• de fr. Benoît-Philippe PEKLE

    Qui oserait ces jours être intellectuel, parler théologie,

                discuter de concepts.

    Il n'y a pas de concepts joyeux

                et les rencontres conceptuelles n'ont jamais nourri les souvenirs de personne.

     

    Nous célébrons ces jours un évènement corporel, unique, horizontal, nous ne célébrons pas la deuxième personne de la trinité

                            mais le Messie évadé du ciel par des portes humaines

    Le Messie , ces jours, inscrit Dieu dans une histoire humaine et Dieu désormais ne sera plus pareil mais toujours différent

    Il nichera tel un oiseau libéré des filets du chasseur

                            - à l'image des âmes -

                aussi bien dans les brindilles givrées des cœurs brisés d'hiver

                que dans l'oiseau qui les déchire

    et il sera rouge-gorge, rouge cœur, rouge-sang, rouge-vie

                ou bien grive éperdue en saison de vendanges

                ou mouette très haut, se  perdant dans l'espace.

     

    Depuis Noël on a le pressentiment que le monde est devenu éternel

                et Dieu contingent.

                            Et c'est tant mieux.

    Tant qu'à parler de lui, parlons-en dans le monde avec des mots et des images

                et cela vaudra bien un manuel de théologie

     

    Parce que Dieu, à partir d'aujourd'hui,

                c'est la reprise en main, si j'ose dire, de la pensée et de l'univers

    Le rite reprend la place qu'il n'aurait jamais dû perdre

                celle d'un moyen sécurisant de plaisir

    et l'on va pouvoir enfin dire que ce qu'on aime est bon

                puisque Dieu, ces jours, s'incarne.

    On va pouvoir dire aux créateurs de sacré, aux théologiens et aux moralistes

                que leurs catégories explosent

                            puisque l'humanité est assumée

                à un point tel que chacun compte d'autant plus

                qu'il échappe aux catégories susdites.

     

    Laissons les rejoindre leurs rêves morts

                Notre Dieu - LUI - est vivant.

     

    fr. Benoît-Philippe PEKLE


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  • En Afrique Noire, en Algérie, en France.

     

    La démocratie passe pour être le meilleur régime au monde.

    Elle évoque le respect entre les hommes, leur égalité, une confiance mutuelle, l'équilibre et l'harmonie, des mécanismes de contrôle pour résoudre  les conflits,...

    Elle permet de dépasser des oppositions naturelles d'origine ethnique, raciale, culturelle, religieuse, linguistique,...

    Un système politique de cette qualité mérite d'être étendu à l'échelle mondiale. Et c'est bien ce qui est en train de se passer sur tous les continents, avec des succès divers.  Mais si on n'apprend pas la démocratie en un jour, nous pouvons convenir que même ses réalisations les plus caricaturales sont préférables à n'importe quelle tyrannie.

     

    La démocratie est un régime fragile.

    Elle implique la vertu des citoyens, leur sens de l'autre, leur amour égal de la justice, leur capacité à ne pas se laisser aveugler par les passions au point de n'être plus capables de réfléchir et d'analyser une situation.

    Elle demande que ne soit pas recherchée de façon exclusive - ni même prioritaire - sa réussite personnelle et que notre naturel appétit du pouvoir ne se réalise pas au détriment des autres. Elle propose au contraire que chacun accepte d'inscrire sa vie dans un destin commun où la réussite de chacun soit un acquis pour tous, et réciproquement.

     

    Nos démocraties sont malades.

    Nous en rendons responsables nos gouvernants, et nous n'avons pas de mot assez dur pour leur reprocher leur incapacité à faire advenir le monde de rêve que nous leur demandons d'instaurer et pour stigmatiser leur rapport à l'argent, leurs abus de pouvoir,...

    Nous oublions que, même en démocratie, les hommes sont faibles, et que tous - nous y compris - sont attirés par la possession, l'arrivisme, l'affairisme.

    Il nous faut construire la démocratie avec les hommes comme ils sont, faire un régime vertueux avec des hommes de petite vertu !

    Il sera toujours nécessaire de reprendre l'ouvrage à la base.

     

    A trop faire des gouvernants les boucs-émissaires de tous les maux de nos démocraties, nous jouons les Ponce-Pilate.

    Nous aurons beau nous laver les mains, notre responsabilité dans la crise que traversent nos démocraties est entière.

    Le pouvoir démocratique est entre nos mains.

    Nous ne pouvons pas échapper à notre responsabilité.

     

    Au nom de la démocratie et du respect que nous nous devons à nous-mêmes et les uns aux autres, nous ne pouvons pas abandonner nos gouvernants à eux-mêmes, laissant en déshérence notre qualité de citoyens.

    Au nom de la démocratie, des droits et de la dignité de toute personne humaine, nous devons exprimer notre opinion, faire des choix, prévoir et gérer un avenir menaçant, au risque demain d'être dépouillés de tout droit.

    Au nom de la démocratie, de l'égalité de tous les hommes, de l'unité de la famille humaine dans son destin, de la dignité unique de chaque personne, nous devons même une démocratie à l'échelle de la planète, faute de quoi le monde entier risque de s'écrouler sous les coups des peuples affamés, submergé sous le nombre, noyé dans une égale pauvreté.

     

    Se réfugier dans la peur de l'autre, c'est porter condamnation de l'autre et proclamer notre propre condamnation.

    Renoncer à notre responsabilité politique, c'est rendre le pire inévitable.

    La vertu chrétienne n'aurait-elle rien à voir dans un tel enjeu ?

     

    fr. André LENDGER


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  • De pays en pays

    d'élections en élections le monde semble se fragmenter.

     

    Les ethnies sortent de leur torpeur obligée.

    Elles veulent exister, s'exprimer, former des Etats indépendants.

    Les Tatars après tant d'autres, et demain,...?

     

    Nos pays à la tradition centralisatrice n'échappent pas au phénomène.

    Ils n'éclatent pas en volontés d'indépendance régionaliste, mais se fragmentent à l'intérieur d'eux-mêmes, s'éparpillent en une multitude de groupuscules sociaux qui secouent le joug uniformiste de décideurs lointains et abstraits.

     

    Bienfaits de la démocratie qui permet à chacun de s'exprimer et de s'organiser pour défendre ses intérêts !

    Ceux-ci peuvent apparaître limités. Ils n'en représentent pas moins, pour quelques uns, une raison de vivre suffisamment importante pour être prioritaires et, comme tels, portés sur la place publique.

     

    On crie à l'oubli de l'intérêt général,

                au morcellement des intérêts catégoriels,

                à l'impossibilité de gérer une société aussi complexe que la nôtre en prenant pour base les desiderata de chacun.

    IOn voudrait que chacun relativise ses revendications et les intègre à un vaste projet.

     

    La question est-elle uniquement sociale et politique ?

    Ne sommes-nous pas en présence d'une question éthique sur l'homme ?

    Des hommes, aujourd'hui, n'en peuvent plus des contraintes impliquées par une société à l'échelle du monde, avec ses insupportables équilibres économiques, écologiques et culturels. Ils ne voient pas d'autre possibilité de faire entendre la voix de leur désir, qu'un entêtement protestataire, une jacquerie électorale, le combat d'un collectif d'individualistes.

    Nous sommes aux antipodes des premiers pas de l'action syndicale, lorsque des hommes, parqués dans leur misère par les puissants du jour, luttaient pour se libérer, conquérir leur dignité,  accéder à l'universalisme.

    La protestation contemporaine replie l'homme sur lui-même, l'introvertit, le morcèle, donne à sa moindre pulsion le statut de besoin impérieux, fait de son désir le plus particulier l'enjeu capital et unique de sa vie, auquel la société entière doit se plier.

    L'universalisme à l'envers !

     

    Dérisoire ? Pathétique ?

    Echec d'une société incapable d'insuffler une dynamique dans laquelle chaque personne se sente entraînée ? Echec d'une société qui transforme la personne humaine en consommatrice de biens limités, réputés désirables dès lors qu'ils se vendent ? Echec d'une société qui fait surgir des rêves multiples et contradictoires à l'état brut, et confère à chacun d'eux l'éclat d'un désir fondamental et l'apparence de l' élan vital ?

     

    Réhumaniser notre société, telle est la tâche :

                . concilier l'expression de nos désirs et fantasmes les plus personnels avec la promotion du bien le plus universel.

                . préserver en chacun de nous ce qui lui est propre, personnel et unique, découvrir que le particulier constitue une limite et appelle une ouverture à l'universel .

                . faire droit à ce qui dépasse chacun de nous et l'unit à l'ensemble de l'humanité sans rien perdre de son identité.

     

    Est-ce possible sans l'évidence d'une solidarité qui peut avoir pour nom la charité.

     

    fr. André LENDGER


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  • Avant Furiani il y avait eu Le Mans.

                Avant Le Mans, il y avait eu tant de courses et de matches endeuillés !

    Mort, mais aussi handicaps irrémédiables pour ces jeunes athlètes bourrés de produits, drogués de rêves de victoires, entraînés au-delà de toute mesure, au détriment de leur équilibre et de leur santé.

     

    Le sport n'est pas sans liens avec la mort.

    Il exalte l'homme dans ses profondeurs physiques.

    Il fait montre de la beauté et de la puissance du corps, de la domination de l'esprit sur le corps

                dans un jeu et un défi qui vont bien au-delà de la maîtrise technique.

    Dans le sport le corps se fait signe,

                signe d'une vie donnée dans l'élan de la force et de la grâce,

    dans la vigueur d'un combat,  lutte avec soi-même et avec les autres,

                            dans le désir de parvenir au point culminant et indépassable,

                                        enfin d'être le meilleur !

    Rêve fugitif à la pointe d'un effort où la personne, tout entière investie, est prête à franchir la limite d'où elle ne reviendrait pas.

    Rêve fusionnel, par-delà la victoire, la défaite ou la mort, avec quelque divinité païenne dont le nom a disparu de nos tablettes (Athéna, Apollon,,...).

                Fusion presque charnelle dans une même équipe, au cœur de la mêlée, des membres qui font corps.

                Fusion quasi-sensible des spectateurs avec leurs dieux du stade.

     

    Comment contenir les mouvements des foules qui viennent pour voir, communier, se projeter dans les affrontements des joueurs, vibrer d'un seul cœur au cri de la victoire ou aux déchirements de la défaite amère?

    L'enjeu est passionnel et dépasse la raison.

                Exorcisés nos emballements, nos partis-pris, notre agressivité, notre violence, nos enthousiasmes, nos délires, nos extases.

    Endigue toute cette véhémence anarchique gisant au fond de nous, agacée par les irritations de la vie contemporaine, refoulée mais non domptée.

    Le sport, surtout le sport collectif et ses grand'messes, opère comme une catharsis sociale, donnant occasion de se débarrasser d'émotions trop longtemps contenues.

    Empêcher, pour quelque raison que ce soit, le déroulement d'une cérémonie aussi enivrante, c'est ouvrir la porte à des débordements incontrôlables.

    Qui en prendrait la responsabilité ?

    La violence est toute proche.

    La mort peut-être ?

     

    Entre les acteurs du jeu sportif et les spectateurs, l'argent !

    Pourrait-il introduire quelque objectivité dans les relations entre les uns et les autres ?

    Mais non ! Il est un des appâts auquel est pris le joueur. Il emprisonne le spectateur dans son droit à jouir de cet instant où il n'est plus qu'un cri au milieu d'autres cris.

    Le match est obligé !

    Et dans l'ombre guettent les hommes exploiteurs de nos rêves. Dans la cohue, ils  gardent leur sang-froid et tirent profit de la situation. En d'autres circonstances on les appelle : trafiquants, dealers, proxénètes,...

    Ils ne sont pas toujours là, bien sûr !

    Mais qui oserait dire qu'ils n'étaient pas à Furiani ?

     

    Dans un tel enchevêtrement, les responsabilités sont peut-être plus nombreuses que les responsables montrés du doigt, et ceux-ci le sont peut-être moins qu'il y parait.

    Tout n'est-il pas fait sur la demande et pour le plaisir des payeurs ?

    fr. André LENDGER


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  • L'Ancien fait son affaire du Nouveau.

    Il s'empare de ses habitants et de ses biens.

     

    Des hommes ont découvert un nouveau continent.

    C'étaient des hommes audacieux et civilisés.

    Ils avaient été baptisés dans le Prince de la Paix.

    Ils ont pillé le pays, massacré les indigènes et réduit les survivants à l'esclavage.

                C'était hier.

     

    Aujourd'hui, nous n'avons plus de terres à découvrir sur notre planète.

    Nous ne désespérons cependant pas de découvrir d'autres terres habitées.

    Nous déployons des efforts considérables pour la recherche spatiale.

    Nous envoyons des messages à travers l'immensité sidérale dans l'espoir d'entrer en relation avec les habitants possibles d'une autre planète, terre lointaine et fraternelle.

    A l'avance nous savourons notre joie.

                Joie de ne pas être seuls dans l'infini des étoiles

                Joie de pouvoir étendre d'un coup notre cœur et notre pouvoir.

                Joie de nous savoir un havre de plus.

     

    Mais notre comportement moral sera-t-il à la hauteur de l'exploit technique?

    Il y a fort à parier que nous aurions, à l'égard des habitants de ces autres planètes, le même comportement que nous avons eu lors de la découverte de l'Amérique : brutalité, exploitation, esclavagisme. Nous éprouverions soudain le désir de posséder leurs richesses.

    En dépit des années-lumière.

    Les représentations imaginaires que nous nous donnons des habitants d'un autre monde nous renseignent sur notre état d'esprit : rapports de force dont l'homme sort vainqueur, l'homme seul modèle possible, l'homme couronnement de la création.

    L'homme n'a-t-il pas pour vocation de dominer la création, et donc d'explorer et d'acquérir la maîtrise de ce qu'il découvre ?

    N'est-il pas appelé à transmettre les valeurs qui lui semblent fondamentales ?

    Qui ne sait que la frontière est fragile entre la proposition et l'imposition des valeurs humaines ? Civilisation et colonisation ont souvent fait bon ménage.

    Les chrétiens, qui ont reçu mission d'annoncer la Bonne Nouvelle, savent bien que l'évangélisation ne s'est pas toujours faite avec les seules armes de la foi. Au nom de la Vérité, la tentation est toujours grande d'"aider" Dieu par des moyens qu'Il récuserait.

     

    Nous pensons être des sauveurs quand nous sommes des rapaces.

    A moins que l'explorateur se nomme François-Xavier ou Charles de Foucauld.

     

    Il est dans l'ordre des choses que ceux dont la civilisation est la plus avancée en matière technique, ceux dont la puissance économique est la plus développée et la plus efficace,... l'emportent et entraînent peu à peu les autres.

    Serait-il plus humain d'établir un cordon sanitaire autour des populations les plus "primitives", des culture et des religions païennes pour les protéger ? Elles deviendraient vite des pièces de musée et n'y gagneraient rien en liberté  ou dignité humaines.

    Que de civilisations n'avons-nous pas fait disparaître de la sorte !

    Ne devaient-elles pas disparaître ? Toutes les civilisations sont mortelles.

    Mais on peut regretter qu'elles meurent le plus souvent sous les coups de la soldatesque adverse.

    La mission des chrétiens n'était-elle pas de convertir le monde, et donc de faire disparaître les civilisations païennes ?

    Ce n'est que lorsque le mal a été fait que l'homme se rappelle qu'il est un être spirituel.

    fr. André LENDGER


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