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    L'étranger.

     

    Il ne partage ni la langue ni la culture ni les coutumes des habitants d'"ici".

     

    Il ne fait pas partie de la famille, qu'elle soit locale, sociale, ethnique ou religieuse.

     

    "Il n'est pas de chez nous".

     

     

     

    L'étranger.

     

    On l'épie et on l'observe de loin, étonné et inquiet de sa différence.

     

    On ne lui dénie pas d'emblée sa ressemblance humaine, mais on demande à voir !

     

    Cette démarche toute de réserve a sa raison d'être : avant d'adopter l'étranger comme un frère, il faut le connaître et en être reconnu.

     

     

     

    N'est-il pourtant pas déjà un frère ?

     

    Certes nous sommes tous égaux en humanité, mais nous sommes tous différents par l'héritage que nous avons reçu.

     

    Or une famille est constituée de membres qui ont en partage un passé commun fait de souvenirs, de références, de valeurs, de moments intenses vécus ensemble.

     

    L'étranger demeure extérieur à tout ce patrimoine.

     

    S'il veut s'intégrer, à lui de montrer qu'il accepte de prendre en compte cet héritage, de s'en imprégner et de l'assumer autant qu'il peut.

     

     

     

    L'accueil est la pierre d'angle du rapport à l'étranger.

     

    L'accueil, c'est le sourire, la chaleur, l'ouverture, l'attention, l'aide.

     

    La responsabilité de celui qui accueille est donc très grande.

     

    Si l'accueillant s'estime seul héritier légitime et refuse tout partage, l'étranger aura beau faire tout ce qu'il peut pour être accepté dans la famille, il n'y parviendra pas.

     

    Or l'accueillant, qu'il le veuille ou non, est en communauté de destin avec l'étranger.

     

     

     

    L'étranger n'est pas simplement un quémandeur en mal de nourriture ou de sécurité. Il a quelque chose à donner : sa propre personne mais aussi des traditions immémoriales qui sont un bien commun de l'humanité et dont nous avons à nous enrichir.

     

    L'étranger nous apporte autant que nous lui donnons si nous savons l'accueillir. Il nous provoque, par les questions qu'il pose, à sortir de notre routine, à relativiser notre sentiment de supériorité et à dépasser notre instinct de propriétaires avares de nos richesses.

     

    L'étranger est destiné à ne pas rester un étranger, mais à s'intégrer et à faire partie de la communauté qui l'accueille. Il l'enrichira de ce qu'il est. L'avenir se fera avec lui, à l'image de notre passé, riche des peuples différents qui nous ont faits ce que nous sommes.

     

    Notre culture ni notre identité familiales, locales ou nationales ne sombreront pas, pourvu que chacun reste à l'écoute de la pensée de l'autre, évitant les syncrétismes culturels qui n'aboutiraient qu'à une mélasse indifférenciée d'où rien ne pourrait émerger.

     

     

     

    L'étranger est, chez nous, dans le temps qui est le nôtre, en position de faiblesse.

     

    Il ne peut pas effacer sa différence : couleur de peau, langue, coutumes, religion...

     

    On l'accuse de déséquilibrer nos sociétés occidentales, d'accroître le chômage, d'être cause de délinquance et de violence.

     

    Il est le bouc-émissaire tout désigné de nos maux, proie facile et vulnérable.

     

    Mais l'étranger reste un homme et doit être traité avec respect, sans brutalité, en tenant compte de son désarroi, nous qui l'avons attiré par nos vantardises médiatisées.

     

     

     

    Les lois ne lui sont pas favorables.

     

    Non sans raison : dans un siècle aussi bouleversé que le nôtre, où la répartition des richesses est si contrastée, où les conflits se multiplient, où les moyens de communication facilitent les déplacements, il est inévitable que les mouvements de population prennent des dimensions spectaculaires et aient besoin d'être contrôlés.

     

    Aucun pays au monde ne peut subir le choc de migrations massives sans en être profondément ébranlé, ce qui ne serait au bénéfice de personne.

     

    Mais les pays riches doivent trouver d'autres solutions que la peur et le rejet de l'étranger et le repli sourcilleux sur leurs richesses... qu'ils doivent souvent aux "étrangers" !

     

    Les pauvres, laissés à nos portes, ne seront-ils pas tentés, un jour, de les forcer ?

     

     

     

    Faire place à l'étranger, n'est-ce pas lui donner d'abord sa chance chez lui ?

     

    N'est-ce pas favoriser la paix, rendre possible le développement économique et culturel des peuples sous-développés, atténuer les fractures Nord-Sud ?

     

    L'étranger, un Christ souffrant qui nous lance un appel

    fr. André LENDGER


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    L'Eglise manque de prêtres.

     

    L'Eglise ne peut pas se passer de prêtres.

     

     

     

    Dieu n'appellerait-il plus ?

     

    Dieu se désintéresserait-il de notre monde ?

     

    Les jeunes seraient-ils moins généreux que ceux des générations précédentes ?

     

    On incrimine volontiers le célibat.

     

    Quelle que soit l'opinion de chacun sur la question, le mariage des prêtres ne résoudrait pas un problème dont les causes sont à rechercher ailleurs.

     

    Ne serait-ce pas plutôt le sens de l'engagement qui fait défaut, comme on le voit également en matière sociale, politique ou syndicale, mais aussi en matière de mariage ?

     

    Hésitations bien compréhensibles chez les jeunes, écartelés entre mille propositions qui toutes font référence au seul avenir économique. L'école, les médias, la famille ne se font le plus souvent l'écho que d'une préoccupation : l'insertion dans le monde du travail.

     

    Les valeurs humaines et spirituelles apparaissent bien secondaires.

     

    La vie ne prend son sens que dans l'acquisition d'un travail, non pas dans le but de transformer l'homme et la société, mais dans le but de se faire une place au soleil.

     

     

     

    Que fait le prêtre dans tout cela ?Moins que jamais il n'exerce un pouvoir,            plus que jamais il est serviteur.

     

    Serviteur de la Parole de Dieu, il est parfois perçu comme un simple fonctionnaire du culte et confiné aux tâches cultuelles.

     

    Sa mission de direction des consciences est devenue floue avec le développement des sciences humaines et il est supplanté par d'autres en matière de conseils.

     

    Respecté mais marginalisé, il a perdu de son impact social, de son influence civilisatrice et de son poids de référence culturelle.

     

     

     

    Aujourd'hui la société n'attend plus grand-chose du prêtre ni même de l'Eglise, même si chacun regrette l'absence de repères éthiques qu'aucune société laïque ne peut ni ne pourra jamais donner, faute d'ancrage dans un Ailleurs.

     

    Le pape a beau demander que les lois civiles se conforment à la "loi naturelle", les gouvernants légifèrent en fonction de l'évolution des mentalités et des mœurs, s'efforçant en conscience de tenir l'équilibre entre les désirs et les besoins de leurs concitoyens.

     

    L'Eglise elle-même se rend compte que l'évangélisation est loin d'avoir porté tous les fruits qu'elle était en droit d'attendre, si l'on considère les conflits qui dressent les chrétiens les uns contre les autres, que ce soit au  Rwanda ou ailleurs.

     

    Et nous, sommes-nous plus et mieux évangélisés que les autres ?

     

    Ce n'est pas sans cette inquiétude au cœur que Jean-Paul II a effectué tant de déplacements et lancé l'idée d'une nouvelle évangélisation.

     

    Dieu absent du devenir du monde ?

     

    Il semble ne plus être un enjeu qui vaille la peine qu'on en parle.

     

    Combien de jeunes, dans les lycées ou les universités, parlent de Dieu ou de l'Eglise comme d'une question importante pour leur avenir et l'avenir du monde ?

     

    Dieu est relégué dans la sphère privée.

     

    Le prêtre peut être un ami, il n'infléchit pas la pensée ni l'action de la société.

     

    Il est rarement perçu comme un homme qui contribue efficacement à la construction du monde de demain, même s'il rassure et réconforte par ses rites.

     

     

     

    Serait-il affadi le sel de l'évangile qui a soulevé le monde, libéré l'homme de la fatalité, édifié une culture et une civilisation dont nous bénéficions encore ?

     

    Les prêtres sont rares ? Ils ont perdu de leur pouvoir ?

     

    Qu'importe, pourvu qu'ils demeurent serviteurs, à l'image de leur Maître !

     

    Serviteurs aux dimensions du monde, ils retrouveront leur nécessité sociale.

     

    Le prêtre, serviteur de ses frères dans leur vie personnelle et dans l'édification de communautés, retrouvera se place au service d'une humanité en recherche de sens.

     

    Le prêtre, simple serviteur de ses frères, ayant abandonné tout pouvoir illusoire, permettra au monde de demain de retrouver une âme

     

                - autour de la Parole de Dieu, au message fondamental et universel,

     

                - autour de la table eucharistique qui nourrit les cœurs et éclaire les esprits

     

    Pour cette oeuvre de service, Dieu suscitera des prêtres

    fr. André Lendger


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    La délinquance à  La Réunion.

    Des chiffres viennent d'être publiés.

    La délinquance est en hausse, spécialement parmi les mineurs.

     

    Le constat ne manque pas d'être inquiétant.

    Il traduit une dérive de toute une partie de notre société.

    Toutes sortes de mesures ont été prises pour pallier les difficultés économiques de l'île, si bien que la grande majorité de la population peut vivre, même si parfois elle ne peut le faire que dans de mauvaises conditions. Or nous avons coutume de dire que la délinquance est un des sous-produits des difficultés économiques

     La situation réunionnaise tendrait à montrer que l'argent n'arrange pas tout.

     Qu'une famille ait de l'argent n'empêche pas les enfants d'être livrés à eux-mêmes. Le problème est moins dans l'argent que dans l'éducation dont bénéficient les enfants.

     Beaucoup de jeunes abandonnent très tôt leur scolarité. Ils ne voient pas l'intérêt d'aller à l'école et personne ne le leur explique. Ils préfèrent se retrouver avec des copains, dans la fusion chaleureuse d'un petit groupe de jeunes désœuvrés, en grappes.

     Ils n'ont aucun projet de vie.

     Le plaisir immédiat prime toute autre considération.

     Qui pourra empêcher leur esprit d'errer, de s'échauffer et d'échafauder des plans ?

     Comment pourraient-ils ne pas trouver un dérivatif dans un joint de zamal ?

     La police pourra bien saisir quelques pieds de zamal et inquiéter quelques revendeurs. Nul n'empêchera totalement le commerce ni la consommation du zamal.

     Y parviendrait-on qu'il faudrait bien trouver un substitut à ces drogues, car elles servent de dérivatif à des jeunes désœuvrés qui n'ont d'avenir que celui de leurs rêves.

     A moins qu'ils ne choisissent le suicide, dont les causes sont voisines.

     Or quel substitut la société est-elle capable de mettre en place ?

     Le seul crédible serait le travail... ce qui, justement, fait le plus cruellement défaut !

     Nos politiques contemporaines manquent de projets mobilisateurs pour les jeunes.

     Il faudrait un énorme effort en matière d'éducation et de prévention, mais les restrictions budgétaires frappent justement le secteur associatif concernant la jeunesse.

     L'avenir - en chiffres de délinquants et de suicidés - dira si ce choix a été le bon.

     A ces faiblesses politiques s'ajoute la désagrégation des familles, trop souvent happées par le tourbillon de la consommation et le besoin de paraître, quand elles ne sont pas victimes du chômage et de tout ce qui peut l'accompagner : l'alcoolisme, la violence, le viol, l'inceste... Bien des parents sont "perdus" devant leur enfant et démissionnent.

    Trop d'enfants se retrouvent sans références parentales, fuguent très jeunes et ne peuvent survivre que dans la délinquance. Puis, faute d'avoir été confrontés à la loi du père - le grand absent -, ils s'affronteront à la loi pénale qui les conduira en prison.

    Une politique familiale dépassant la seule satisfaction matérielle est-elle possible ?

    Existe-t-il un espoir de voir cette tendance se renverser ?

    Comment rendre leur dynamisme à tant de jeunes sans formation et sans avenir ?

    Comment éviter, à ceux qui ne sont encore que des enfants, la dérive que connaissent leurs aînés ?

    Les déclarations d'intention et les discours moraux ne seront d'aucune efficacité s'ils ne sont accompagnés de propositions concrètes, pesant sur les causes de la délinquance.

    Ces propositions doivent saisir le problème en amont et en aval.

    L'amont, c'est la tâche de la famille. Sont en cause sa structure et sa stabilité avec leurs conséquences : l'éducation et les références morales données aux enfants, le respect et l'amitié dus à l'autre, le sens de l'effort, l'importance de la scolarisation...

    L'aval, c'est la tâche de la société et des responsables politiques qui doivent donner une impulsion au développement économique et culturel, aider les associations, promouvoir le développement de chaque personne, dans son corps et dans son esprit.

    Les grandes spiritualités doivent accompagner ce travail d'amont et d'aval en ne cessant de rappeler chacun à sa responsabilité dans la famille et dans la société. Elles ont à proclamer la dignité de la personne humaine en revendiquant pour tous le droit au travail, au logement et à la justice et en ayant le souci des plus pauvres, nos maîtres.

    Demain, une chance à se donner.

    fr. André LENDGER


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    Premier mai.

     

    La fête du travail naquit dans les convulsions : grèves et répressions sanglantes, sur fond d'élan révolutionnaire et de lutte contre le capitalisme.

     

    Le 1er mai devint le jour-symbole où les travailleurs unis célébrèrent leur aspiration à la libération de leur condition, à la revendication de leurs droits et à la reconnaissance de leur dignité dans de grandes liturgies païennes faites de processions et de prières laïques.

     

     

     

    Le 1er mai fut la Pâque des travailleurs :

     

                - le jour où ils se remémoraient les dures conditions d'esclaves dans lesquelles les maintenait le capitalisme naissant qui ne leur concédait - Karl Marx l'avait bien vu - que le strict nécessaire pour reconstituer leurs forces de travail.

     

                - le jour où, pour clamer leur dignité d'êtres humains, ils ne pouvaient qu'interroger Dieu qui les enchaînait à un travail qui avait pris figure de punition divine.

     

                - le jour où, l'espace d'un défilé et d'un mot d'ordre, ils se donnaient l'illusion de croire possible un monde sans classes, sans exploitants ni exploités, dans la fraternité universelle de tous les peuples enfin unis, où tous pourraient partager "un festin de viandes grasses, un festin de bons vins, de viandes grasses juteuses, et de bons vins clarifiés", selon ce qu'avait annoncé le prophète Isaïe (25, 6).

     

     

     

    Le 1er Mai agonise.

     

    Que reste-t-il des mythes de la grande révolution prolétarienne, du grand soir, de la lutte finale, de l'internationale des travailleurs ?

     

    On les chante encore, mais dans des meetings sans enjeux et sans risques.

     

    Ils fleurent bon la nostalgie des paradis qu'on sait à jamais inaccessibles.

     

    Ils font partie du rituel. On les évoque sans conviction comme on récite une prière pour une pluie dont on sait qu'elle ne viendra pas, par simple fidélité à la tradition.

     

    Le 1er mai, vidé de sa substance combative, n'est rien de plus, pour beaucoup de nos compatriotes, qu'un jour de congé auquel on a droit.

     

    On fait encore mémoire du passé, des combats gagnés et des mythes poursuivis, mais cela ne dure que le temps d'un bouquet de muguet.

     

    Devenu officiel, le 1er mai est devenu inoffensif.

     

    Il a même été porté sur les fonts-baptismaux par l'Eglise qui l'a placé sous le patronage de l'artisan Joseph !

     

     

     

    La pauvreté à laquelle a été réduit le 1er mai ne doit cependant pas nous cacher la fécondité des 1er mai d'antan et des luttes qui les ont accompagnés : la semaine des quarante heures, les congés payés, le plein emploi, la retraite... Tout un équilibre social transformé pour que les travailleurs retrouvent leur place d'hommes.

     

    Pourquoi en sommes-nous arrivés à des 1er mai vidés de leur dynamisme alors que les problèmes de notre société sont aussi nombreux et décisifs que ceux d'hier ?

     

    Les temps ont changé et l'œuvre s'annonce plus difficile :

     

                . l'évolution des techniques de travail a brisé l'unité de "la classe ouvrière"

     

                . l'ancienne solidarité a laissé place aux intérêts et aux luttes corporatistes

     

                . les incantations unitaires ne cachent pas les divisions syndicales

     

                . le "chacun pour soi" a gagné toutes les couches de la société.

     

     

     

    En ce 1er mai 1996, comment ne pas penser aux 3 000 000 de chômeurs ?

     

    Que signifie la "fête du travail" pour un chômeur ? ce n'est pas la fête du chômage.

     

    Comment célébrer le travail et fêter le travailleur quand on est réduit à chercher un travail, n'importe lequel... à moins de se résigner, ce qui équivaut à un suicide social.

     

    Le travail a changé d'aspect. Hier il avait la seule apparence de la servitude, aujourd'hui il apparaît comme le seul moyen pour l'homme d'accéder à sa liberté.

     

    Un homme sans travail est un homme qui n'existe pas.

     

    Les chômeurs sont à ce point désocialisés et marginalisés qu'ils ne sont pas à même de faire entendre leur voix : le 1er mai, "fête du travail", est "jour de deuil des sans-travail"

     

    Ce n'est pas que les travailleurs ne sachent pas les liens qui les unissent aux chômeurs, mais ils redoutent de venir grossir leurs rangs ou se satisfont de leurs acquis.

     

    Le salut des uns ne passerait-il plus par la solidarité des autres? quel 1er mai le dira ?

     

     

     

    Le peuple des travailleurs - chômeurs compris - est loin d'être libéré de la servitude.

     

    Il a encore et aura toujours à repasser sa Mer Rouge, à refaire sa Pâque.

     

    Que seront nos 1er mai de demain :

     

    fête du travail ou cérémonie mortuaire ?

    fr. André LENDGER


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    La Shoah - l'abbé Pierre - Roger Garaudy.

     

    Une polémique qui se déroule alors que l'antisémitisme affleure à nouveau.

     

     

     

    Roger Garaudy est, en matière de Shoah, ce qu'on appelle un "révisionniste" ou un "négationniste" : il met en doute sinon tout à fait l'existence, du moins l'importance de l'Holocauste, la politique d'extermination des juifs par les nazis.

     

    Dire que le dossier de la Shoah n'est pas clos, comme l'a fait l'abbé Pierre, revient à jeter le doute et la suspicion sur l'authenticité des documents et des témoignages rassemblés depuis plusieurs décennies, à l'heure où les témoins directs disparaissent.

     

    Roger Garaudy n'est pas le premier à nier la Shoah.

     

    Il semble cependant, d'après de nombreux historiens, qu'on puisse confirmer l'étendue et l'horreur de ce que les dignitaires nazis qualifiaient de "solution finale".

     

     

     

    Certains estiment que la Shoah a été abusivement érigée en dogme intouchable et que c'est la raison pour laquelle toute remise en question soulève un tollé.

     

    N'est-ce pas confondre la réalité du fait historique avec la liberté d'interprétation ?

     

    N'est-ce pas confondre son désir avec la réalité, que cela n'ait pas eu lieu ?

     

    Car si la Shoah a été l'horreur qu'on nous décrit, le peuple juif fait figure de martyr.

     

    Pour les négationnistes, il convient de ne pas faire des juifs un peuple opprimé, mais d'en faire au contraire un peuple oppresseur qui impose toujours et partout sa politique.

     

    Après tout il y a eu bien d'autres génocides sur lesquels on laisse passer le temps : les arméniens, les tutsis et les hutus, les bosniaques, les cambodgiens, et tant d'autres...

     

    Pourquoi la Shoah devrait-elle être la seule référence ?

     

    Parce qu'il s'agit de juifs ?

     

    Non ! Mais parce que c'est contre des juifs, peuple répandu parmi tous les peuples, que s'est déchaînée la Shoah et qu'elle fut plus qu'un génocide ordinaire : un comble, une apocalypse dans laquelle l'homme a dérobé son pouvoir à Dieu puis s'est fait exterminateur.

     

     

     

    Diabolique  la shoah dans son acharnement à vouloir arracher son âme à ce peuple en l'avilissant, et en mettant tout en oeuvre pour l'extirper de la surface de la terre !

     

    Diabolique la shoah dans sa prétention à laver l'humanité de la souillure juive !

     

    Diabolique la Shoah dans la soumission délibérée de la raison aux instincts les plus brutaux et les plus primitifs, laissant loin derrière elle les passions tribales et ethniques.

     

    Diabolique la Shoah par les moyens mis en oeuvre : gigantisme d'une machinerie de la mort qui s'emballe dans une fuite en avant aveugle au fur et à mesure que le régime s'effondre, tout en restant industrielle, systématique, méticuleuse, quasi-scientifique.

     

    La Shoah ? la haine organisée, institutionnalisée, élevée au rang de raison d'Etat.

     

     

     

    Ces précisions sont nécessaires afin de ne pas mêler à ce passé les opinions que les uns et les autres sont libres d'avoir à l'égard de la politique actuelle de l'Etat d'Israël.

     

    Il est à craindre en effet que certains glissements se fassent et finissent par justifier l'injustifiable au nom de certains jugements politiques contemporains.

     

    L'Etat d'Israël n'est pas le peuple juif.

     

    Si l'Etat d'Israël adoptait des méthodes nazies d'extermination des palestiniens, il serait condamnable au même titre que les dirigeants nazis d'hier.

     

     

     

    Ce qui ne doit pas être oublié ni souffrir le doute, c'est la réalité de la Shoah.

     

    Savoir jusqu'où peut aller l'homme saisi par la haine.

     

                Savoir jusqu'à quels excès pervers peut s'égarer la raison.

     

                Savoir qu'on parvient toujours à se justifier contre toute justice.

     

    Cette épreuve monstrueuse doit rester exemplaire pour les générations à venir.

     

    L'homme - et ce peut être nous - un jour, s'est abaissé jusque là.

     

    N'aggravons pas notre péché en niant ce dont nous pouvons avoir honte.

     

     

     

    Il est vrai que la Shoah n'a pu revêtir cette démesure que parce que c'est le peuple juif qui était concerné et que ce peuple, quel que soit le génie de nombre de ses hommes, n'a cessé de servir de repoussoir et de bouc-émissaire à l'humanité pécheresse.

     

    Peut-être la Shoah a-t-elle été une conséquence de son élection divine.

     

    Peut-être, inconsciemment, accusons-nous moins le peuple juif d'être déicide que de nous avoir fait don du Fils de Dieu que nous avons tant de mal à suivre et à servir.

     

     

     

    La Shoah, la Croix, c'est l'œuvre de l'homme déserté par Dieu.

     

    L'horreur.

     

    Souvenons-nous.

    fr. André LENDGER


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