• 13 octobre 1996 - Le difficile chemin de l'enfance.

    L'affaire Dutroux a attiré l'attention sur les problèmes de pédophilie.

    La question n'était pas nouvelle mais restait limitée à ce qu'on appelle des "cas".

    Cette fois il ne s'agit plus de "cas", mais de réseaux structurés.

    Qui dit "réseaux", dit "argent".

    Ce n'est pas seulement de pédophilie qu'il faut parler mais d'exploitation, exploitation de la misère sexuelle des uns et de la faiblesse des autres pour s'enrichir.

    Le choc causé par cette affaire tient à la gravité des faits (enlèvements, séquestration, morts), à leurs ramifications obscures et aux complicités dont a pu bénéficier son exécutant.

    Mais le choc n'aurait pas été aussi brutal s'il s'était produit ailleurs.

    Tout le monde était au courant du tourisme pédophile, mais c'était loin !

    On n'approuvait pas, mais on ne se sentait pas concerné.

    Cette affaire doit nous éveiller à d'autres sévices, tout aussi graves, qui atteignent de nombreux enfants dans le monde, sans être toujours liés au sexe.

    Dans nos pays ce ne sont que de rares cas. Ailleurs ils se produisent à grande échelle.

    Ils font partie des structures économiques et avoisinent l'esclavage pur et simple.

    De très jeunes filles (encore des enfants) sont employées comme bonnes, mal nourries, écrasées de travail, à peine rétribuées, frappées, violées... dans de riches familles.

    De très jeunes enfants sont mis au travail pour presque rien dans des conditions difficilement imaginables (parfois attachés). Ils ne tardent pas à tomber malades et à mourir.

    Comme dans les affaires sexuelles, il s'agit bien ici encore d'exploitation d'êtres sans défense pour gagner le maximum d'argent tout en satisfaisant les caprices des riches.

    Faudra-t-il attendre que des enfants de nos pays subissent le même sort pour nous soulever contre des pratiques dont nous sommes les bénéficiaires économiques directs ?

     

    Les enfants de nos pays sont-ils à l'abri des tempêtes ?

    Leur éducation n'est pas facilitée par l'environnement social.

    La fragilité affective des parents est souvent déséquilibrante pour les enfants. La violence, les divorces, l'alcoolisme... sont la source de nombreux troubles du comportement.

    Nous essayons de nous donner bonne conscience en incriminant la télévision, le cinéma, la musique contemporaine... Mais la télévision et le cinéma font-ils autre chose que nous renvoyer notre propre image, et la musique n'est-elle pas l'écho d'une société désaccordée et brutale, parfois désespérée et infernale ?

    Nous pouvons rêver d'une famille idéale et sans faille, permettant aux enfants de s'épanouir en toute harmonie. Mais une telle famille n'existe pas.

     

    Serait-il souhaitable que les enfants soient à l'abri de tout ce qui peut leur faire mal ?

    Protéger les enfants, est-ce leur éviter la confrontation avec les difficultés inhérentes à toute vie sociale et communautaire et avec la violence qui en découle ?

    Le mal fait partie de la vie humaine.

    L'enfant le sait d'instinct, lui qui connaît déjà la jalousie, l'entêtement, la paresse...

    Protéger l'enfant, c'est bien sûr lui éviter des traumatismes dont il ne se relèverait pas, et qui le rendraient psychologiquement et affectivement estropié pour toujours.

    Mais n'est-ce pas aussi l'écouter, entendre sa souffrance et son trouble pour l'aider à les dédramatiser et à les situer en lui, pour lui apprendre à faire face au mal, à le surmonter, à en accepter les blessures sans en être détruit et sans être tenté de détruire à son tour ?

    N'est-ce pas cela le préparer à sa vie d'adulte ? une vie qui ne doit être menée ni dans l'esprit de crainte ou de dérobade, ni dans l'esprit de vengeance et de haine, mais avec le courage et la force nécessaires pour affronter la vérité du monde et la sienne.

    Il n'est pas possible de grandir en humanité sans rencontrer l'adversité.

    Reste à apprendre à vivre avec elle, à la surmonter et à se construire à partir d'elle.

     

    Jésus seul a vécu avec le mal sans en être marqué dans son être. Il en est mort.

    Il nous montre le chemin, celui de l'enfance de l'homme qui ne pourra éviter la mort.

    fr. André LENDGER

    « 6 Octobre 1996 - Les rapports de force.27 octobre 1996 - Hier tout était interdit. Aujourd'hui tout est permis »

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment



    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :