• Un millénaire s’achève.

    Comment juger d’un millénaire ? quel chemin parcouru ?

     

    Pour certains, de plus en plus rares, le changement est nul. Ils n’ont pas été rejoints par notre civilisation et ils continuent de vivre comme il y a mille ans. Pour eux, le temps est immuable et les années ne font que se répéter selon un cycle toujours semblable.

    Des continents vides se sont peuplés, des civilisations ont chaviré, des monstruosités ont été commises et des découvertes ont bouleversé le mode de vie des hommes.

    Des religions ont disparu, d’autres sont nées et, ce qui était impensable il y a mille ans, une importante partie de la population mondiale est indifférente à la question religieuse.

    La pensée et les sciences, mais aussi l’organisation des Etats, ont pris leur autonomie par rapport à la religion.

    Le gouvernement des hommes, même s’il demeure souvent encore aux mains de dictateurs, a connu l’épanouissement de la démocratie comme jamais auparavant.

    Sur les décombres de l’Empire Romain, sous le boutoir des invasions barbares, par l’effet de la colonisation, des nations se sont constituées, aux frontières bien délimitées, en dépit de quelques contestations et de tentatives pour faire bouger l’ordre actuel.

    A une économie de pénurie s’est substituée une économie de marché et d’abondance malheureusement mal partagée, des peuples entiers mourant de faim.

    Le temps des grandes aventures terrestres, qui mobilisaient des milliers d’hommes, est clos et laisse place à la conquête de l’espace qui n’intéresse qu’une infime minorité.

    La terre, qui paraissait si grande, se révèle désormais toute petite, un îlot de vie isolé dans un univers qui n’a pas livré tous ses secrets, où, peut-être, existent d’autres îlots de vie.

     

    Mille ans sont comme un jour... mais un long jour !

    Tous les changements sont intervenus avec lenteur.

    Certes l’évolution technique s’est accélérée et les changements du mode de vie n’ont jamais été aussi rapides. Mais ces transformations demeurent extérieures et ne modifient qu’insensiblement le comportement profond de l’homme. L’homme s’adapte, mais résiste.

    Il est vrai que l’homme contemporain semble avoir progressé par rapport à ses ancêtres. Il s’est libéré de nombreuses peurs, par sa technique il maîtrise son environnement, il vit dans des concentrations urbaines, il se connaît de mieux en mieux lui-même.

    Mais ces progrès, pour importants qu’ils soient, ne restent-il pas extérieurs à ce qui fait et définit l’homme ? L’homme contemporain reste proche de ses ancêtres. Lui aussi est un être spirituel avec une pensée et une conscience. Appelé à la liberté, il doit faire des choix difficiles dans des situations inédites. Lui aussi souffre de peurs... nouvelles. Individualiste, il perd le sens de la solidarité humaine. Mal à l’aise dans son être propre, ayant du mal à garder quelque amour ou estime de lui-même, il devient violent, y compris à l’égard de lui-même.

    Rien n’aurait-il changé qu’en apparence ?

    L’homme ne cesse de se débattre avec lui-même et avec le mal qui rôde autour de lui.

     

    Le millénaire qui va s’achever dans cette ultime année aura vu des transformations considérables et si notre ancêtre de l’an mil revenait parmi nous, il serait d’abord étonné et perdu. Mais s’il parvenait à retrouver son équilibre, il découvrirait que l’homme, quel que soit le raffinement de civilisation et de pensée qu’il a conquis au cours de ces mille ans, reste fondamentalement ce qu’il était de son temps, à la recherche du bonheur perdu.

    Il pourrait même rencontrer, parmi les populations les plus civilisées, des hommes et des femmes dont le développement mental, affectif et religieux, ont régressé, se livrant à toutes sortes de rites ésotériques, païens, sataniques ou encore préhistoriques.

    Il y a peu de chance que l’année qui vient achève le millénaire en apothéose humaniste

    Tout au plus verrons-nous quelque nouvelle prouesse technique.

     

    Il n’empêche qu’il convient de vivre bien cette dernière année.

    Le frémissement de la fin du millénaire ne doit pas faire illusion. Nous connaîtrons des joies et nous rencontrerons des tourments semblables à ceux des années précédentes.

    Peut-être la prière au Père nous rappellera-t-elle que, quelle que soit l’année, nous faisons route vers une destination qui ne varie pas selon les temps : la demeure du Père.

    fr. André LENDGER


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  • Un exercice auquel beaucoup de chrétiens se livrent.

    Comment est-il possible d’y trouver notre nourriture ?

     

    Lire l’évangile, c’est partir à la rencontre de Jésus et de son message.

    S’agit-il vraiment d’une lecture, comme on lirait une information ou tout autre écrit ?

    La lecture, au sens le plus banal du terme, est sans doute un premier stade. Elle rend possible l’entrée dans la compréhension de l’évangile en acquérant quelques repères familiers. Lire et le relire l’évangile de façon cursive est une nécessité pour le chrétien, les extraits que nous lisons au cours des liturgies ne nous permettant de connaître que quelques épisodes.

    Or l’évangile ne se réduit pas à ces textes, même si la liturgie nous les présente.

    Nous ne sommes pas appelés à connaître telle parole ou tel miracle de Jésus comme nous prenons connaissance d’événements historiques ou comme on le fait d’un savoir positif. Nous avons à nous laisser pénétrer par un message qui demande un autre type de lecture.

     

    Lire l’évangile, c’est chercher à atteindre la personne même de Jésus et à la cerner pour mieux la saisir, elle qui est le cœur du mystère.

    Mais Jésus se laisse-t-il saisir aussi facilement ?

    Les évangiles ne nous font pas un récit de la vie de Jésus comme on peut en écrire une de Louis XIV ou de Napoléon. Sinon, comment expliquer que tel épisode se trouve chez l’un et pas chez l’autre ou que le même épisode n’occupe pas la même place chez tous ?

    Jésus se laisse saisir comme une personne dont l’existence est assurée, même s’il nous est difficile d’établir une chronologie de sa vie en dehors de quelques événements significatifs comme son baptême ou sa décision de « monter à Jérusalem » pour y mourir.

    Les évangélistes n’ont pas voulu faire une œuvre d’historiens au sens où nous l’entendons aujourd’hui. Leur propos était plus ambitieux et plus difficile : saisir et faire saisir le message de Jésus, le transmettre aux premières communautés chrétiennes et à celles de tous les temps, et témoigner que Jésus est le Messie et le Messie crucifié.

    Lire l’évangile, c’est avant tout accueillir un message, « la Bonne Nouvelle », celle qui est destinée à tout homme qui cherche Dieu et s’efforce de trouver le chemin qui y mène.

    L’évangile n’est donc pas un récit ordinaire. Il nous introduit à la connaissance de l’amour de Dieu pour nous, l’amour d’un Père qui nous libère et nous guérit, par son Fils, de notre inclination au mal. Il ouvre le chemin de notre pleine humanité.

    Percevoir ce message implique de ne pas se contenter de lire des mots, mais de se laisser imprégner, dans l’Esprit, par le message qui court tout au long de ces lignes.

    Lire l’évangile, c’est le méditer et le prier. C’est une lecture spirituelle, dans la foi.

     

    Il n’est pas interdit pour autant de pousser plus loin la recherche.

    Des spécialistes se livrent à des études savantes pour comprendre le sens de telle expression ou l’ordonnance d’un récit. Ils passent le texte à la loupe.

    Il n’est pas question pour nous de devenir des spécialistes de ce type d’études.

    Nous ne devons pas pour autant le négliger lorsque l’occasion se présente, parce que c’est une méthode qui permet de pénétrer plus avant dans le sens des textes et de mieux cerner le message de l’évangile. Comprendre certains détails et les nuances d’une expression, permet d’admirer encore davantage la richesse et la profondeur universelle de ce message unique dont nous croyons qu’il nous est adressé par Dieu.

    Certains peuvent craindre qu’à trop chercher, ils ne soient confrontés au doute, car une étude approfondie de l’évangile oblige à se poser des questions imprévues.

    Mais un mystère, tout en demeurant insaisissable, ne peut être pleinement perçu qu’avec l’effort de l’intelligence de l’homme, qui n’est pas opposée à la foi mais à son service.

    Qu’on s’adonne à une étude technique de l’évangile ou qu’on préfère s’en tenir à une lecture spirituelle, rien n’est acquis sans un effort de l’esprit et la méditation du cœur.

     

    L’évangile est un livre de vie, un livre qui donne la vie.

    Il est le dernier mot de Dieu adressé aux hommes.

    Chrétien ou non, tout homme ne peut que gagner à lire ces pages qui introduisent à une vie pleinement humaine depuis que Dieu s’est fait pleinement homme.

    fr. André LENDGER


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  • Le général Pinochet toujours en prison.

    Le président Clinton longtemps menacé d’impeachment.

    Des ministres français devant la justice pour des décisions de leur gouvernement.

    La responsabilité des hommes politiques est désormais engagée devant les citoyens.

    Tout homme, puissant ou non, peut être appelé à répondre de ses actes.

     

    Chaque cas est particulier.

    La convergence est cependant significative.

    Les hommes d’Etat sont appelés à une gestion rigoureuse du pays dont ils ont la charge

    Ils sont tenus, à l’intérieur de leur pays, à un comportement clair en matière de rigueur et d’honnêteté ; ils sont tenus, à l’égard de la communauté internationale, à respecter les règles de conduite qui évitent les actes de terrorisme à l’étranger ou sur leur propre territoire.

    Nul n’est au-dessus de tout soupçon.

     

    Les observateurs extérieurs que nous sommes n’ont cependant pas le droit de passer du soupçon au jugement condamnatoire, sauf cas flagrant.

    Nous savons l’exploitation politique qui peut affecter ce genre de procès, les passions qu’ils déchaînent et il est préférable de s’en remettre à la justice.

    En ces matières-là comme en d’autres, nous devons nous abstenir de déclarer coupable à l’avance celui qui n’est encore que présumé coupable et à tenir compte de la complexité des décisions que doivent prendre les gouvernants.

     

    « Responsables, pas coupables », à déclaré Georgina Dufoix.

    C’est déjà un grand courage de reconnaître sa responsabilité dans un drame dont personne ne soupçonnait l’ampleur lorsque furent prises, trop tard, les décisions qui auraient pu éviter de nombreuses morts.

    Etait-il possible de prévoir l’ampleur du drame et d’aller plus vite ?

    De quels éléments scientifiques disposaient les décideurs politiques à l’époque ?

    Il est peu vraisemblable que n’aient pesé dans la balance que des considérations économiques. Les hommes politiques, comme n’importe lequel d’entre nous, ont une conscience. Nous devons nous le rappeler. On ne peut pas en faire des coupables avant qu’ils aient été jugés, quelle que soit la douleur que peuvent ressentir les familles des victimes.

     

    La nouveauté de ces différentes situations (Pinochet, Clinton, les ministres français)est la mise sous surveillance des hommes politiques par les citoyens non seulement pas le biais du suffrage universel, mais par la défense de leurs droits en justice.

    Le général Pinochet a été arrêté sous la pression de l’opinion publique, rendant possibles d’autres arrestations semblables à l’avenir.

    Le président Clinton a été mis en accusation par un juge qui a eu toute liberté pour agir. A l’inverse du général Pinochet, il semble avoir été sauvé par le soutien populaire.

    Nos propres ministres sont mis en accusation sous la pression des victimes de transfusions sanguines porteuses du virus du sida ou de leurs familles. Leur procès témoigne que nul n’est à l’abri d’une enquête judiciaire, serait-ce pour négligence grave ayant entraîné la mort de plusieurs milliers de personnes.

     

    Les dirigeants des Etats sont désormais invités à prendre la pleine mesure de leurs responsabilités. Ils peuvent être appelés à répondre de leurs décisions devant les juridictions.

    Mais nous devons tenir a priori qu’un homme politique, quelle que soit son ambition, quel que soit notre accord ou notre désaccord avec lui, quelle que soit sa couleur politique, cherche à se mettre au service du bonheur et de la justice, à moins de preuve contraire.

    Il y aurait danger à ce que l’opinion publique se constitue en juge, de quelque côté qu’elle penche. Elle finirait par établir sa loi qui pourrait être contraire à toute justice.

    Il y aurait également danger à ce que les puissances dominantes dans le monde imposent leur loi quant à la façon de diriger un Etat. Ce serait instituer une autre dictature, d’autant plus sournoise qu’elle aurait les habits de la vertu.

    Il est difficile de diriger un Etat. Il est difficile de juger des dirigeants.

    Gardons nos opinions, ne condamnons pas avant les juges.

                                                                                                              fr. André LENDGER


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  • Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

    Ce droit fut un dogme pendant des dizaines d’années.

    Il semble qu’il n’en soit plus ainsi.

     

    Le Kosovo ? pas question de lui permettre d’être indépendant, même si la plupart des habitants le souhaitent. Les kosovars sont invités à demeurer dans ce qui reste de la fédération yougoslave, liés, d’une façon ou d’une autre, à Belgrade.

    Les Kurdes ? pas question qu’ils revendiquent une autonomie, encore moins une indépendance. A cheval sur trois Etats, ils ont toujours été considérés comme des gêneurs.

    Sans doute le Timor Oriental semble-t-il sur la voie de l’indépendance après des années de guérillas. Mais qui se soucie, parmi les grandes puissances, du Timor Oriental ?

    Au contraire, les problèmes du Kosovo et du Kurdistan ont une dimension internationale. Leur avenir dépend de la volonté des seules grandes puissances qui ont décidé qu’il ne fallait pas que le Kosovo soit indépendant ni que le Kurdistan existe.

    On évoque les questions d’équilibre à l’intérieur de l’Europe ou du Proche-Orient.

    L’équilibre sera-t-il mieux assuré si on oblige à cohabiter deux peuples qui se détestent et se font la guerre, plutôt que d’accorder son indépendance à celui qui la réclame ?

    Faudra-t-il maintenir pendant de longues années le déploiement d’armées d’occupation pour garantir la paix ? et que signifie la paix civile dans un tel contexte ?

     

    Les grandes puissances décident pour les petites.

    Il n’y a là rien de bien étonnant, car il en a toujours été plus ou moins ainsi.

    Cela pose malgré tout un problème de morale internationale.

    Dans quelle mesure ceux qui exercent un leadership mondial sont-ils en droit de dicter leurs conditions pour régler les différends interethniques des plus petits ?

    Qu’ils apportent leur aide, leurs conseils, leur médiation, certes.

    Mais lorsque les situations sont bloquées (Kosovo) ou apparaissent sans espoir (Kurdistan), n’est-ce pas entretenir des foyers de conflits à venir que de s’obstiner à faire vivre dans un même ensemble des nations qui ne veulent pas coexister ?

    L’émiettement et la multiplicité des Etats n’est sans doute pas une bonne solution, à l’heure où il conviendrait de faire advenir de grands ensembles économiquement viables. Encore faudrait-il que les peuples qui vivent dans ces structures se respectent et s’acceptent.

    C’est un chemin très long qui ne peut être parcouru que si aucun des deux ne cherche à imposer sa loi à l’autre, le dialogue l’emportant sur l’intransigeance.

    Si le dialogue est impossible, force devrait être d’en tirer les conséquences.

     

    La morale internationale existe-t-elle dans les faits ?

    Certes cette morale est peut-être plus délicate encore que la morale individuelle, car elle doit se frayer un chemin entre puissantes dominantes et nations démunies.

    Les puissants ne doivent pas se muer en gendarme. Ils doivent contribuer à maintenir la paix pour que tous les peuples puissent vivre ensemble en respectant les petits et en écoutant ceux qui ne peuvent pas faire entendre leur voix. Cela sera-t-il possible s’ils cherchent à protéger en priorité leurs intérêts économiques ou stratégiques ?

    De grandes puissances cherchent à s’approprier les richesses du Congo démocratique.

    Une grande puissance soutient un dictateur sous prétexte de liens historiques, voire religieux, entre les deux pays (la Russie et la Serbie).

    Une autre grande puissance ne peut plaider pour la libération d’un peuple quand elle-même maintient des situations d’oppression dans ses frontières (la Chine et le Tibet).

    Si elles veulent aider à la paix chez les autres, les grandes puissances ne doivent-elles pas commencer par observer un minimum de règles morales chez elles ?

    Sinon elles n’interviendront dans la vie internationale qu’en fonction de leurs seuls intérêts ou bien en fonction des difficultés qu’elles rencontrent chez elles.

     

    La morale internationale existe au même titre que la morale personnelle.

    Mais la vertu fait défaut ici autant que là.

    Faute du courage nécessaire pour régler des conflits dans leur profondeur, faut-il se résigner aux guerres, aux tortures, à la guérilla et au terrorisme ?

    fr. André LENDGER


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  • Existe-t-il une morale universelle ?

    Dans de nombreux pays, des oppositions se font jour entre la loi civile, les droits qu’elle donne et les devoirs qu’elle impose, et la loi religieuse.

    Cette problématique se rencontre aussi bien dans les pays islamistes que dans nos pays de tradition chrétienne.

     

    Les sociétés contemporaines légifèrent non pas à partir de principes religieux, mais en fonction de ce qui rencontre le plus large accord parmi leurs administrés.

    Il existe, bien sûr, des principes sur lesquels tout le monde s’accorde : « tu ne tueras pas » demeure une règle de base pour toute société organisée.

    Mais que doit-on mettre sous ce simple précepte ?

    Où commence la vie et où finit-elle ?

    De l’avortement à l’euthanasie les problèmes sont nombreux, et nombreux les conflits.

    La façon dont nos sociétés laïques abordent ce type de problèmes entraîne les réserves et l’opposition de la famille catholique. Nous retrouvons le même phénomène dans les pays islamistes où la « charia » cherche à s’imposer par la violence à une législation civile laïque.

    Respectueux de la laïcité de leurs Etats, beaucoup de croyants, à quelque religion qu’ils appartiennent, ne remettent pas radicalement en cause les lois que leur propose la société, même s’ils les contestent souvent par leurs discours ou par des manifestations de rue.

     

    Nous nous trouvons devant deux approches de la morale : l’une qui puise sa légitimité dans la majorité démocratique d’un pays, l’autre qui est liée à une révélation.

    La première seule a force de loi, et la seconde renvoie ses adeptes à la sphère privée.

    La question du fondement de la morale n’est pas résolu pour autant.

    Les lois de l’Etat n’ont d’autre base que celle du plus grand dénominateur commun tel qu’il se dégage dans la population. Mais y a-t-il équivalence entre ce plus grand dénominateur commun et le caractère moral universel d’un principe ? La morale serait-elle affaire de sondage ? Que l’avortement ou l’euthanasie soient légalement autorisés ne signifie pas qu’ils soient moralement fondés. « Tu ne tueras pas » vaut pour tout ce qui touche à la vie.

    Nous ne devons pas confondre le refus de nos sociétés de pénaliser des situations humainement douloureuses et le fondement moral de ces mêmes actes. Le législateur primitif avait d’ailleurs pris soin de mettre des garde-fous, depuis longtemps oubliés, à l’avortement.

    Ces lois n’ont pas été édictées au nom d’un principe universel, même si la question a pu effleurer le législateur. Elles l’ont été pour répondre à des situations particulières, mais ont été reçues par la majorité des citoyens comme une liberté, sinon une facilité nouvelle.

     

    L’universalité de la morale n’est pas un concept politique.

    Elle est le fruit d’une révélation qui vient de plus haut que l’homme, d’un projet qui n’est pas celui de l’homme seul, mais celui de son créateur.

    Seul le créateur peut dire la valeur qu’a tout homme, puisqu’il est son enfant.

    Toutes les religions n’ont pas les mêmes principes de base. Nous le voyons à propos de l’excision ou des prescriptions alimentaires. Néanmoins toutes les religions ont cette approche commune de chercher ailleurs que dans un consensus commun une vérité universelle.

    L’universalité ne se déduit pas du désir des hommes. Elle se donne d’en-haut, de Celui qui a engagé son image en donnant l’être à tout homme.

    Universelle, la morale ne peut être le résultat d’un compromis, même si la nécessité de la vie en société entre personnes ne partageant pas les mêmes convictions philosophiques ou religieuses oblige à des accommodements, renvoyant chacun à sa communauté de foi.

    Encore ne suffit-il pas de dire que notre morale est universelle parce que Dieu nous aurait dit de faire ou de ne pas faire ceci ou cela, puisque les religions sont ici différentes.

    La morale ne peut être universelle que parce le discours tenu par l’homme religieux s’adresse à la raison de tout homme et y rencontre l’écho d’un projet enfoui dans son coeur.

    Mais une telle morale ne s’impose pas, de même que la foi, par des lois civiles ou des condamnations. Elle est une proposition adressée à tous par une communauté croyante.

     

    Ne demandons pas à l’Etat ce qu’il ne peut pas donner.

    Répandons les valeurs que nous considérons universelles et recevables par tous.

    fr. André LENDGER


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