•  

    Aurélie est morte. Elle avait été fortement "secouée" par sa mère. Trop fortement. Involontairement trop.

     

     

     

    Où se situe ce "trop" ?

     

    Est-ce le geste ?

     

    Est-ce la condition de cette jeune mère de 23 ans, écrasée par le fardeau de six enfants, par des concubins alcooliques et violents, par une enfance douloureuse ?

     

    Elle-même avait été maltraitée, non-aimée ou mal-aimée.

     

    Est venu un moment où ce "trop" a fait poser le geste fatal.

     

     

     

    On peut se dire : "si elle avait choisi un homme d'une toute autre sorte, sobre, travailleur, aimant, attentif, attentionné, elle n'aurait jamais eu ce geste. Elle aurait trouvé son équilibre en découvrant un amour."

     

    Mais qui dit qu'elle n'aimait pas, tout en souffrant des coups et de l'alcool ?

     

    Lui était-il possible de rencontrer l'homme idéal, celui qui lui aurait assuré sécurité et bonheur de vivre, choyant ses enfants ?

     

    L'inclination du cœur ne conduit-elle pas les êtres fragiles à s'attacher à des êtres qui partagent leur fragilité ?

     

    La raison peut d'autant moins peser sur les sentiments qu'elle est elle-même prisonnière du déséquilibre de l'affectivité.

     

    C'est le cas de ceux qui ont été blessés par un manque d'amour initial.

     

     

     

    Cette jeune femme pouvait-elle résister à l'attirance envers des êtres aussi démunis qu'elle, qui ne pouvaient que l'abîmer encore davantage ?

     

    Est-il si facile de rompre l'enchaînement des causes ?

     

    Peut-être n'a-t-elle pas eu la chance de rencontrer la personne qui lui aurait permis de réfléchir sur elle-même, de prendre du recul...

     

    Cela a fonctionné comme une mécanique subtile qui l'a broyée.

     

     

     

    La maman d'Aurélie aurait pu ne pas commettrel'acte fatal.

     

                On peut le dire ou le penser.

     

    Elle n'a d'ailleurs pas voulu tuer.

     

                Uniquement secouer l'enfant pour trouver son repos.

     

    Est donc arrivé, seule évidence surgie du fond de la douleur, le moment de l'acte.

     

                Ce qui n'était que possible est advenu !

     

    Elle aurait pu... elle aurait dû...

     

                Autant de vœux pieux !

     

     

     

    La liberté inscrite au cœur de chaque personne nous fait penser que tout n'est pourtant pas réductible, dans nos conduites, aux problèmes d'enfance.

     

    Mais notre liberté faite chair ne peut pas faire l'économie de notre enfance.

     

    Notre enfance nous poursuit. Parfois même elle nous rattrape.

     

    Elle n'est pas contraignante au point de nous conduire à commettre l'irréparable.

     

    Pourtant l'irréparable y est inscrit. Il nous est antérieur.

     

     

     

    Dure réalité qu'il nous faut avoir le courage de prendre en compte.

     

    Non pour trouver des circonstances atténuantes, mais parce que c'est la réalité.

     

    Celui qui tue a déjà été tué quelque part en lui.

     

    C'est ce mécanisme, cette fatalité, qu'il nous faudrait pouvoir enrayer.

     

     

     

    Le Christ, disons-nous, a vaincu la fatalité en repoussant les frontières de la mort.

     

    Le Christ, disons-nous, nous a révélé l'amour total et absolu de Dieu.

     

    Le Christ, disons-nous, nous éclaire sur l'amour que nous nous devons les uns aux autres, en signe de l'amour dont Dieu nous aime. Il nous en donne la force.

     

    Pourtant des hommes et des femmes croyants, assoiffés d'amour, donnent la mort.

     

    Que Dieu continue de les aimer est une évidence.

     

    Mais pourquoi cet échec de l'amour humain, de la foi, de la charité ?

     

    La question s'adresse à chacun de nous et à nos communautés.

     

    Comment "faire passer" l'amour de Dieu dans la réalité personnelle et sociale ?

    fr. André LENDGER


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    Jeannie Longo a gagné son "contre la montre".

     

    Un exploit pour une femme de 37 ans.

     

    Qu'est-ce qui la fait donc courir et qu'est-ce qui fait courir les athlètes ?

     

     

     

    Nous pouvons imaginer qu'ils courent pour l'argent.

     

    Dans un temps où la gratuité n'est pas monnaie courante, l'argent ne serait-il pas l'appât qui donne des ailes aux compétiteurs.

     

    Nous le savons, l'argent abonde de façon parfois scandaleuse dans les milieux sportifs, au risque de dénaturer les compétitions et de déplacer les enjeux.

     

    Mais ramener les athlètes à cette seule donnée, c'est réduire le sportif à ne désirer rien d'autre qu'une fortune vite gagnée et projeter sur lui nos propres fantasmes jaloux.

     

    L'argent contribue certainement à motiver les athlètes, mais il ne suffit pas.

     

    Il faut aussi des qualités, non seulement physiques, mais psychologiques et humaines, à commencer par la capacité à  entrer dans une sévère discipline de vie.

     

    Cette là une qualité qui fait malheureusement défaut à la jeunesse contemporaine pour laquelle le sport, avec ses exigences, pourrait constituer une bonne école de vie.

     

     

     

    Nous pouvons imaginer que les athlètes courent pour acquérir la gloire qui leur permettra de voir leurs noms et leurs photos largement popularisés. On parlera d'eux comme de vedettes ou d'idoles. Ils deviendront des héros légendaires !

     

    Qu'il y ait un tel narcissisme chez les athlètes, c'est bien naturel.

     

    Le narcissisme est propre à tous ceux qui se donnent en spectacle.

     

    L'athlète est un artiste dont la scène est le stade, le gymnase, la patinoire, le ring...

     

    La satisfaction narcissique est une juste récompense pour ceux qui cherchent à ne pas décevoir le public devant lequel ils se produisent et en attendent les ovations.

     

    Injustement décrié, le narcissisme est une composante essentielle de notre équilibre... à condition de ne pas s'y complaire et s'y figer.

     

    Toute personne humaine a besoin de se savoir regardée d'une façon qui lui donne confiance et valeur. Car ce que nous sommes à nos yeux passe par le regard des autres.

     

    Se savoir estimé est bon, prendre plaisir à la flatterie ou à l'adulation est trompeur, se croire condamné est destructeur.

     

     

     

    Nous pouvons encore imaginer que les athlètes courent pour le plaisir de dominer,d'écraser les autres, qu'ils ne pas se contentent pas de se dire :

     

    "je suis le meilleur" (narcissisme), mais qu'ils ajoutent : "

     

    les autres sont moins que rien !"

     

    Est-il encore "grand" celui qui méprise les autres ? Son dédain le disqualifie.

     

    Et lorsqu'un "petit" se prenne pour un "grand" ? Nous frisons le tragique et le ridicule !

     

     

     

    Il n'est pas bon de vouloir dominer les autres. Il est bon de vouloir être le premier.

     

    C'est dans ce paradoxe qu'il faut chercher la voie de l'athlète et la nôtre, le "dieu" du stade n'étant qu'une image de ce que nous sommes appelés à devenir.

     

    A chacun d'entre nous il est demandé d'être le premier.

     

    Etre le premier dans sa propre vie est une nécessité vis-à-vis de soi-même, en dehors de toute rivalité malsaine et de toute comparaison, dans la paix avec les autres.

     

    Etre le premier, cela consiste à accomplir au mieux notre tâche, à aller jusqu'au bout de nous-mêmes dans le don et l'amour.

     

    Ce que tente l'athlète sur le stade, nous avons à l'accomplir dans nos vies souvent dénuées de toute ambition au point de nous "laisser aller".

     

    Etre le premier dans la vie en refusant qu'il y ait un dernier !

     

     

     

    Les dieux du stade nous rappellent à notre vocation : appelés à devenir Dieu.

     

    L'athlète cherche à dépasser ses propres limites, par désir et volonté de parvenir au maximum de ses possibilités, du don de lui-même. Il en touche les dividendes sensibles.

     

    Le désir qui est au cœur de l'effort athlétique est-il sans dimension spirituelle ? Etre le "premier" dans le don et le dépassement ne déborde-t-il pas le seul domaine sensible ?

     

    L'athlète est l'image des exploits à accomplir pour être "premiers" dans nos vies. A nous de passer de l'image à la réalité : être "premiers" pour Dieu ?

     

     

     

    C'est l'enseignement explicite de Saint Paul "Ne savez-vous pas que dans les courses du stade, tous courent, mais un seul remporte le prix. Courez donc de manière à le remporter. Tout athlète se prive de tout; mais eux, c'est pour obtenir une couronne périssable, nous, une impérissable..."(I Co.9, 24-25)

    fr. André LENDGER


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    L'argent.

     

    Nécessaire et porteur de mort.

     

     

     

    "L'argent-roi".

     

    L'expression montre l'importance qu'a pris l'argent.

     

    Qui n'a besoin d'argent ? Qui ne se plaint d'en manquer ?

     

    La société de consommation, qui crée les besoins et multiplie les désirs, impose le recours à toujours plus d'argent. Elle institue un véritable culte de l'argent.

     

    Seul l'argent permet d'acquérir ce qui est proposé, et qui est censé plaire.

     

     

     

    L'argent est porteur de rêve.

     

    Il n'a pas plutôt permis de répondre aux besoins élémentaires de loyer, d'eau, de téléphone, d'électricité... qu'il conduit à penser à la voiture, au voyage et aux loisirs.

     

    L'argent n'a pas plutôt libéré qu'il enchaîne. Il libère en enchaînant.

     

    Car l'argent, c'est la possession, le pouvoir, et nous savons qu'en ce domaine, l'homme ne connaît pas de limites.

     

    Il désire le monde entier.

     

    Le monde entier ne lui suffit même pas. Il désire plus encore : être Dieu.

     

    Mais personne ne peut être Dieu et personne ne peut posséder tout ce qu'il désire, car un désir satisfait appelle un autre désir, dans une spirale sans fin. Jusqu'à la frustration !

     

     

     

    L'argent ne demande qu'à prendre toute la place et la place de tout.

     

    La place dans le souci quotidien de le gagner.

     

    La place dans l'art d'organiser les dépenses, sous peine de courir à la ruine.

     

    La place dans la vie d'un couple où il est souvent source de conflits.

     

    La place dans les relations avec les enfants :

     

                - l'argent, lorsqu'on en a, a tendance à remplacer les contacts affectifs, les discussions, les échanges, l'éducation, l'expression de l'amour dont l'enfant a besoin.

     

                - lorsque l'argent manque, son absence devient également prétexte pour abandonner l'enfant à lui-même, car il reste la valeur de référence pour l'échange humain.

     

    L'argent, par excès ou par défaut, devient le substitut de l'amour dans les relations familiales. L'enfant ne découvrira que plus tard qu'il été mal aimé. Lui-même n'aura, à son tour, appris ni à aimer ni l'effort pour gagner son argent ni la discipline pour le dépenser.

     

     

     

    L'argent ronge nos vies.

     

    Si nous en manquons, nous sommes rejetés aux marges d'une société pour laquelle il est le point de référence, le critère de toute valeur.

     

    Si nous en avons, nous risquons de nous faire illusion sur nous-mêmes, nous prenant pour estimables quand seule notre fortune l'est. Nous croyons être plus et mieux que les autres, alors que nous ne faisons qu'avoir plus.

     

    L'argent, sur lequel nous nous appuyons pour paraître, ne fait-il pas de nous des outres vides, fermant notre cœur aux valeurs spirituelles et au souci de l'autre ?

     

    Il n'est même pas nécessaire d'être riche pour en arriver à ce rétrécissement du cœur.  Il suffit d'estimer que l'argent est le seul bien qui compte pour l'homme et que lui seul - et non pas l'esprit ou le cœur - est la valeur suprême.

     

     

     

    La pauvreté serait-elle la voie pour sortir du piège de l'argent ?

     

    Oui. A condition de ne pas la confondre avec la misère qui a le même effet pervers que la richesse : elle aliène l'homme, l'empêche de penser et lui retire toute liberté.

     

    Le riche a troqué son cœur contre son avoir par accumulation de biens et d'argent.

     

    Le miséreux se voit fermer la porte de l'être par indigence, par manque d'avoir.

     

    Richesse et misère sont les deux ennemis de l'homme, les deux fléaux de nos sociétés contemporaines, qui divisent le monde.

     

     

     

    Qu'est la pauvreté sinon l'art de se suffire du nécessaire ?

     

    Celui qui choisit la pauvreté impose une limite à son avoir : la place de l'autre.

     

    Son superflu, afin de ne pas succomber à la tentation de l'accumulation et de ne pas oublier son frère et son prochain, il décide de le partager, non pour se faire des obligés, ni pour entretenir le laisser-aller, l'alcoolisme, le manque d'initiative ou la dépendance chez l'autre, mais pour tenter de le mettre sur un chemin de libération et d'autonomie.

     

    "Heureux les pauvres, le Royaume de Dieu est à vous"

    fr. André LENDGER


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    Bob Denard , le mercenaire.

     

    Un homme fidèle à ses "amours comoriennes".

     

    Un homme qui a prétendu régler à sa façon les affaires intérieures d'un pays auquel il demeurait étranger, quoi qu'il veuille et quoi qu'il fasse.

     

     

     

    On ne peut pas totalement le blâmer, dans la mesure où les Etats donnent l'exemple en ne se privant pas d'intervenir dans les affaires intérieures les uns des autres.

     

    Mais ils le font avec plus de subtilité, que ce soit au nom de principes moraux et humanitaires tels que la promotion de la démocratie ou les secours d'urgence, ou que ce soit, de façon moins altruiste, au nom de leurs intérêts nationaux bien compris.

     

    Bob Denard, lui, n'est qu'un aventurier qui a toujours saisi la première occasion pour combler son besoin d'aventure, sans s'occuper d'autre éthique que de lui-même.

     

     

     

    L'intérêt de sa dernière équipée vient de l'accueil qu'il a reçus le pays où il est intervenu : pas de résistance sérieuse, la faveur de l'armée, la vie qui a repris son cours...

     

    Il semble que son coup de force ait bénéficié d'une apathie sinon d'une sympathie assez générale étant donnée la situation économique et politique de l'archipel.

     

    S'il n'a pas fait figure de libérateur, il n'a pas été rejeté.

     

    Sans l'intervention des forces françaises - qui ont fait plus de morts que lui-même n'en avait fait -  il serait sans doute encore en place.

     

     

     

    Une telle opération, aussi facilement réussie, n'a pu se monter qu'avec des complicités de l'intérieur, des hommes qui attendaient de lui ce "service".

     

    A nos yeux, Bob Denard apparaît comme "l'étranger", avec tout ce que cette expression comporte de parasitaire, de cynique et de monstrueux.

     

    Il ne semble pourtant pas avoir été ressenti de cette façon par les comoriens. Il a plutôt fait figure d'étranger bienvenu. Mais peut-être convient-il de distinguer :

     

                - la population. Elle ne s'est pas vraiment plainte de ce recours à l'"étranger". Grâce à lui a pu se produire un changement politique espéré. Sinon, comment un homme aussi discrédité et éculé que Bob Denard aurait-il pu représenter la nouveauté ?

     

                - les bénéficiaires immédiats de son action. Ils ont sans doute utilisé  l'étranger Bob Denard à des fins personnelles et égoïstes pour prendre le pouvoir.

     

                - quant  Bob Denard lui-même, il n'a pu entrer dans cette machination que parce qu'il s'est cru indispensable, en mission libératrice, obsédé qu'il était par ces îles.

     

    Il n'a agi en fait qu'en aventurier, en vulgaire colonialiste venu établir son ordre.

     

    Qui manipulait qui ?

     

    Bob Denard a-t-il été manipulé pour se jeter dans la gueule du loup ? Se serait-on débarrassé de lui, une fois rendu le service qu'on en attendait ? Qu'importe !

     

     

     

    Cette péripétie comorienne est pour nous tous un avertissement.

     

    Bob Denard est partout et les Comores sont universelles.

     

    Tous les aventuriers et tous les mercenaires ne viennent pas avec des armes militaires. Certains ont d'autres types d'armes : la séduction, la parole, les images, les idées...

     

    Ceux-là viennent chez nous sous les dehors de l'agneau ou même du bon pasteur. Etrangers, ils sont auréolés d'un prestige qui inspire révérence et admiration. Comblés d'attraits, pourvus d'un langage fascinant, d'une pensée apparemment nouvelle, ils attirent et détournent les hommes, interviennent dans des affaires et des lieux où ils n'ont rien à faire, déséquilibrent, divisent par plaisir et goût de la publicité, sans grand souci de la vérité, encore moins des lendemains chez ceux qu'ils auront visités et peut-être ravagés.

     

    Ces néo-colonisateurs se croient indispensables là où ils ne le sont pas vraiment !

     

     

     

    Combien de personnes et de pays, souffrant d'un malaise, sont prêts à s'en remettre à de tels prophètes sans plus d'examen sur leur renommée ! Combien sont prêts à les suivre, croyant défendre des causes nobles et justes quand elles ne sont que des appâts posés là avec la complicité de quelques politiciens manipulateurs, prêts à en tirer profit !

     

     

     

    Pourtant l'accès à la parole doit rester libre pour tous, prophètes et faux-prophètes.

     

    A ceux qui les écoutent de faire le tri et d'opérer un discernement.

     

    Tel est le prix risqué de la liberté qui va de pair avec la recherche de la vérité.

     

     

    fr. André LENDGER


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    Des saints et des morts.

     

    Deux journées de prière se suivent, souvent mêlées et confondues.

     

    Les saints appartiennent à un monde supérieur et les morts nous font peur.

     

     

     

    La confusion entre les deux "fêtes" vient de ce que nous croyons que les saints sont d'une essence supérieure et doués de grands pouvoirs bienfaisants, tandis que les morts dont nous fleurissons les tombes nous paraissent encore fort éloignés de la gloire de Dieu.

     

    Nous mettons notre confiance dans les premiers tandis que nous nous inquiétons souvent du sort et de la proximité des seconds .

     

    Notre façon de concevoir et de mêler les deux célébrations nous empêche de comprendre le sens de ces jours de prière et le sens de notre vocation de baptisés.

     

     

     

    Les saints ne sont pas seulement au ciel.

     

    Ils sont sur la terre.

     

    "Ils sont", et non pas "ils ont été".

     

    Nous estimons souvent que la sainteté n'est pas pour nous, que nous n'en sommes pas dignes, que nous sommes incapables des vertus qu'ont pratiquées les saints portés sur nos autels, que nous sommes écrasés par le poids de notre péché et de notre faiblesse.

     

    Nous n'imaginons pas la sainteté en dehors de l'effort héroïque des hommes.

     

    La sainteté, à la force du poignet !

     

     

     

    C'est ne rien comprendre à ce qui est au centre de notre foi :

     

                - Dieu seul est saint.

     

                - la sainteté n'est à la portée de personne, et aucun homme, quels que soient ses efforts et sa volonté, ne peut parvenir à la sainteté si Dieu ne la lui donne.

     

                - or Dieu s'est donné à nous tous de telle sorte que nous sommes tous dignes d'être appelés "saints", d'une sainteté acquise au jour de notre baptême.

     

    Puisque Dieu habite en nous, Père, Fils et Esprit, nous sommes tous saints...

     

                ...non pas de notre sainteté à nous - qui sommes tous défaillants - mais de Sa sainteté à Lui, Dieu, qui est en nous.

     

     

     

    Nous ne vivons pas en saints ?

     

     ne veut pas dire que nous ne sommes pas des saints, mais que nous ne vivons pas de la sainteté de Celui qui vit en nous.

     

    Parce que nous manquons de courage ? Ce n'est pas si sûr.

     

    Ce qui nous fait le plus défaut, c'est la prise de conscience de ce que Dieu a fait pour nous et continue de faire jour après jour.

     

    Cela seul peut nous donner le dynamisme propre à honorer notre dignité de saints.

     

     

     

    Ceux qui nous ont précédés dans la mort

     

    ont connu les mêmes tribulations, espérances et échecs que nous, mais la grâce de leur baptême est devenue gloire.

     

    Ils sont notre image anticipée.

     

    Ils ont été ce que nous sommes dans notre banalité quotidienne et ils nous annoncent ce que nous sommes appelés à devenir : des saints en qui a été brûlé tout ce qui pouvait porter atteinte à la sainteté du Dieu vivant en eux.

     

    Notre foi nous assure que, si douloureuse soit notre séparation d'avec ceux qui nous ont précédés dans le Royaume, ils sont dans la paix et l'unité de leur être.

     

    Ils continuent de vivre parmi nous par le souvenir, parfois par le sentiment d'une présence et d'une attention diffuses, mais toujours dans la foi et la communion.

     

     

     

    Nous n'avons rien à craindre des morts.

     

    Ils ne reviennent pas pour nous terrifier ni causer quelque malheur.

     

    Ils ne peuvent même pas servir d'intermédiaire pour quelque action nuisible que ce soit, si criminels aient-ils été sur cette terre.

     

    Si nous leur demandons de faire le mal et que ce mal arrive, ce n'est pas eux qui l'ont causé, c'est nous qui le commettons.

     

    Eux, ils sont dans la lumière et ils ne peuvent plus être que lumière.

     

     

     

    Toussaint et Jour des Morts ont ce point commun d'être la fête des vivants.

     

    Vivants de cette terre et vivants en Dieu.

     

    Saints, nous le sommes radicalement.

     

    Il nous reste à devenir, jour après jour, ce que nous sommes déjà.

    fr. André LENDGER


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