon dont nous le faisons, l'esprit avec lequel nous l'accomplissons.

    Nous pouvons faire d'un acte banal l'occasion de manifester une grandeur intérieure.

    La Vierge Marie nous en donne l'exemple, elle qui n'a rien fait de plus qu'une femme ordinaire, mais qui, dans les petits riens de tous les jours, n'a cessé, jeune fille, de se préparer à recevoir en sa chair le Verbe de Dieu, puis mère, à accompagner son Fils jusqu'à la Croix. Sa gloire n'a pas dépendu d'un acte exceptionnel, mais d'une fidélité constante à sa condition de femme, d'épouse et de mère, dans la foi. Ses gestes les plus anodins étaient orientés par son amour pour ceux qui l'entouraient, eux dont la vie dépendait d'elle.

    Que Marie soit aujourd'hui, pour tous, une icône, c'est-à-dire une image de la perfection, au plus haut degré la banalité apparente de la vie quotidienne.

    Tout peut prendre sens. A nous de donner sens.

     

    Ainsi en va-t-il de notre sainteté. Elle n'est pas dissociable de cette vie menée jour après jour d'une façon tout ordinaire et sans relief particulier.

    La Toussaint, fête de tous les saints, qu'ils soient répertoriés sur une liste officielle, ou qu'ils soient anonymes, nous le rappelle : la sainteté est l'affaire de tous.

    Même les saints de nos calendriers n'ont pas tous fait des actions éclatantes. Beaucoup doivent leur sainteté à leur fidélité à accomplir leur tâche quotidienne

    .

    Tous ont été des femmes et des hommes de chair vivant jour après jour la vie qui s'offrait à eux. Ils l'ont simplement fait en se donnant un peu plus chaque jour.

    Nous ne sommes pas essentiellement différents d'eux.

    Mais avons-nous la générosité, l'oubli de soi et l'amour de l'autre qu'ils ont cultivés ?

    Nous vivons souvent dans l'ambiguïté, hésitant entre notre propre satisfaction et la priorité donnée à l'autre, ayant parfois le sentiment de n'être généreux que pour tirer quelque bénéfice personnel de notre générosité. Nous sommes alors déçus de nous-mêmes.

    Existe-t-il une autre voie humaine que celle de l'ambiguïté ?

    Reconnaître l'ambiguïté comme indissociable de notre condition humaine, c'est nous efforcer à faire de chacun de nos actes une offrande de soi, une mort à soi-même.

    Les saints aussi ont connu l'ambiguïté de leurs actes et le déchirement lorsqu'ils attendaient un bonheur, voire une récompense, et que surgissait le drame.

    Ils nous montrent que le chemin de la sainteté est chemin d'obéissance à l'événement et à l'autr. Satisfaction et mort à soi-même vont de pair.

     

    Mais nul n'est saint par lui-même. Sa sainteté, il ne la doit qu'au seul innocent crucifié.

    fr. André LENDGER

     


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  • Zaïre - Rwanda.

    Tragédies humanitaires et entraide internationale.

    Urgence et lenteur.

     

    Des centaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants, se trouvent une nouvelle fois pris au piège de la guerre, condamnés aux pires conditions d'existence, sans hygiène et sous la menace d'épidémies mortelles.

    La survie de plus d'un million de personnes serait, nous dit-on, une question de jours.

    Les chefs d'Etat se téléphonent et se rencontrent, les chancelleries échangent leurs informations et leurs points de vue.

    L'aide d'urgence tarde. Suffit-il encore de parler d'aide d'urgence et de couloirs humanitaires ?

    La communauté internationale a assisté, passive, à la montée de cette violence sans vouloir ou pouvoir aider à la solution des problèmes politiques à la source du conflit.

    Est-il acceptable de laisser pourrir une situation où se font face la force et la violence ?

    N'est-ce pas se rendre complice, sinon responsable, d'un nouveau génocide qui n'en aura pas le nom parce que nous aurons simplement laissé les victimes mourir d'épidémie ?

    Assassinat indirect qui permet de garder les mains propres... en apparence.

    L'impuissance des grandes nations à s'engager ensemble, au nom de l'humanité, dans cette tragédie laisse la porte ouverte à de nouvelles violences.

    La tâche,il est vrai, n'est pas facile puisqu'il s'agit de faire pression et de montrer sa force sans l'utiliser, et d'éviter de s'ingérer dans les affaires intérieures des pays concernés, au risque d'exacerber leur susceptibilité.

    Mais si rien n'est fait, l'instabilité risque de se généraliser et de se perpétuer.

    Aujourd'hui la victoire pour les uns et la peur pour les autres.

    Qui empêchera que demain la peur se mue en haine et en désir de vengeance ? Il y aura toujours quelqu'un pour fournir les armes et financer une revanche sanglante.

     

    Les hommes ne peuvent-ils se passer de violence pour régler leurs problèmes ?

    Il en est ainsi depuis toujours. Il en sera ainsi tant que les hommes n'auront pas compris que la force ne résout que temporairement les problèmes. Seul le dialogue !

    Mais la violence à laquelle nous assistons impuissants n'est pas le fruit du hasard.

    Les pays de l'Est africain, très peuplés, sont en déséquilibre ethnique, économique et politique, soumis à des régimes aux libertés restreintes où une ethnie domine l'autre.

    Ces pays ont vécu la colonisation et figurent parmi les pays sous-développés.

    Pauvreté, exclusions raciales réciproques favorisent la violence.

    Toutes les forces d'interposition militaire et l'aide humanitaire ne seront qu'un baume superficiel aussi longtemps que le développement et les structures politiques assurant un équilibre entre les différentes ethnies n'auront pas été restaurés. Travail de longue haleine !

    Majorité hutue et minorité tutsie sont condamnées à vivre ensemble.

    Les aider à sortir de la crise, c'est redonner confiance  aux uns et aux autres, exorciser les peurs réciproques et permettre la convivialité.

     

    Toutes les forces spirituelles ont leur rôle à jouer dans de telles épreuves où la violence est non seulement cause, mais signe d'une grande souffrance.

    Les guerres crucifient le Christ et leurs victimes sont crucifiées avec lui.

    La paix doit être recherchée avec d'autant plus d'insistance que nous savons tous que la foi n'éteint pas les passions quand tout divise et oppose.

    La paix est un combat de tous les jours, un combat qui ne peut être mené seul.

    Les croyants que nous sommes se doivent de cheminer avec ces chrétiens hantés par la peur et la violence, partager ce qui peut l'être, dans une communion spirituelle efficace.

    L'humanitaire est nécessaire mais ne suffit pas, la prière est nécessaire mais ne suffit pas.

    Que faire ?

    Peut-être, humblement, combattre nos propres peurs et nos inclinations à la violence, sachant que les artisans de paix doivent commencer par donner vie à la paix en eux.

    La violence est contagieuse, devenons contagieux de paix.

    fr. André LENDGER


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