• 28 février 1999 - Existe-t-il une morale universelle ?

    Existe-t-il une morale universelle ?

    Dans de nombreux pays, des oppositions se font jour entre la loi civile, les droits qu’elle donne et les devoirs qu’elle impose, et la loi religieuse.

    Cette problématique se rencontre aussi bien dans les pays islamistes que dans nos pays de tradition chrétienne.

     

    Les sociétés contemporaines légifèrent non pas à partir de principes religieux, mais en fonction de ce qui rencontre le plus large accord parmi leurs administrés.

    Il existe, bien sûr, des principes sur lesquels tout le monde s’accorde : « tu ne tueras pas » demeure une règle de base pour toute société organisée.

    Mais que doit-on mettre sous ce simple précepte ?

    Où commence la vie et où finit-elle ?

    De l’avortement à l’euthanasie les problèmes sont nombreux, et nombreux les conflits.

    La façon dont nos sociétés laïques abordent ce type de problèmes entraîne les réserves et l’opposition de la famille catholique. Nous retrouvons le même phénomène dans les pays islamistes où la « charia » cherche à s’imposer par la violence à une législation civile laïque.

    Respectueux de la laïcité de leurs Etats, beaucoup de croyants, à quelque religion qu’ils appartiennent, ne remettent pas radicalement en cause les lois que leur propose la société, même s’ils les contestent souvent par leurs discours ou par des manifestations de rue.

     

    Nous nous trouvons devant deux approches de la morale : l’une qui puise sa légitimité dans la majorité démocratique d’un pays, l’autre qui est liée à une révélation.

    La première seule a force de loi, et la seconde renvoie ses adeptes à la sphère privée.

    La question du fondement de la morale n’est pas résolu pour autant.

    Les lois de l’Etat n’ont d’autre base que celle du plus grand dénominateur commun tel qu’il se dégage dans la population. Mais y a-t-il équivalence entre ce plus grand dénominateur commun et le caractère moral universel d’un principe ? La morale serait-elle affaire de sondage ? Que l’avortement ou l’euthanasie soient légalement autorisés ne signifie pas qu’ils soient moralement fondés. « Tu ne tueras pas » vaut pour tout ce qui touche à la vie.

    Nous ne devons pas confondre le refus de nos sociétés de pénaliser des situations humainement douloureuses et le fondement moral de ces mêmes actes. Le législateur primitif avait d’ailleurs pris soin de mettre des garde-fous, depuis longtemps oubliés, à l’avortement.

    Ces lois n’ont pas été édictées au nom d’un principe universel, même si la question a pu effleurer le législateur. Elles l’ont été pour répondre à des situations particulières, mais ont été reçues par la majorité des citoyens comme une liberté, sinon une facilité nouvelle.

     

    L’universalité de la morale n’est pas un concept politique.

    Elle est le fruit d’une révélation qui vient de plus haut que l’homme, d’un projet qui n’est pas celui de l’homme seul, mais celui de son créateur.

    Seul le créateur peut dire la valeur qu’a tout homme, puisqu’il est son enfant.

    Toutes les religions n’ont pas les mêmes principes de base. Nous le voyons à propos de l’excision ou des prescriptions alimentaires. Néanmoins toutes les religions ont cette approche commune de chercher ailleurs que dans un consensus commun une vérité universelle.

    L’universalité ne se déduit pas du désir des hommes. Elle se donne d’en-haut, de Celui qui a engagé son image en donnant l’être à tout homme.

    Universelle, la morale ne peut être le résultat d’un compromis, même si la nécessité de la vie en société entre personnes ne partageant pas les mêmes convictions philosophiques ou religieuses oblige à des accommodements, renvoyant chacun à sa communauté de foi.

    Encore ne suffit-il pas de dire que notre morale est universelle parce que Dieu nous aurait dit de faire ou de ne pas faire ceci ou cela, puisque les religions sont ici différentes.

    La morale ne peut être universelle que parce le discours tenu par l’homme religieux s’adresse à la raison de tout homme et y rencontre l’écho d’un projet enfoui dans son coeur.

    Mais une telle morale ne s’impose pas, de même que la foi, par des lois civiles ou des condamnations. Elle est une proposition adressée à tous par une communauté croyante.

     

    Ne demandons pas à l’Etat ce qu’il ne peut pas donner.

    Répandons les valeurs que nous considérons universelles et recevables par tous.

    fr. André LENDGER

    « 21 février 1999 - Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.7 mars 1999 - Types et contre-types. »

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