• L'angoisse.

    Un mal aujourd'hui très répandu.

     

    Nos sociétés contemporaines nous proposent biens de consommation et loisirs en grand nombre, avec une telle prodigalité que nous sommes sollicités dans toutes les directions de notre être.

    Tout est beau, tout est bon, tout est chatoyant.

    On nous invite de toutes parts à toucher, posséder, rêver, si bien que nous sommes écartelés entre des tentations innombrables auxquelles nous avons du mal à répondre, quand bien même notre fortune y suffirait.

     

    Une telle situation pourrait n'être que l'occasion d'un choix personnel et raisonnable si nous étions parfaitement maîtres de nous-mêmes.

    Or ces nouveautés s'adressent à notre sensibilité, la zone la plus fragile de notre être.

    Elles éveillent en nous des désirs associés à des instincts fondamentaux de la vie : amour,  sexe,

     plaisirs de la bouche, aventure, recherche de l'ailleurs,...

    Ce sont des désirs où le fait d'exister se vérifie et s'exprime par l'exercice de la sensibilité, où le fait d'être est fondamentalement associé  au fait d'avoir.

    Les publicitaires le savent et en usent.

    Pourquoi leur reprocherait-on d'en user, puisque nous acceptons d'en être les dupes, émiettés, centrifugés, tournés vers l'extérieur, sans relation avec le  centre de nous-mêmes.

     

    Mais existe-t-il encore un centre de nous-mêmes ?

    Ce n'est pas très sûr :

                - notre sensibilité est le plus souvent atteinte par des conflits sans nombre dont nous souffrons sans en avoir pleine conscience et sans pouvoir les surmonter.

                - le déséquilibre socio-politique fait table rase des repères que sont la famille, l'effort, la solidarité, l'engagement,... les "valeurs" disparaissent, comme on dit.

                - les nouveaux emplois se créent beaucoup moins rapidement que les nouveaux gadgets. Or les plaisirs se paient !

     

    Nos sociétés occidentales s'appuient sur notre sensibilité pour assurer leur croissance économique, nous inculquant le "credo" suivant :

                - nous serons plus si nous avons davantage

                - nous serons mieux si nous pouvons jouir de tous les bienfaits de la technique.

    Mais ces sociétés ne donnent pas les moyens d'entrer dans leur "paradis" :

                - elles détruisent la stabilité et la maîtrise de la vie affective

                - elles privent d'argent ceux à qui elle s'adresse

                - elles ne leur permettent pas d'accéder à la culture, seul outil de vraie liberté.

    Il s'ensuit un sentiment de frustration, de mal-être, d'absurde, qui engendre l'angoisse : tant d'élans vitaux, tant de rêves qui ne débouchent sur rien ! Le vide et le néant.

     

    Comment nous étonner des suicides, mais aussi de la violence qui saisit les exclus : exclus économiques, mais aussi exclus du bonheur, exclus de  toute identité ?

    Comment ne pas voir ici la source de la drogue, de l'alcoolisme, de la prostitution, des sectes,... et même des assassinats et des crimes aussi abominables que les viols d'enfants ?

    Dans un monde sans repères, comment être surpris des ravages que cause, pour certains,  l'impossibilité d'être quelqu'un et l'angoisse de vivre ?

     

    Le chrétien peut contribuer à redonner une âme à notre société en rappelant :

                -  le primat absolu de la personne humaine sur les performances économiques

                -  la dignité de toute personne qui implique le droit à un travail et à un toit

                -  le droit de chacun à une éducation qui lui donne les moyens de sa liberté.

    L'exemple et l'action sont ici requis autant que la prière et la parole.

     

    fr. André LENDGER


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  • fr. Benoît-Philippe PEKLE

     

    Les mythes.

    C'est-à-dire l'expression publique, collective et dicible d'une expérience intime et indicible.

    Les mythes donc, nous le savons désormais, sont capables de vengeance.

     

    Face à une société qui les a démontés en ne les considérant que comme des thérapies primitives en réduisant leurs lieux d'enracinement (amour, mort, vie) à de simples fonctions, et leurs fluides (sperme, sang, larmes) à de simples sécrétions.

    Les mythes aujourd'hui se vengent.

     

    Ils sont trop constitutifs de nous-mêmes pour pouvoir être évacués sans amputation.

    Ils touchent à notre nature même qui n'est pas autre chose que possibilité d'intellectualiser un plaisir physique.

    Notre vie est d'abord réflexion sur nos vies.

                nos amours, fantasmes

                nos morts, deuils

    et la fascination que ces "objets" exercent se mue en "rituels" neutres qui, comme une vertu, se définissent par l'objet vers lequel ils tendent parce qu'ils sont ambivalents.

    La discipline de l'ascète et le fouet du pervers sont les deux réponses au même désir.

     

    Dans cette obscure quête de sens, ne laissons pas le sang ne devenir qu'un produit.

    L'histoire actuelle nous en montre le danger.

    On ne joue pas avec les mythes.

     

    fr. Benoît-Philippe PEKLE


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  • Otages retenus au Liban ou en Irak.

    Otages enlevés par des malfaiteurs.

    Otages des conflits sociaux.

     

    "Otage"

    . Un mot qui a fait tristement fortune à l'occasion de la crise du Proche-Orient.

    Des innocents, parfois même des hommes qui cherchaient à faire oeuvre de paix, ont été enlevés pour forcer la main des grandes puissances en faveur d'un peuple aux abois, en dépit de toute justice.

     

    "Otage"

    . Ce mot, qui relève de l'inhumain, comporte deux vecteurs tragiques :

                - l'injustice dans les rapports humains, injustice dont s'estiment victimes en premier lieu ceux qui utilisent ces moyens (rappelons-nous l'Occupation allemande ou la guerre d'Algérie).

                - la possibilité nouvelle d'en appeler à l'opinion publique internationale, par des actions spectaculaires, relayées par la toute-puissance des médias.

    Sans ces injustices préalables et sans le pouvoir émotionnel et mobilisateur des médias, le problème des otages ne revêtirait pas la même ampleur. Il ne bénéficierait pas de la même théâtralisation dramatique. Il ne serait pas une arme psychologique destinée à manipuler des foules et leurs gouvernants.

     

    "Otage"

    . Ce mot évoque la guerre, et la guerre entre belligérants de force inégale.

    Lorsqu'une grande puissance fait la guerre, elle n'a pas à s'enliser dans des problèmes d'otages

    . Elle conquiert, asservit, annexe, détruit.

    S'il veut lutter, le "petit" n'a d'autre recours que des moyens "terroristes".

    Surtout s'il se rend compte que la communauté internationale a tendance à l'oublier.

    Qui se soucie, par exemple, du Timor Oriental ?

    On se prend alors à redouter que des conflits de cette sorte, qui n'intéressent pas l'opinion internationale, n'éveillent de nouvelles vocations terroristes, avec otages,...

     

    "Otage"

    . Ce mot est souvent associé aux malfaiteurs qui se protègent contre la police.

    Mais, dans le climat de malaise, voire de guerre économique que nous connaissons, le mot "otage" s'enrichit de résonances sociales. Au même titre que des peuples, des travailleurs ressentent frustrations ou injustices. Ils luttent pour rétablir la justice et cherchent le relai des médias pour faire connaître leur situation et obtenir gain de cause.

    Les otages ne sont plus désormais quelques personnes, mais tous les usagers, privés soudain de produits, de services, ou des moyens de circulation auxquels ils étaient habitués.

    Ils sont éveillés à un conflit qu'ils ne croyaient pas être le leur. Ils en sont prisonniers et en subissent la violence. Sans doute ne sont-ils atteints que dans leur confort. Mais un minimum de  confort n'est-il pas devenu un droit, une justice ?

    Le but poursuivi - la fin de l'injustice ressentie par des travailleurs (et ils peuvent être très peu nombreux) - a pris le passage obligé de la médiatisation, images télévisées à l'appui.

    Le théâtre n'est jamais loin !

     

    "Otage"

    . C'est un mot lié à la plupart de nos conflits humains, y compris dans les familles, les associations,... partout où des hommes et des femmes agissent, créent, cherchent, espèrent, provoquent des déséquilibres, des ruptures, se retrouvent dans des rapports de force inégaux (ils le sont toujours). Partout des otages !

    Même celui qui veut rester au-dessus de la mêlée est pris en otage : le spectateur est indispensable. C'est pour lui qu'est donné le spectacle. Lui aussi sera victime, esclave de ce qu'il voit, fasciné, mêlant ses propres émotions à celles des parties en présence, complice qu'il le veuille ou non, transformé dans tout son être par l'image, la situation et les acteurs.

     

    Ne risquons-nous pas de devenir tous otages les uns des autres ?

     

    A moins que le spectacle de la Croix ne nous aide à sortir de cette situation d'otage-preneur d'otage, et ne nous fasse accéder à une vraie liberté ?

     

    fr. André LENDGER


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  • de Frère Gilbert NARCISSE, diacre.

     

    Diacre plutôt que sorcier

    Cette question insolite ne manquera pas d'intriguer. Elle n'est pas sans un zeste de provocation. Qu'on se rassure elle n'exprime ni un regret précoce, ni une envie inconsciente (j'espère !), pas même un mépris pour les curieuses pratiques de "collègues" de ces religions dites primitives.

    Alors ? C'est beaucoup plus effarant. Le Père Jean Vernette, spécialiste apprécié des ambiguïtés de la nouvelle religiosité, vient d'éditer un nouveau livre au titre prompt à capter les imaginations les moins fermés

    : "La Sorcellerie", sous-titre : envoûtements, désenvoûtements. Il faut lire ces pages salutaires. On a beau être saturé de fantaisies irrationnelles, cette étude en démonte le mécanisme par le détail.

    Dès l'introduction, tout modeste diacre de l'église catholique se sent bien isolé. Qu'on en juge : A Paris, on compte vingt cinq mille voyants et parapsychologues officiant en plein jour. On y trouve près de cinq cents sorciers pratiquant la magie noire. On évalue à vingt ou trente mille le nombre total des sorciers opérant en France.

    Je vous en prie, faites-moi la charité de ne pas me demander combien il y a de diacres en France.

    Mais si j'avais eu quelque ambition financière (oh, que non!), la licence ès sorcellerie aurait été ma dernière tentation. Qu'on en juge encore : ces praticiens de l'irrationnel, ces cartomanciennes, ces mages et ces guérisseurs engrangeraient annuellement quelque 21 milliards de francs soit trois fois les honoraires des médecins généralistes. Il n' y a peut-être que la "Sécu" qui pourrait se réjouir de cette dette en moins. En moins, pour elle, évidemment, pas pour tous ceux qui paient de leur porte-monnaie et, je le crains, de leur personne.

    Ces chiffres me laissent rêveur. Ils m'effraient plus encore que le "silence éternel des espaces infinis". Car je redoute des abîmes autrement vertigineux. Mais lisez tous les faits rapportés par l'ouvrage car on croit vraiment rêver.

    Vous surprendrai-je si je vous avoue que je suis heureux de n'être "que" diacre de l'église catholique ? Car Dieu me demande seulement de servir sa Parole dans la douceur de sa grâce. Pensez donc, essayer de ne dire que la vérité, en paroles, en gestes, en marches : devant soi et vers le haut !

    Tout le monde de la sorcellerie occidentale n'est qu'une scandaleuse imposture. C'est d'abord une imposture financière instituée, mais une parmi d'autres (comme le loto). C'est surtout une imposture qui viole deux sanctuaires : celui des personnes, de leur conscience, qu'on veut "envoûter"; celui du divin qu'on rabaisse aux cliquetis magiques d'une mécanique invocation, sans visage si ce n'est des grimaces. Ajoutez ces pactes troubles avec un monde d'esprits moins clairs, vous savez, ces démons et ce Diable auxquels nos "esprits critiques" affectent de "ne plus pouvoir croire avec sérieux".

    Je suis heureux d'être diacre de l'église catholique. C'est pour moi une mission de lumière et d'une grâce ferme mais sans violence. C'est le service d'une grâce qui ne force ni les intelligences ni l'amitié car la vérité n'aime pas la séduction.

    Par contre, dans ce goût morbide de la sorcellerie, il y a ce désir violeur "d'entrer chez autrui par effraction", que ce soit Dieu ou le prochain. Mais on ne violente jamais le Ciel sans se griller les ailes d'un angélisme d'ailleurs perdu; on ne regarde jamais le surnaturel par le trou d'une serrure illusoire sans se crever même l'œil qui restait sain de son regard clos; enfin, un "envoûtement" ne produira jamais un iota d'amitié ou de libération, au contraire.

     

    Le diacre n'a "que" le témoignage de la Parole de Dieu, "que" la grâce à transmettre, "que" la table eucharistique à servir, "que" les pauvres à visiter. Tout cela vient de plus haut que lui. Normalement, ces dons se répandent, non par effraction mais par réfraction, comme une lumière qui poursuit son rayonnement dans le jaillissement généreux de sa source; comme un parfum subtil qui s'épand; comme une onction aussi douce que pénétrante alors qu'elle fortifie et apaise; comme la bienveillante patience d'une mère et d'un père dans la joie de voir grandir librement, et vraiment grandir, leurs enfants.

     

    Diacre ou sorcier ! Pour vous servir.

    A cause d'un coeur doux et humble, qui ne force ni la porte du Ciel ni celle de l'homme, celui de Jésus.

     

    Frère Gilbert NARCISSE, diacre.


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  •  

    Le Sida, une maladie pas comme les autres.

     

    une maladie au-delà du corps.

     

     

     

    Le Sida se transmet par la source et le véhicule de la vie : le sperme et le sang

     

                Il attaque la vie à sa racine.

     

                Il introduit la mort au cœur de ce qui constitue le vivant.

     

                Il contredit les gestes par lesquels on donne la vie et on dit son amour.

     

     

     

    Le Sida  symbolise le mal :

     

                Il échappe aux soins médicaux.

     

                Il ne donne pas la mort par lui-même, mais en ouvre les portes en permettant à d'autres maladies de tuer.

     

                Il est lié à des actes entourés de tabous, lieux d'expression du cœur, mais aussi souvent source d'angoisse.

     

     

     

    Le Sida  ravage l'esprit :

     

                Il jette l'effroi au cœur de ceux qui en sont atteints.

     

                Il isole le malade qui personnifie le malheur et la malédiction.

     

                Il en fait le comptable de ce qui fut porteur de sa vie, de son souffle, de ses amours, de son espérance, comptable au nom d'une société qui n'ose pas se regarder

     

                            comptable des complication de toute vie

     

    et de la fragilité de l'affectivité

     

                            comptable et victime au-delà de tout compte.

     

     

     

    Le Sida est un lieu de réflexion pour tout homme.

     

                Lieu de responsabilité , car on ne saurait laisser au hasard le soin de juguler l'épidémie. Responsabilité de chaque personne dans ses actes, et de la société dans les moyens qu'elle se donne pour gérer et enrayer le mal.

     

                Lieu de solidarité car il ne saurait y avoir de bouc-émissaire

     

                Lieu de miséricorde, car le Sida est disproportionné à toute culpabilité

     

                Lieu de méditation sur notre condition humaine, où la mort se mêle intimement à la vie, où le mal s'enracine au cœur du bien, où la maîtrise de soi pourrait être efficace, où la faiblesse de chacun suspend tout jugement.

     

                Lieu de conversion pour le chrétien appelé à faire corps avec les souffrants, non seulement parce que ceux-ci sont atteints d'une maladie incurable (il existe bien d'autres maladies effroyables), mais parce qu'ils symbolisent une situation victimaire dans laquelle se complait trop souvent notre humanité, dont le Christ est le Témoin.

     

     

     

    Ces victimes, qui parfois font si peur et agitent tant de sentiments secrets et inconscients en nous, ne sauraient-elles pas être identifiées au Christ ?

     

    On pourrait alors espérer que de ces germes de mort sorte la victoire de la vie.

     

     

     

    fr. André LENDGER

     

     

     

    COMMUNIQUE DU CONSEIL D'EGLISES CHRETIENNES EN FRANCE

     

    A L'OCCASION DE LA "JOURNEE MONDIALE DU SIDA"

     

    Le premier Décembre de chaque année a été déclaré, par l'Organisation Mondiale de la Santé, "Journée Mondiale du Sida", afin de développer les actions d'information et de lutte contre cette épidémie. Cette année, le premier Décembre est un Dimanche.

     

    Le Conseil d'Eglises Chrétiennes en France invite les communautés qui se rassemblent ce jour-là à porter dans la prière celles et ceux qui sont frappés par ce mal, celles et ceux qui se dépensent à leur service dans les hôpitaux ou ailleurs, ou qui sont engagés dans des actions éducatives.

     

    Cette "Journée Mondiale" est aussi un appel à veiller pour que ne se développent pas les réactions de peur et d'exclusion dont sont victimes certaines des personnes atteintes.

    Ce pourrait être aussi un moment pour les Eglises de s'interroger sur les formes de solidarité, personnelle ou collective, qu'elles mettent en oeuvre afin d'apporter un soutien, matériel et spirituel, à ceux qui en ont besoin.


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