• 01/01/1995 - L'année, endeuillée par des conflits d'une rare barbarie

    L'année, endeuillée par des conflits d'une rare barbarie, internes à plusieurs Etats, pour cause de différences ethniques, religieuses, idéologiques, d'aspirations indépendantistes..., s'ouvre sur la promesse d'un renouveau du terrorisme avec prise d'otages, commandos kamikazes, attentats spectaculaires.

     

    Qu'il s'agisse des victimes tutsies ou hutues au Rwanda et au Burundi, qu'il s'agisse de la purification ethnique en Bosnie, ou de la prise en otage des passagers d'un avion, ce sont les innocents et les sans défense qui paient.

    Peu importe que celui qu'on tue, celle qu'on viole, ceux qu'on déplace ou dont on menace la vie, partagent ou non les opinions de ceux qui les terrorisent. Ils ne sont pas plus que du bétail, simples objets réduits au mutisme, monnaie d'échange d'un marchandage qui s'opère par-dessus leur tête, impuissants à peser sur leur sort.

    La seule faute qu'ils ont commise est d'être né dans tel village, d'appartenir à telle race... ou d'être monté dans tel avion.

     

    Otages et victimes d'un fanatisme dont nous connaissions déjà la possibilité de nuire grâce aux camps nazis et aux goulags russes.

     

    Toutes ces actions ont, aux yeux de leurs auteurs, des justifications :

                . rectifier des injustices historiques dues aux guerres et à la colonisation.

    . désigner "le" responsable des maux dont souffre une population.

                . changer les règles du jeu politique et économique.

                . faire connaître une cause quand on croit ne pas disposer d'autre arme.

                . obéir à Dieu.

    Toutes ces justifications masquent sentiments moins nobles :

                . une volonté de s'imposer, d'écraser, de réduire l'autre au néant.

                . l'incapacité à exprimer son affectivité autrement que par la violence.

                . le désir de semer le chaos chez celui qu'on méprise et qu'on hait.

                . le rejet de toute forme de culture et l'adhésion à des slogans simplistes.

                . l'affirmation machiste de soi, pouvant aller jusqu'à la mégalomanie et permettre des sacrifices grandiloquents au nom d'un Dieu transformé en idole.

    Nous sommes tous concernés par le terrorisme.

    Non que nous soyons tous menacés de devenir victimes ou otages, mais nous sommes tous, par notre péché, porteurs de ce germe de mort qu'est le terrorisme :

    . nous avons nous aussi des sentiments peu nobles et des passions destructrices.

                . nous contribuons à faire naître une société qui ne favorise ni la culture ni la foi.

                . nos familles ne facilitent pas toujours l'équilibre affectif des enfants.

                . même si nous faisons profession de pacifisme et de tolérance, cela risque bien souvent de n'être que neutralité ou dérobade, refus ou incapacité de faire des choix.

     

    Or dans un monde comme le nôtre, les jeunes ont besoin de se situer. Faute de quoi certains iront chercher dans les extrêmes - y compris le terrorisme - la réponse à leurs questions, à leur mal-vivre, à leur chômage, à leur immaturité, à leur agressivité...

     

    Il est donc nécessaire d'affirmer que le des chrétiens n'est pas un dieu avide de sang ou de vengeance. Tout au contraire il est un Dieu-victime.

    Victime Innocente à laquelle toute victime innocente s'identifie.

    Aucune cause ne saurait justifier à nos yeux de faire des victimes supplémentaires.

    Toute victime ajoute au poids de la Croix sans apporter aucun salut nouveau.

     

    Le chrétien ne saurait donc répondre au terrorisme par un autre terrorisme. La vengeance est bannie de son vocabulaire.

    Il ne peut qu'imiter Jésus : proclamer sans cesse la bonté, l'amour et la proximité de Dieu fait homme et victime, prier pour ses bourreaux.

    Mais il doit aussi, à sa suite, travailler à rompre le cercle des victimes, faire oeuvres de résurrection dans le monde et empêcher que coule à l'avenir le sang innocent : établir la justice entre les hommes, éduquer les enfants, donner du travail et une raison de vivre à chacun, fournir un abri à ceux qui sont sans toît, respecter les pauvres, accueillir ceux que tout le monde rejette, savoir pardonner.

     

    Si nous nous efforçons de vivre ainsi l'évangile, 1995 préparera un avenir meilleur.

    fr. André LENDGER

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