• fr. Benoît-Philippe PEKLE

    "Où est-il ton Dieu ?" disent les païens.

    Que sommes-nous prêts à répondre armés de nos catéchismes affirmant qu'il est partout et de nos théologies le rejetant hors de l'espace et du temps ?

    Il est tentant d'évacuer la question en la considérant comme enfantine et primaire.

    Serait-ce que nous aurions peur de dire qu'il est Là où je suis Dieu est avec moi.

                Là où nous sommes Dieu est au milieu de nous.

    Ici et là avec un tchador ou un chapeau chinois, un pagne ou un complet cravate, sans oublier le petit tailleur strict ni le jean.

    Ca c'est embêtant si l'on accepte Dieu maintenant. Il est généralement convenu de ne pas l'accepter ici . Le seul ici acceptable étant un ici palestinien vieux de 2,000 ans.

    Heureusement on a progressé, la théologie nous affirme que Dieu est transcendant, immuable, acte pur. Ce qui lui évite de se compromettre ou plutôt ce qui  évite de nous compromettre avec un Dieu trop contingent, voire faible, en tout cas souillé, rouillé, malade.

    On ne sait jamais avec ces clous rouillés on peut attraper le tétanos.

    Alors il vaut mieux être tétanisé du cœur et de l'espérance.

    C'est moins visible et mieux porté.

     

    fr. Benoît-Philippe PEKLE


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    Des moqueries, des sarcasmes.

     

    Une femme s'écroule, morte.

     

     

     

    Les paroles tuent.

     

    Elles ont tué la mère d'un poliomyélitique que tournaient en dérision des jeunes gens de son âge.

     

    Elles détruisent plus fréquemment des équilibres personnels, familiaux, sociaux.

     

     

     

    La violence verbale passe plus inaperçue que la violence physique. Ses conséquences ne sont en général ni sanglantes ni apparentes .

     

    Elle est omniprésente et semble banale.

     

    Nous y cédons tous si souvent que nous nous en cachons volontiers la pointe  agressive et destructrice de crainte de nous trouver coupables d'une faute grave.

     

     

     

    Il est certain cependant que les paroles violentes, les jugements condamnatoires que nous nous adressons si souvent blessent, déséquilibrent, troublent le psychisme, déclenchent des dépressions, rejettent, excluent, de façon parfois irrémédiable.

     

    Ceci vaut pour les personnes, mais aussi pour les groupes sociaux les plus divers, de la communauté familiale à la communauté nationale et internationale. Il n'est pas certain par exemple que les "petites phrases assassines", que nos hommes politiques s'adressent les uns aux autres avec régularité, n'aient pas leur part dans la désaffection des citoyens à l'égard de la vie politique et n'alourdissent le malaise général .

     

     

     

    Il n'est pourtant

     

    pas possible de se taire !

     

    Il faut bien parler, dire et parfois crier son opinion, sa désapprobation, son rejet.

     

    Nul ne peut faire l'économie de cette violence qui vient de la rencontre- affrontement de soi-même avec l'autre et avec la vie.

     

    Nul n'est à l'abri de cette forme d'agression extérieure. Il faut s'y préparer. L'enfant lui-même doit apprendre à s'y exposer pour ne pas en être victime plus tard.

     

     

     

    Encore faut-il se donner quelques repères pour ce jeu parfois cruel : savoir que nos agressions verbales sont le plus souvent un aveu de faiblesse et  naissent de nos  :

     

                . peur de la différence,

     

                . peur de l'emprise de l'autre,

     

    . peur de voir remettre en question nos convictions et  nos catégories mentales,

     

    . peur de nos incertitudes quant à notre identité personnelle,... repérer nos rancœurs, craintes, envies, jalousies, rivalités,... que nous laissons croître dans notre , où s'alimente notre violence.

     

     tenir compte de l'interlocuteur ou du destinataire indirect : même si notre agression verbale nous semble juste, est-il en état de la supporter sans dommage, d'en être éclairé et non pas anéanti ?

     

    savoir que l'agression verbale dépasse toujours les personnes en cause et ont des répercussions sociales plus larges.

     

     

     

    La violence verbale doit être contrôlée comme tout le reste.

     

    La société le sait, qui a prévu des condamnations pénales : les jeunes gens qui ont causé indirectement la mort de cette mère ont été inculpés de coups et blessures volontaires.

     

     

     

    Le chrétien a en lui la même violence naturelle que n'importe qui.

     

    Il est un homme lié au verbe (au Verbe).

     

     

    fr. André LENDGER


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    par fr. Benoît-Philippe PEKLE

     

    Pentecôte 1991

     

    Les fins de siècle et les cortèges de remises en causes ont généralement des tendances pneumatiques, et nos théologiens comme nos spirituels découvrent avec ravissement les manifestations publiques d'une personne trinitaire peu populaire auparavant.

     

    Alors ce ne sont qu'effusions, charismes et glossolalies.

     

    L'Esprit, comme on dit, pose problème, ou plutôt n'en pose aucun puisqu'il est accommodable à toutes les sauces y compris les plus indigestes.

     

     

     

    Et pourtant...

     

    Il est celui qui en nous crie Père !

     

    Non pas celui qui nous constitue comme fils,

     

                mais Celui qui fait que NOUS LE SAVONS.

     

    C'est lui qui fait que "je sais que je suis" que je reconnais mon père et me constitue ainsi en personne consciente, modifiant ainsi mon regard sur le monde  les hommes, me rendant attentif à scruter et l'un et les autres pour détecter - découvrir - en eux ce type de relation qui m'a ouvert les yeux.

     

    Ou plutôt qui me constitue découvreur en toutes choses de la "parcelle" de Dieu qu'elles contiennent.

     

    Mais aussi "recueilleur" de ces parcelles pour les retrouver afin que rien ni aucune ne se perde, et qu'un jour, rassemblées, elles soient remises au Père,...

     

     

     

    ...Au Père reconnu en toute création par ses fils constitués en corps ; corps du Christ / fils qui EST Eglise, dilatée aux dimensions de Ž

     

    l'univers enfin instauré / restauré dans cette émanation filiale.

     

     

     

    "Instaurare omnia in Christo".

     

     

    fr. Benoît-Philippe PEKLE


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    Kurdes décimés.

     

    Kurdes protégés.

     

    Kurdes expulsés.

     

     

     

    Les thèmes sur les grévistes de la faim s'entrecroisent :

     

                violence contraignante à l'égard des pouvoirs publics.

     

                méthode suicidaire.

     

                l'immigration jusqu'où ?

     

                les droits de l'homme.

     

                l'insécurité, les persécutions et la misère dans le monde.

     

     

     

    Des constats :

     

                une mobilisation infime pour ces hommes en lutte avec la mort.

     

                la vie de quelques immigrés est moins médiatique que la guerre ou la défense de nos privilèges sociaux (salaires, vacances, école, retraite,...).

     

                chacun de nous ne bouge que lorsqu'il est directement concerné.

     

                même la prière n'a pas été évoquée.

     

     

     

    Nous sommes concernés par  ce drame des 25 kurdes de la rue du Noviciat :

     

                comment éviter que l'immigration fasse exploser nos structures sociales ?

     

                comment être "justes" dans un tel discernement politique ? Tous les tyrans ne trouvent-ils pas un refuge, même Jean-Claude Duvallier chez nous ?

     

                nos lois sont-elles toujours justes en dépit des intentions du législateur ?

     

                l'application mécanique de règlements justes ne peut-elle aboutir à rendre injuste une réglementation, les hommes n'étant ni des objets ni des mécaniques ?

     

     

     

    Cet épisode cruel mérite de retenir notre attention à long terme :

     

                peut-être aujourd'hui ne nous sentions-nous pas concernés, estimant même qu'il convenait avant tout de marquer les limites de l'immigration.

     

                mais nous savons qu'il existe des millions d'hommes et de femmes qui sont menacés dans leur vie à cause de leurs opinions, de leur race, de leur religion,... Tous relèvent plus ou moins directement de ce qu'on appelle l'"asile politique".

     

                nous savons que nous sommes des nations riches dans un monde où l'intolérance et la pauvreté ne font que croître. Nous sommes peu nombreux à être nantis face aux milliards d'hommes et de femmes qui n'ont pas des conditions de vie décente et que nous faisons rêver par nos programmes occidentaux de télévision.

     

                nous savons que d'importantes migrations sont redoutées à court terme.

     

                N'aurons-nous pour toute réponse qu'une fermeture de nos frontières et un repli peureux sur nos richesses ?

     

    Au moment où l'Europe Unie se formera, nous célébrerons l'anniversaire de la découverte de l'Amérique. Unie notre Europe saura-t-elle reconnaître aux indiens contemporains les droits qui sont ceux de toute personne humaine ?

     

    Ces "indiens" seront légion si l'on tient compte des prévisions : surpopulation mondiale, pauvreté croissante, montée des intégrismes, flux migratoires, génocides,... sans oublier les populations affamées attirées par notre Eldorado, comme le sont tous les pauvres par l'or imaginaire ou réel des riches.

     

    Cela peut sembler n'être qu'un problème politique.

     

    Mais tout problème politique a des présupposés éthiques et spirituels :

     

    Demain quelle législation pour quel monde ?

     

                            quel monde pour quel homme ?

     

                            qui est l'homme ?

     

    Ne sera-t-il plus l'image de Dieu, comme le sont encore ces 25 kurdes ?

     

     

    fr. André LENDGER


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  • fr. Nicolas-Bernard Virlet, o.p.

    Petit Traite De Cardiologie...

    Le Dieu des chrétiens n'est pas une divinité perdue dans les strastosphères des idéalismes lointains et nuageux, laïcs ou religieux, qui ont la plupart du temps obscurci le ciel de l'histoire.

                Il n'est pas non plus cette présence immanente et collante à toute chose que vénèrent les panthéistes, faisant de Dieu une chose, et par là, finalement, faisant de l'homme avec Dieu, aussi, un objet.

                Il est ce Dieu Créateur, hier, aujourd'hui et demain, qui a guidé son peuple à travers le désert et qui en son Fils unique et bien-aimé Jésus-Christ, a pris cœur d'homme, dans une présence toute proche, intime, mais respectueuse, pour lui dire en plénitude son cœur de Père.

     

    Dès qu'il est question de cœur,

                il est question de vie, d'irrigation, d'origine, de fondement, mais aussi de proximité, d'échange, d'intimité.

    Le cœur est ce lieu en l'homme capable d'amour, comme l'âme et l'esprit :

    "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit"

    (Dt. 6,5; Mt. 22,37);

                ce lieu carrefour de l'homme, où haine et amour, le bon et le mauvais, joies et peines se rencontrent, se croisent, cohabitent, se combattent.

                ce lieu privilégié de la réception - ruminatio-méditatio - du mystère de l'amour de Dieu :

    "Tous ceux qui en entendirent parler gravèrent ces évènements dans leur cœur"

     (Lc.1,66),

     "Marie conservait avec soin tous ces souvenirs et les méditait dans son cœur"

     (Lc. 2,19).

                ce lieu du trésor de la vie de chacun :

    "là où est votre trésor, là aussi est votre cœur"

    (Lc.12,34).

                ce lieu en l'homme où se manifeste la communion, la paix entre les êtres :

    "la multitude des croyants n'avaient qu'un cœur et qu'une âme"

    (Ac. 4,32).

                ce lieu de la visitation de Dieu à l'homme, en l'homme :

    "Dieu a envoyé dans nos cœurs l'Esprit de son Fils"

    (Ga. 4,6).

    Nous comprenons mieux déjà que Dieu est alors

                Celui qui regarde au cœur, et non à l'apparence, qui sonde les cœurs et les reins.

                Celui qui vient nous révéler le cœur de l'Amour du Père, car depuis toute éternité, il est Celui qui demeure dans le sein du Père, qui est tourné vers le cœur du Père.

                Celui qui parle au cœur de l'homme, qui vient inscrire sa loi au fond de notre être, de son cœur, qui vient révéler aux petits sa présence : seul ceux qui ressemblent aux enfants peuvent accueillir cet Amour infini.

                Celui qui attend de l'homme une parole de louange qui monte, non de ses lèvres seulement, mais du plus profond de son cœur.

                Celui qui, par le don de l'Esprit, vient changer, patiemment mais sûrement, notre coeur de pierre en cœur de chair.

                Celui qui nous dit qu'il n'y a pas de plus grand bonheur que de voir Dieu, et que pour cela il n'y a qu'un seul chemin, celui de la pureté du cœur, c'est à dire à sa suite, d'être doux et humble de cœur.

                Celui qui nous ouvre sur la croix son cœur pour nous irriguer de sa vie qui coule, qui découle de son Amour, par le don réel de l'eau et du sang.

                Celui qui nous invite à l'intimité, au cœur à cœur, à mettre notre tête contre son coeur à la suite du disciple bien-aimé, notre main, à la suite de Thomas, dans son côté pour augmenter en nous notre foi en Lui, à écouter battre le cœur de son Amour au rythme de l'espérance, de la confiance, de la joie des hommes, mais aussi au rythme de leurs peines et souffrances immenses.

     

    Puisqu'il est l'image du Dieu invisible nous révélant ainsi son cœur de frère, nous pouvons connaître le cœur du Père.

    N'ayons pas peur du réalisme de l'Incarnation, de cette intimité que Dieu nous propose, elle est la belle condition du témoin, du serviteur : là où je suis, là aussi sera mon serviteur ; car comme nous le dit l'évangéliste Jean au début de sa première épître, c'est ce qui était au commencement, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de Vie, son cœur même, que nous vous annonçons.

    Alors que le roi Saül avait agit comme un insensé, Samuel lui dit un jour que Dieu cherchait un autre homme selon son cœur - (1Sm.13,14; Ac.13,22) - pour faire de lui son serviteur, le roi de son peuple : il y eut David et bien d'autres.

    Mais c'est finalement en une femme, Marie, que Dieu fera résider son Roi : Marie, une femme selon le cœur de Dieu, trône de la Sagesse, qui accueillit en son sein le Verbe de Vie et le donna au monde ; Marie-Madeleine qui finit par accueillir la Lumière miséricordieuse en son coeur et qui devint ainsi le trône de la Bonne Nouvelle au matin de Pâque, la portant à ses frères, les apôtres.

    Dieu continue de chercher aujourd'hui en chacun de nous, un homme, une femme selon son cœur.

    Nos frères continuent de chercher en nous, un homme, une femme selon le cœur de Dieu...

    Dieu a pris cœur d'homme pour que l'homme puisse parler cœur à cœur avec Dieu.

    "Ce mystère finalement reste entier" me direz-vous "la question reste ouverte" : c'est le propre du Mystère : la porte étroite en est toujours ouverte : c'est la seule : elle se trouve sur le côté de Jésus....

     

    fr. Nicolas-Bernard Virlet, o.p.


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