• 18/02/1996 - Le préservatif autorisé par l'Eglise ?

     

    Le préservatif autorisé par l'Eglise ?

     

    Le communiqué des évêques de France a fait l'effet d'une bombe.

     

    Vraie déclaration, interprétation hâtive.

     

     

     

    Le discours de Rome sur la question, souvent abrupt et sans nuances, n'a-t-il pas été caricaturé au point de faire paraître révolutionnaire la déclaration des évêques ?

     

    N'est-il pas tentant de se représenter les évêques de France monter à l'assaut de la citadelle romaine ? de les imaginer se désolidariser de Rome et de faire la leçon au Pape ?

     

    N'est-il pas tentant de les voir, peu de temps après l'affaire, tenir le même discours que Mgr Gaillot... à moins que ce ne soit ce dernier qui n'ait, avec la complicité des médias, émis en solitaire des réflexions qui étaient déjà celles de nombreux évêques ?

     

    On peut regretter le retard pris par les évêques pour une annonce officielle.

     

    Mais n'est-il pas infantile d'avoir toujours besoin de déclarations officielles pour gérer nos problèmes humains ?

     

     

     

    Le principe fondamental est clair :

     

                - tu ne tueras pas.

     

    Quel laïc, quel prêtre, quel évêque se sentirait le droit d'aller contre ce précepte ?

     

    Un second principe s'articule sur lui pour notre propos :

     

                - tu ne commettras pas d'adultère.

     

    Que l'adultère soit un péché ne justifiera jamais qu'on y ajoute, même sous prétexte d'obéir à une autorité ecclésiastique, un autre péché irrattrapable et monstrueux, radicalement mortel à tout point de vue, qui fait fi, lui, du précepte de vie le plus absolu.

     

    Cela veut dire un choix lucide et non pas, comme cela arrive trop souvent, un acte accompli dans l'ignorance ou la soumission à une pulsion irrépressible, acte facilité par l'absence d'éducation de la conscience par la famille et la société. Un comportement général d'où disparaît la notion du péché, faute d'éveil de la conscience, où l'on se borne à jouir sans tarder et sans retenue, n'est pas sans danger : il peut être mortel pour la société!

     

     

     

    C'est bien l'enjeu du débat.

     

    Préservatif, cela ne devrait évoquer que : préserver autrui de la mort, ou s'en préserver soi-même lorsqu'on ignore tout des partenaires.

     

    Pour beaucoup cela ne suffit pas.

     

    Le préservatif est devenu le symbole et l'emblème de la permissivité tous azimuts .

     

    C'est oublier que le préservatif, dans tous les cas de figure, est intrinsèquement lié à la vie, à l'amour et à la mort puisque son utilisation se situe à la jonction de ces trois temps de la vie. Mais de quelle vie, de quel amour, de quelle mort parle-t-on ?

     

    La vie, une durée absurde ? l'amour, une démangeaison ? la mort, le vide final ?

     

     

     

    "Tout est permis". Oui, à qui a une conscience et sait se diriger en faisant des choix.

     

    L'homme incapable de faire un choix est un mort-vivant.

     

    La mort, pour l'homme, ne se limite pas à la seule fin de notre vie corporelle. Elle est tout autant l'asphyxie progressive de ce qui est le centre de nous-mêmes : la conscience.

     

    Il est à craindre qu'une certaine culture du préservatif ne prépare ce type de mort de l'homme dans sa dimension essentielle d'être capable de désirer, d'aimer et de souffrir.

     

    Le préservatif, obstacle au renouvellement de la vie, pourrait bien aboutir à préserver aussi de l'amour, voire à finir par tuer l'amour jusque dans sa notion.

     

    Avec un préservatif, se donne-t-on à l'autre ou se préserve-t-on soi-même ?

     

    L'amour, qui implique le plaisir, peut-il ne se réduire qu'à un jeu ? n'engage-t-il pas deux êtres l'un envers l'autre ? même s'il s'agit d'une rencontre passagère ?

     

     

     

    L'autre est toujours un sujet, quel qu'il soit, même la prostituée. Aucun être humain ne peut être réduit à l'état d'objet pour son propre plaisir, à moins de se réduire soi-même à l'état d'objet soumis comme un esclave à ses seules pulsions et ses seuls instincts.

     

    C'est faire bon marché de la dimension spirituelle de l'homme chez qui l'instinct se fait désir et est pris en charge par la conscience. L'instinct-fait-désir est au point de départ de la rencontre, de l'engagement et de l'amour jamais achevé entre deux personnes.

     

     

     

    Oui au préservatif lorsqu'il s'agit d'éviter de tuer.

     

    Oui surtout à la grandeur de la condition humaine qui, souvent dans le tourment et la souffrance, parfois même dans l'errance, permet d'accéder à l'amour, sans dissocier le corps et le coeur, le sexe et l'esprit, dans l'unité de notre condition d'êtres spirituels.

    fr. André LENDGER

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