•  

    Le Carême, temps de jeûne et de pénitence.

     

    "Arrière, Satan : c'est Dieu seul que tu adoreras".

     

     

     

    Le jeûne, une interdiction ? Une simple abstention ? Un éternel "ne pas..." ?

     

    Pour nous endurcir ? pour tester notre résistance ? pour nous éprouver ?

     

    Mais le jeûne peut ne rester que pure observance formaliste, pur geste extérieur.

     

    On peut se donner bonne conscience avec un jeûne rigoureux et se croire en règle avec Dieu grâce à la satisfaction qu'on retire de cet effort mené à bien.

     

     

     

    Le jeûne du corps est indispensable certes, mais il demeure sans signification, s'il n'est pas accompagné d'un jeûne du cœur.

     

    Jeûner dans son cœur, ce n'est pas clore et fermer son cœur,

     

                c'est réapprendre à aimer sans s'approprier l'autre... ce qui nous guette,

     

                c'est ne pas se lasser de pardonner,

     

                c'est jeûner de soi afin d'être plus soi que nous ne l'étions,

     

                c'est entrer dans la voie du dépouillement et de la mise à nu face à soi-même,

     

                c'est se détourner de la vanité de toute domination, de toute autosatisfaction, des ambitions flatteuses et prétentieuses et des séductions superficielles,

     

                c'est renoncer à Satan, c'est-à-dire à l'idolâtrie de soi et du monde.

     

    Le jeûne de Jésus n'aurait été qu'une performance humaine s'il n'avait été le support de son choix décisif : Dieu plutôt que le monde soumis à son Prince.

     

     

     

    Le Carême est un temps de remise en ordre de notre vie spirituelle, un temps de mise au point comme chacun de nous a besoin de le faire de temps en temps.

     

                C'est le temps des questions qu'on se pose à soi-même sur soi-même, sur ses relations avec Dieu, avec la communauté des croyants et avec tous ses frères.

     

                C'est le temps des remises en question sur nos opinions, nos préjugés, nos passions, nos attitudes de fond, serait-ce pour prendre conscience des blocages auxquels nous ne pouvons rien et avec lesquels "il faut faire"... le mieux possible. Une telle lucidité, jamais totalement accomplie, ne peut être que le fruit d'un très grand courage spirituel.

     

                C'est le temps de nous remettre en présence de la Parole de Dieu, de la relire, de l'étudier, de la mâcher, de s'en nourrir pour grandir dans l'espérance, trouver sens à sa vie et tenter de répondre à cette question : qui est ce Dieu qui m'appelle ?

     

     

     

    On entend dire : "Qu'importe la religion ? toutes mènent à Dieu"

     

                ou encore : "Qu'importe la pratique ? Je prie mieux seul dans ma chambre".

     

                ou bien : "de toutes façons, après la mort, c'est la lumière".

     

    Sans doute y a-t-il quelque chose de vrai dans tout cela.

     

    Mais si les choses étaient aussi simples, pourquoi Dieu aurait-il jugé utile d'envoyer son Fils sur la terre ? Il n'avait qu'à attendre que chacun de nous meure.

     

    Pourquoi a-t-il pris le risque de venir parmi nous et pourquoi Sa seule présence a-t-elle dérangé les hommes au point qu'ils L'ont tué ?

     

    Pourquoi toutes les religions révélées et beaucoup d'autres spiritualités mettent-elles l'accent sur la nécessaire ascèse ? Serait-ce seulement un art de vivre ? une esthétique ?

     

    Toutes ces questions nous font pressentir la relation entre la vie spirituelle, la façon de considérer notre corps et les relations que nous entretenons les uns avec les autres.

     

    Le salut promis ne nous épargnera jamais, non seulement la souffrance propre à chaque homme, mais des choix radicaux dans  la conduite de notre vie humaine.

     

    Que notre esprit ne puisse atteindre les raisons ultimes de cette nécessité n'empêche pas tout homme d'y être confronté.

     

     

     

    Cependant, pour le chrétien, la vie éternelle n'est pas au terme de notre vie. Elle est déjà commencée, déjà donnée par le Seigneur Jésus présent en nous.

     

    Le Carême est donc identification à Jésus en agonie, lui qui a été fidèle au Père dans la nuit totale de l'âme, ratifiant à Gethsémani son jeûne initial de quarante jours.

     

    De même que le salut nous été gagné par le choix humain et les souffrances dans son corps de l'homme Jésus, de même avons-nous à entrer dans la vie de Dieu en empruntant le même chemin, par notre corps et par nos choix humains et spirituels.

     

     

     

    Veillons, intériorisons la Parole de Dieu, adonnons-nous à la contemplation.

     

    Passons du mont de la Tentation au mont des Oliviers et interrogeons Dieu.

     

    Demain, dans la lumière retrouvée, le temps de l'action et de l'annonce.

    fr. André LENDGER


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    Ritonavir.

     

    Ce nouveau médicament, donné en association avec deux autres molécules antivirales, mis au point aux Etats-Unis, renouvelle les espoirs de nombreux malades du sida.

     

    L'introduction prochaine de ce nouveau médicament a déjà donné lieu à des actions de choc de la part d'Act'Up et à une grave polémique.

     

    Tout ce qui touche à cette maladie exceptionnelle suscite des passions !

     

     

     

    La controverse est née autour de la notion de "tirage au sort" des malades qui seront les premiers bénéficiaires de ce nouveau traitement.

     

    Le Conseil National du Sida a accepté, en dernier recours, le principe du tirage au sort des malades. Les associations qui s'occupent des malades du sida ont protesté et le Premier Ministre lui-même s'est prononcé sur la question.

     

    Ce qui est en jeu est une question d'éthique et de justice accès aux soins est un droit imprescriptible pour tout malade.

     

    Le principe du "tirage au sort" livre le malade aux caprices du hasard, ce qui est inadmissible pour toute maladie, et donc pour le sida, maladie symbolique s'il en est.

     

    Est-il imaginable que les responsables du Conseil National du Sida, qui s'occupent en permanence des malades, aient démissionné de leurs responsabilités au point de ne pas tenir compte de l'intérêt de ces derniers ?

     

     

     

    Plusieurs questions se posent qui doivent être dissociées.

     

    Le remède en question sort tout juste de sa phase expérimentale et n'est pas encore produit industriellement à grande échelle. Dans l'immédiat il ne peut pas être livré en quantité suffisante pour soigner l'ensemble des malades qui devraient en bénéficier.

     

    Ce problème technique est propre à tous les démarrages industriels.

     

    Il devrait être réglé le plus tôt possible. C'est une obligation morale.

     

    Si des considérations financières devaient être à l'origine d'un retard ou d'une production insuffisante, ce serait une grave atteinte à la morale.

     

     

     

    Reste que le ritonavir ne pourra pas être produit en quantité suffisante pour satisfaire à nos besoins avant deux ou trois mois. Jusque là un nombre limité de ces produits sera vendu aux pays européens. Le Conseil National du Sida s'est donc trouvé dans l'obligation de dégager des critères pour gérer une pénurie momentanée de produits.

     

    Réduire les décisions du Conseil National du Sida à un simple tirage au sort relève de l'exagération simplificatrice. Des critères objectifs ont été définis. Ils concernent le degré d'évolution de la maladie (nombre de T4, résistance aux thérapies...), les cas les plus graves étant prioritaires. Les décisions ne relèveront pas du seul avis d'un médecin, mais d'une commission. Ce n'est que dans l'hypothèse théorique extrême où deux malades se trouveraient dans un même cas de figure, que serait envisagé un tirage au sort.

     

    Il apparaît que toutes les garanties ont été prises pour éviter de s'en remettre à l'unique subjectivité ou à l'inclination affective d'un médecin, ou à l'arbitraire généralisé.

     

    Tout cela est-il vraiment immoral ?

     

    Ajoutons que le manque de recul ne permet pas de connaître tous les effets de ce remède qui, pour prometteur qu'il soit, ne semble être encore LE REMEDE.

     

     

     

    On ne peut que respecter l'émotion des malades dont le prolongement de la vie à court terme peut dépendre de ce remède. Ils sont en permanence affrontés à la mort et se battent pour continuer de vivre sous peine de tomber dans un fatalisme démobilisateur.

     

    Etre terrassé par la mort, parce que le "sort" n'est pas tombé sur vous alors que le salut semblait en vue, est intolérable !

     

     

     

    Mais cette occasion, les associations européennes et américaines s'occupant du sida n'ont-elles pas péché par égoïsme ? Ignoreraient-elles que l'épidémie est infiniment plus répandue en Afrique qu'en Europe, et qu'elle y revêt un caractère plus dramatique ?

     

    L'immoralité la plus criarde ne réside-t-elle pas dans l'inégalité fondamentale devant la maladie entre pays riches pays pauvres, entre le Nord et le Sud ?

     

    Un européen vaut-il plus qu'un zaïrois ou un burundais ?

     

    Mais quel pays africain pourrait se payer de telles médecines ?

     

    Cette polémique, engagée au nom de la morale, ignore ou accepte l'immoralité plus radicale, plus insidieuse et inquiétante que celle qui est dénoncée, une immoralité aux relents de racisme et de nationalisme : les remèdes, pour nous, les pays riches !

     

     

     

    On croit entendre en sourdine : "Mes malades valent plus que ceux du voisin"

    fr. André LENDGER


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  • Un peuple partout répandu et un Etat existant en un point particulier du monde.

    Peuple et Etat gardent une originalité qui les distingue des autres peuples et Etats.

     

    Le peuple juif semble marqué à tout jamais par son élection divine.

    Des juifs pourront être athées (comme Karl Marx et bien d'autres), ils n'en demeurent pas moins attachés à leurs racines juives.

    Les chrétiens auront beau dire que les juifs ne sont plus le Peuple Elu depuis que Dieu s'est constitué un Peuple Nouveau sans frontières en Jésus-Christ, les juifs n'en continuent pas moins de se comporter en peuple original et distinct des autres. Dispersés parmi toutes les nations, de nationalités différentes, ils demeurent solidaires entre eux grâce à leur passé riche d'espérance, d'épreuves sans nombre, de résistance acharnée dans toutes les périodes de l'histoire. Un peuple unique.

    Même le chrétien d'origine juive garde la marque de sa différence au fond de son être. S'il l'avait oubliée, d'autres chrétiens, en temps de persécution, pourraient bien le lui rappeler, comme ce fut le cas au temps du nazisme. Mais le nazisme est-il vraiment mort ?

     

    Le peuple juif est le Peuple auquel nous devons la révélation de Dieu.

    Aucun autre peuple, quels qu'aient été sa culture et son degré de civilisation, ne devait livrer à l'humanité un semblable héritage.

    Il a été appelé par Dieu, engendré par Abraham. Pour cause de famine il s'est réfugié en Egypte. Immigré, il est devenu esclave et a réussi à fuir sous la direction de Moïse. Il s'est constitué en royaumes fragiles et éphémères, avant d'être déporté à Babylone. Des siècles chaotiques ont succédé où se faisait plus pressante l'attente de l'ELU.

    Lorsqu'il est venu , le Peuple ne l'a pas reconnu. Il s'est révolté contre l'occupant romain, mais les romains l'ont anéanti. Dispersé et sans terre, il a subsisté dans toutes les villes de l'immense Empire Romain, gardant ses traditions, ses fêtes, observant la Loi.

    Lorsque le christianisme est devenu religion d'Empire, les juifs ont été victimes de ségrégation. Nos rois chrétiens ont utilisé leurs talents de banquiers avant de les persécuter et de les expulser, sans oublier, au passage, de les dépouiller de leur argent. Alors que seule leur différence gênait, on les accusa d'être déicides. Beau prétexte ! comme si le Christ n'avait pas été mis en croix par le Péché des hommes, le nôtre autant que celui des juifs ! Ils sont devenus le bouc-émissaire de tous les maux et de tous les péchés de l'humanité.

    Il fallut attendre la Révolution Française pour que les juifs soient reconnus égaux.

    L'antisémitisme n'était pas mort pour autant.

     L'affaire Dreyfus, en France, aboutissement des calomnies longtemps ressassées contre les juifs, en fut l'illustration. Enfin la shoah nazie, doublée de l'antisémitisme soviétique a vu culminer l'horreur.

     

    Comment ne pas comprendre que ces hommes et ces femmes persécutés, rejetés, proches de l'anéantissement, n'aient pas aspiré à retrouver une terre à eux, leur Terre ?

    Le paradoxe veut que ce peuple n'ait pu se réinstaller sur sa Terre qu'en en chassant ses habitants légitimes, eux-même issus du même père commun, Abraham.

    Deux peuples symboliques pour un même territoire !

    L'exacerbation des passions, la différence des cultures, le juste refus des palestiniens d'être spoliés de leur terre ne pouvaient que dégénérer en violence.

    Or les juifs ne revenaient là que parce que nous, chrétiens d'Europe, avions tout fait pour les décourager de rester chez nous.

     

    Pouvons-nous n'être que spectateurs d'un drame que nous avons tant contribué à mettre en scène ?

    Il appartient aux gouvernants de désamorcer un conflit lourd de menaces.

    Mais nos gouvernants ont besoin de savoir quelle conscience nous avons de ce problème où se mêlent, outre la passion, des questions de justice et de tolérance, des questions religieuses et le poids de l'histoire. Aucun de nous ne peut se prétendre innocent.

    Les chrétiens ne peuvent que se sentir solidaires des uns et des autres :

                - tous nous sommes issus du même tronc commun, Abraham.

                - tous nous savons ce que signifie la persécution et l'exclusion.

                - tous nous savons ce que représente le fait d'être expulsé de sa terre.

                - tous nous comprenons l'aspiration à la paix dans la justice.

                - tous nous savons l'importance d'avoir une terre à soi.

    Notre compréhension pour les juifs et les palestiniens est nécessaire.

    Nous avons aussi à demander leur pardon, sans juger qui que ce soit.

    fr. André LENDGER


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  • Un jeûne télévisuel.

    C'est la forme de jeûne à laquelle nous convie Jean-Paul II pendant ce Carême.

     

    Comment entendre ce jeûne ?

    Est-ce une invitation à ne plus regarder la télévision ?

                - ce serait considérer la télévision comme intrinsèquement perverse. Est-ce une exhortation à réapprendre à regarder la télévision ?

                - ce serait considérer la télévision comme un moyen de communication devenu indispensable, mais parfois dévoyé par les usagers.

    Le propos de Jean-Paul II ne vise pas le contenu de la télévision (il sait très bien s'en servir lui-même), mais la façon dont nous en usons ou mésusons.

     

    Il dépend de nous que la télévision nous construise ou nous détruise.

    - Elle peut être source de connaissance, d'enrichissement et de réflexion, elle peut être simple toile d'araignée dans laquelle nous nous empêtrons.

    - Elle peut permettre de se cultiver, de découvrir des oeuvres d'art, des paysages, ou des techniques scientifiques, qu'on ne pourra jamais approcher autrement, elle peut être l'occasion de fuir, jouant le rôle d'une drogue, engendrant un phénomène de dépendance tel que son absence provoquera un "manque".

    - Elle peut aider à vivre des moments difficiles, combler des déboires, elle peut enfermer insidieusement dans une prison, offrant la possibilité d'absorber sans distinction tout ce qu'elle propose, se substituant à la nécessité d'agir.

    - Elle peut inciter à créer par imitation, serait-ce à faire soi-même ses propres films, elle peut pousser au crime par fusion et identification.

    - Elle est conçue pour la communication, elle peut servir d'excuse pour ne pas communiquer et figer le silence entre les êtres : le repas familial pris les yeux rivés sur l'écran, chacun gardant pour soi ses émotions. Demain, à chacun son poste dans le même mutisme.

     

    La télévision a sa part dans l'instabilité et la violence qui atteignent tant de jeunes.

    Pourquoi s'en étonner quand on sait l'utilisation qu'on leur permet d'en faire ?

                - elle sert de baby-sitter à de nombreux parents qui lui confient la garde de leurs enfants, les habituant - parfois dès leur naissance - à la brillance de l'image.

                - les enfants ont libre accès à la violence qui s'étale sur les "petits écrans".

                - nombre de jeunes regardent les films pornographiques, parfois en famille.

    Les adultes - les parents en particulier - n'ont pas à s'étonner des difficultés des jeunes, quand ils en font les complices de leurs propres faiblesses.

    Ce sont eux les premiers responsables, non les programmes de télévision.

     

    Que veut dire faire un jeûne télévisuel ?

    S'abstenir totalement de télévision ? Non, mais :

                - réapprendre à maîtriser notre laisser-aller, à retrouver notre liberté, à faire des choix de programmes, à ne plus nous laisser capturer par la première image venue.

                - nous arracher à l'usage anarchique que nous pouvons en faire pour lui redonner sa valeur de communication, d'information et de formation, de diffusion des connaissances et d'enrichissement des débats, de détente légitime et de plaisir sain.

    Jeûner de télévision, c'est lui redonner personnellement et communautairement son rôle de moyen de communication et de rencontre de l'autre qu'elle est par définition.

    La télévision est au service de l'homme.

    L'invitation du pape à faire un jeûne télévisuel semble d'autant mieux venue qu'elle rejoint chacun d'entre nous dans sa responsabilité personnelle.

    Nous faisons toujours de la société le bouc-émissaire des désordres de notre temps.

    Volontiers nous oublions la part que nous y avons : la société commence par nous.

    La télévision n'est responsable des difficultés que nous connaissons que parce que moi, personnellement, je m'en fais l'esclave, incapable de la dominer.

    Elle n'est éducative ou contre-éducative que selon l'usage que nous en faisons.

     

    Le jeûne télévisuel est la remise à plat de nos comportements de téléspectateurs.

    Sommes-nous consommateurs ou acteurs ? Tournons-nous le bouton par habitude ou par choix ? Cherchons-nous à nous évader ou à mieux connaître le monde et nous-mêmes... l'autre et le Tout-Autre ?

    fr. André LENDGER


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    Assistons-nous au triomphe des spiritualités molles ?

     

    La spiritualité est-elle malléable selon le sentiment de chacun ?

     

     

     

    La spiritualité chrétienne contemporaine est de plus en plus d'éléments étrangers, parfois enrichissants, souvent hétérogènes et destructeurs :

     

    . ils viennent d'être promus au rang de mythe et de creuset de sagesse spirituelle.

     

    . ils viennent de la sensibilité vive et fragile de nos contemporains qui identifient la vérité de leur spiritualité à ce qu'ils ressentent, refusant le silence de Dieu et de leur être.

     

    . ils viennent de la croyance en la réalité de forces obscures, d'esprits maléfiques, ondes et courants magnétiques avec lesquels il faut composer.

     

    . ils viennent de la culture fantasmatique proposée par les médias.

     

    . ils viennent de l'ignorance de la plupart des chrétiens qui n'ont pas plus tôt reçu la foi qu'ils en oublient le contenu : la transmission de la foi est en question.

     

    Accueillante à toute valeur humaine, la spiritualité chrétienne est vulnérable.

     

     

     

    La spécificité chrétienne se retrouve trop souvent dans un océan de bonne volonté, d'émotivité et de faux respect de l'autre qui finit par la défigurer : le Christ est mélangé aux divinités orientales ou aux figurines magiques, le vocabulaire est emprunté à des pensées étrangères et transplanté tel quel sans analyse, l'exotisme affectif attire.

     

    De nombreux chrétiens sont d'autant plus enclins à adopter les façons de parler et de croire de certaines autres religions ou à faire crédit aux sorciers que les uns et les autres intègrent le Christ et les signes chrétiens dans leurs rites et leurs prières et paraissent tolérants.

     

    Mais de quel Christ parle-t-on ? Ne s'agit-il pas d'un Christ émasculé, sans danger, réduit à l'état de simple sage ou de statuette magique, désintégré, "digéré" sans avoir servi de nourriture ? Confessent-ils le Christ ou l'utilisent-ils, faute de l'avoir jamais rencontré ?

     

    Peut-on encore parler de bienveillance et de tolérance, lorsque le message chrétien a été dépouillé de sa pointe ? Si religions et sorciers reconnaissaient le Christ pour ce qu'il est réellement, ils seraient acculés à des choix plus radicaux qu'une simple invocation verbale qui ne leur coûte rien et ne les engage à rien. Le Christ, en effet, appelle  à la reconnaissance et à la confession de son unique personne comme voie de salut, ce qui ne peut qu'entraîner l'abandon des pratiques et des pensées païennes.

     

     

     

    Le chrétien,  au contraire, est celui qui a été réveillé de sa torpeur païenne par la parole de l'évangile et qui a découvert que là résidait le secret de sa vie.

     

    Il sait que le syncrétisme, mélange de pensées et de traditions religieuses diverses, est une mauvaise réponse à l'accueil respectueux de la foi de l'autre, car il la trahit.

     

    Pour le chrétien, le syncrétisme n'a pas plus de goût qu'un mets dénaturé.

     

     

     

    Chrétien celui ou celle qui se tourne vers des sorciers ou des guérisseurs lorsqu'il est assailli par de graves problèmes ? Que fait-il de la victoire du Christ sur les forces du mal ? Même si certains guérisseurs ont des dons particuliers indéniables (et ceux-là se font souvent modestes), la démarche initiale traduit un manque de confiance dans la force du Christ.

     

    Mettre sur un pied d'égalité avec Bouddha Ramakrishna par exemple, c'est ne pas avoir perçu la nouveauté et la profondeur radicales de l'œuvre salvatrice de Jésus, sans pour autant dénier aucune valeur aux autres voies spirituelles.

     

    Accepter la réincarnation, c'est ignorer que le Christ a vaincu la mort par sa résurrection, et qu'il n'y a plus à renaître. Certaines personnes peuvent avoir le sentiment d'avoir déjà vécu un certain nombre de situations actuelles dans des vies antérieures, mais notre imagination et notre sensibilité sont loin d'être infaillibles ! La religion n'est pas réductible à la sensibilité ni aux émotions. Elle a une base moins fragile, la Révélation !

     

     

     

    La foi chrétienne n'est pour autant supérieure aux autres religions.

     

    Elle en reconnaît la valeur avec d'autant plus de liberté qu'elle est enracinée dans la Croix du Christ, seul lieu d'où l'on peut contempler et comprendre le monde.

     

    Elle sait que toutes les religions manifestent à la fois le souci des hommes à l'égard de Dieu et la présence du Dieu unique au milieu des hommes.

     

    Traditions, histoire et culture de chaque peuple ont toutes quelque chose à nous dire de la part de Dieu. Nous avons à les accueillir et à nous en enrichir.

     

    Le chrétien ne peut que s'émerveiller de la puissance de Dieu et du Christ déployée dans les oeuvres, les pensées et les prières des croyants-autres.

     

    Il peut s'étonner de la lenteur de Dieu à parachever son oeuvre dans l'unité.

     

    Il y voit un mystère et une espérance.

    fr. André LENDGER


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