•  Les reportages sur la guerre fleurissent à la télévision, et nous passons de longues heures à épier les nouvelles.

     

    Cela est légitime, car nous avons besoin de savoir, et la télévision est le moyen d'information le plus attractif.

     

    Ne pas avoir la curiosité de nous informer dans un moment pareil serait pour le moins surprenant ou inquiétant.

     

     

     

    Cependant les téléspectateurs que nous sommes ont-ils besoin de consommer tant d'images pour se tenir informés ?

     

    Sous prétexte d'information, ne cherchons-nous pas notre ration quotidienne d'émotions fortes, de drames, de stress ?

     

    Le succès des films-catastrophes, de fiction ou de violence, pourrait nous alerter sur les sentiments qui nous animent lorsque nous sommes assis, tranquilles et bien au chaud, devant un écran, petit ou grand. Même si nous ne sommes pas des adeptes de cette sorte de cinéma, nous en sommes marqués. Le désir de la violence-spectacle - et même de la vue du sang - est inscrit au fond de notre être.

     

     

     

    Quel plus beau spectacle de violence que la guerre ?

     

     

     

    Lorsque nous regardons dix fois les mêmes images de skuds aux prises avec des patriots, cherchons-nous une information nouvelle, ou comblons-nous un appétit qui n'a qu'un rapport indirect avec les souffrants actuels de la guerre ?

     

    Les producteurs des chaînes - qui sont aussi des commerçants - connaissent bien nos ambiguïtés. Notre désir d'information est sous-tendu par des désirs plus troubles.

     

    La guerre médiatique ne risque-t-elle pas de nous transformer en "voyeurs" d'un malheur présent ?

     

    Chacun de nous est divisé : une partie de lui voudrait bien que cesse la guerre, une autre partie est fascinée par le spectacle du Mal en action.

     

    La beauté du Mal.

     

    A telle enseigne que ces images, loin de susciter en nous des réactions de rejet comme nous en éprouvons souvent devant des films qui ne sont que des fictions, pourraient bien entretenir ou éveiller en nous des sentiments dangereux. En effet ces images sont assorties d'un commentaire qui n'a rien avoir avec un dialogue imaginaire. Tout est fait et dit pour que le déploiement de l'"invincible armada" aérienne alliée exalte le sentiment de notre supériorité occidentale. Quant au "méchant" Saddam Hussein, avec ses skuds plutôt piteux, peu de mots suffiront pour l'identifier à tous ces musulmans dont la présence nous inquiète, puis à le rejeter et à le maintenir - et tous ces musulmans avec lui - dans le mépris réservé aux êtres et aux cultures inférieurs.

     

    De quoi alimenter un racisme qui n'en demande pas tant.

     

    De quoi élargir le fossé entre religions, car nous savons bien ce que valent, en pareille matière, les informations transmises par les journalistes...

     

     

     

    Nous ne pouvons cependant pas nous passer des images télévisuelles. Elles font partie de notre culture.

     

    Mais nous avons à prendre du recul, à apprendre à mieux  connaître notre rapport à la télévision et à mieux comprendre les mécanismes de ce media, pour nous informer sans être réduits au rôle de fantoches manipulés.

     

     

     

    Nous pourrons ainsi, à travers les douloureuses expériences actuelles, apprendre à mieux connaître le point d'application de notre prière : non pas l'émotion.

     

     Mais, blottie au coeur de l'émotion, LA PAIX.

     

     

    Fr. André LENDGER


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  •  Communauté française et communauté immigrée ont peur l'une de l'autre.

     

    Les témoignages affluent :

     

    - chacun se terre, s'enferme dans le silence

     

    - des enfants ne vont plus à l'école

     

    - des hommes se sont armés.

     

     

     

    Les immigrés craignent que les français ne les tiennent pour responsables de la guerre du Golfe, ne les assimilent à Saddam Hussein et ne les considèrent tous comme des barbares dangereux dont il faut à tout prix se protéger.

     

    Les français craignent que les immigrés ne prennent fait et cause pour Saddam Hussein et ne profitent de cette guerre pour provoquer des attentats, semer le désordre, voire ouvrir un second front de l'intérieur. Ils se méfient et prennent leurs précautions.

     

    Ce schéma un peu simplificateur existe dans bien des têtes.

     

     

     

    On ne pourra pas ramener à la raison ceux qui l'ont perdue dans leur passion.

     

    Tous n'en sont heureusement pas là, et il est possible de réagir.

     

    Vaincre la peur, c'est avoir le courage de regarder l'autre dans la globalité de sa personne. On est français ou immigré, soit ! Mais personne n'est que cela. Chacun est d'abord un homme ou une femme avec des préoccupations personnelles, familiales, professionnelles,...

     

     Chacun est naturellement solidaire de la communauté nationale ou ethnique à laquelle il appartient. Cela ne signifie pas qu'il soit prêt à tuer son voisin ou ses amis.

     

     

     

    Une seule voie est possible, étroite sans doute, qui fait le pari inverse de la peur, la confiance, non pas naïve, mais lucide. Cela signifie qu'il faut :

     

    - accepter que, dans une période de conflit, les désirs des uns et des autres ne coïncident pas. C'est un fait dont il faut prendre acte. Nous retrouvons le même phénomène, à une plus petite échelle, dans nos conflits familiaux, sociaux,...

     

    - comprendre que chacun désire la justice et la paix. Mais puisque nous n'avons pas le même passé, nous n'empruntons pas le même chemin pour aboutir à la paix désirée, parfois même nous divergeons totalement sur la route à suivre. Les occidentaux ne veulent rien perdre de leur confort. Les immigrés souhaitent voir réhabilitées la cause et la dignité arabes. Ces points de vue sont, les uns et les autres, légitimes.

     

    - rendre possible la paix - volonté de vivre ensemble de la part de personnes différentes - dans ces différences et ces divergences. On peut être opposés sans être ennemis. C'est la seule voie possible dans une société pluraliste comme la nôtre.

     

     

     

    La confiance lucide doit permettre le dialogue entre les personnes et les communautés, et la reconnaissance de la dignité de chacun.

     

    Il y aura des ratés dans cette confiance et ce dialogue.

     

    Il y aura des excités qui feront des provocations.

     

    Ces dérapages ne doivent pas masquer la foule de ceux qui attendent et désirent la paix,... et peut-être une intégration dans la différence, quelles qu'en soient les difficultés et les ambiguïtés.

     

     

     

    Le chrétien ne peut que se retrouver dans cette démarche faite de confiance, de dialogue, de recherche risquée de la justice et de la paix.

     

    Y sera-t-il toujours à l'aise, surtout s'il lui appartient de prendre l'initiative ? Ce n'est pas sûr, car nous avons tous nos préjugés et nos passions.

     

    Nous devons faire avec !

     

    Mais aussi faire avec le Christ !

     

    Nous ne pouvons rencontrer le Christ que si nous avons le courage de nous ouvrir à l'autre et de le rencontrer, quels qu'en soient les périls.

     

    Entre l'arme de la mort et la folie de l'amour, le chrétien a choisi.

     

     

    fr. André LENDGER


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  • par fr. Benoît-Philippe PECKLE


    Car quand les hommes parlent, les armes se taisent.

    Peu importent les positions, les refus, les craintes.

    Tout délai, toute trêve est bonne à prendre.

    Nous devrions nous en souvenir en ces jours qui précèdent le Carême, temps traditionnel de trêve.

    Alors, bien sûr, on peut trouver des arrière-pensées aux pacifistes, aux iraniens.

    Comme si les autres n'en avaient pas !

    Comme si la race ou la religion ou le régime (blanche, chrétienne, démocrate) étaient les garants d'intentions droites et d'actes purs de toute cause ignoble...

    Est-ce parce qu'un acte n'est pas pur qu'il faut le refuser  ?

    Quel est celui qui peut affirmer sans mentir que sa main gauche ignore ce que fait sa main droite ?

    Celui-là seul peut juger.

    Le problème c'est qu'il n'est pas là pour ça.

    Cette guerre n'était déjà pas trop propre.

    Elle et en train de devenir plutôt sale.

    Et que l'on ne vienne pas me parler d'obéissance.

    Une obéissance (modernement on dirait solidarité) n'a de valeur que si elle est le fait d'une conscience libre et informée.

    Et le péché, si péché il y a, n'est peut-être pas de faire la guerre, mais sûrement de refuser d'informer sa conscience, d'accepter de déplacer le débat.

    Il est trop simple de changer de système logique pour éviter d'avoir tort, de dévier à coups de sondage le débat sur la crainte par exemple d'une guerre mondiale, comme s'il y avait une différence,

                comme si toute guerre n'était pas mondiale pour les Etats belligérants,

                comme si la souffrance des peuples sous les bombes était moindre quand les bombes proviennent d'un agresseur unique...

    Et surtout que nul ici ne vienne, n'ose venir parler de morale ou de droit.

    Si morale il y a, si droit il y a, le droit du Liban, de la Palestine, des Kurdes, de la Lituanie, pour ne pas parler de celui, en d'autres temps, des Indes Occidentales, de l'Algérie ou du Vietnam.

    Ce droit, dis-je, vaut bien celui de l'émir du Koweit.

     

    fr. Benoît-Philippe PECKLE


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  •  

    C'était hier.

     

     Aujourd'hui, nous n'avons plus de terres à découvrir sur notre planète.

     

    Nous ne désespérons cependant pas de découvrir d'autres terres habitées.

     

    Nous déployons des efforts considérables pour la recherche spatiale.

     

    Nous envoyons des messages à travers l'immensité sidérale dans l'espoir d'entrer en relation avec les habitants possibles d'une autre planète, terre lointaine et fraternelle.

     

    A l'avance nous savourons notre joie.

     

                Joie de ne pas être seuls dans l'infini des étoiles

     

                Joie de pouvoir étendre d'un coup notre cœur et notre pouvoir.

     

                Joie de nous savoir un havre de plus.

     

     

     

    Mais notre comportement moral sera-t-il à la hauteur de l'exploit technique?

     

    Il y a fort à parier que nous aurions, à l'égard des habitants de ces autres planètes, le même comportement que nous avons eu lors de la découverte de l'Amérique : brutalité, exploitation, esclavagisme. Nous éprouverions soudain le désir de posséder leurs richesses.

     

    En dépit des années-lumière.

     

    Les représentations imaginaires que nous nous donnons des habitants d'un autre monde nous renseignent sur notre état d'esprit : rapports de force dont l'homme sort vainqueur, l'homme seul modèle possible, l'homme couronnement de la création.

     

    L'homme n'a-t-il pas pour vocation de dominer la création, et donc d'explorer et d'acquérir la maîtrise de ce qu'il découvre ?

     

    N'est-il pas appelé à transmettre les valeurs qui lui semblent fondamentales ?

     

    Qui ne sait que la frontière est fragile entre la proposition et l'imposition des valeurs humaines ? Civilisation et colonisation ont souvent fait bon ménage.

     

    Les chrétiens, qui ont reçu mission d'annoncer la Bonne Nouvelle, savent bien que l'évangélisation ne s'est pas toujours faite avec les seules armes de la foi. Au nom de la Vérité, la tentation est toujours grande d'"aider" Dieu par des moyens qu'Il récuserait.

     

     

     

    Nous pensons être des sauveurs quand nous sommes des rapaces.

     

    A moins que l'explorateur se nomme François-Xavier ou Charles de Foucauld.

     

     

     

    Il est dans l'ordre des choses que ceux dont la civilisation est la plus avancée en matière technique, ceux dont la puissance économique est la plus développée et la plus efficace,... l'emportent et entraînent peu à peu les autres.

     

    Serait-il plus humain d'établir un cordon sanitaire autour des populations les plus "primitives", des culture et des religions païennes pour les protéger ? Elles deviendraient vite des pièces de musée et n'y gagneraient rien en liberté ou dignité humaines.

     

    Que de civilisations n'avons-nous pas fait disparaître de la sorte !

     

    Ne devaient-elles pas disparaître ? Toutes les civilisations sont mortelles.

     

    Mais on peut regretter qu'elles meurent le plus souvent sous les coups de la soldatesque adverse.

     

    La mission des chrétiens n'était-elle pas de convertir le monde, et donc de faire disparaître les civilisations païennes ?

     

    Ce n'est que lorsque le mal a été fait que l'homme se rappelle qu'il est un être spirituel.

    fr. André LENDGER


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  •  

    de Fr.Nicolas-Bernard VIRLET o.p.

     

     

     

          Par deux fois chaque année, la liturgie de l'Eglise nous entraîne au pied du mont Thabor : Le 6 Août et le 2° dimanche de carême, pour y célébrer Notre Seigneur et sa Transfiguration.

     

          Le 6 Août 1221, notre bienheureux père saint Dominique s'endormait dans la paix de Dieu.

     

    Le 6 Août 1978, un autre grand témoin rejoignait la demeure du Père : le saint pape Paul VI.

     

          Dernier signe du Seigneur qui nous les donne comme deux figures de lumière pour leur temps, deux témoins de la Transfiguration, c'est-à-dire deux serviteurs de la VERITE, deux hommes de PRIERE - de communion, deux disciples du PARDON : enfin, en un mot, deux apôtres de la MISERICORDE DE DIEU.

     

     

     

          Avec vous tous, qui venez ici prier avec la communauté des frères, c'est cette aspiration évangélique - que tout homme puisse connaître déjà en sa vie des instants de la Joie lumineuse de la Transfiguration - que nous voulons porter ensemble, entre autres, par ces simples feuilles du dimanche.

     

          Depuis quelques semaines nous avons essayé d'évoquer avec vous des questions de fond que soulèvent ou révèlent les tragiques évènements actuels : car nous le savons, la Vérité que recherche tout homme, et que nous donne en plénitude le Christ, ne s'enferme pas dans des frontières politiques ou culturelles : elle n'est jamais la propriété entière et exclusive de telle personne, ou de telle civilisation.

     

          Elle est une personne,

     

                le Christ lui-même,

     

                            dont chaque homme porte en lui la Trace ineffaçable,

     

                le Christ lui-même,

     

                            venu pour tous les hommes...

     

    Nous voudrions avec vous maintenant porter plus explicitement cette VERITE dans la PRIERE, et dans la Communion avec tout homme de bonne volonté : mener au mieux, de notre courage humain et de nos forces spirituelles, le combat de la Paix - "dont le nouveau nom incontournable est Justice entre les hommes" - afin de préparer déjà dans l'esprit et le cœur de chacun le chemin à venir du PARDON mutuel.

     

        

    Fr.Nicolas-Bernard VIRLET o.p.


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