• 21 février 1999 - Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

    Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

    Ce droit fut un dogme pendant des dizaines d’années.

    Il semble qu’il n’en soit plus ainsi.

     

    Le Kosovo ? pas question de lui permettre d’être indépendant, même si la plupart des habitants le souhaitent. Les kosovars sont invités à demeurer dans ce qui reste de la fédération yougoslave, liés, d’une façon ou d’une autre, à Belgrade.

    Les Kurdes ? pas question qu’ils revendiquent une autonomie, encore moins une indépendance. A cheval sur trois Etats, ils ont toujours été considérés comme des gêneurs.

    Sans doute le Timor Oriental semble-t-il sur la voie de l’indépendance après des années de guérillas. Mais qui se soucie, parmi les grandes puissances, du Timor Oriental ?

    Au contraire, les problèmes du Kosovo et du Kurdistan ont une dimension internationale. Leur avenir dépend de la volonté des seules grandes puissances qui ont décidé qu’il ne fallait pas que le Kosovo soit indépendant ni que le Kurdistan existe.

    On évoque les questions d’équilibre à l’intérieur de l’Europe ou du Proche-Orient.

    L’équilibre sera-t-il mieux assuré si on oblige à cohabiter deux peuples qui se détestent et se font la guerre, plutôt que d’accorder son indépendance à celui qui la réclame ?

    Faudra-t-il maintenir pendant de longues années le déploiement d’armées d’occupation pour garantir la paix ? et que signifie la paix civile dans un tel contexte ?

     

    Les grandes puissances décident pour les petites.

    Il n’y a là rien de bien étonnant, car il en a toujours été plus ou moins ainsi.

    Cela pose malgré tout un problème de morale internationale.

    Dans quelle mesure ceux qui exercent un leadership mondial sont-ils en droit de dicter leurs conditions pour régler les différends interethniques des plus petits ?

    Qu’ils apportent leur aide, leurs conseils, leur médiation, certes.

    Mais lorsque les situations sont bloquées (Kosovo) ou apparaissent sans espoir (Kurdistan), n’est-ce pas entretenir des foyers de conflits à venir que de s’obstiner à faire vivre dans un même ensemble des nations qui ne veulent pas coexister ?

    L’émiettement et la multiplicité des Etats n’est sans doute pas une bonne solution, à l’heure où il conviendrait de faire advenir de grands ensembles économiquement viables. Encore faudrait-il que les peuples qui vivent dans ces structures se respectent et s’acceptent.

    C’est un chemin très long qui ne peut être parcouru que si aucun des deux ne cherche à imposer sa loi à l’autre, le dialogue l’emportant sur l’intransigeance.

    Si le dialogue est impossible, force devrait être d’en tirer les conséquences.

     

    La morale internationale existe-t-elle dans les faits ?

    Certes cette morale est peut-être plus délicate encore que la morale individuelle, car elle doit se frayer un chemin entre puissantes dominantes et nations démunies.

    Les puissants ne doivent pas se muer en gendarme. Ils doivent contribuer à maintenir la paix pour que tous les peuples puissent vivre ensemble en respectant les petits et en écoutant ceux qui ne peuvent pas faire entendre leur voix. Cela sera-t-il possible s’ils cherchent à protéger en priorité leurs intérêts économiques ou stratégiques ?

    De grandes puissances cherchent à s’approprier les richesses du Congo démocratique.

    Une grande puissance soutient un dictateur sous prétexte de liens historiques, voire religieux, entre les deux pays (la Russie et la Serbie).

    Une autre grande puissance ne peut plaider pour la libération d’un peuple quand elle-même maintient des situations d’oppression dans ses frontières (la Chine et le Tibet).

    Si elles veulent aider à la paix chez les autres, les grandes puissances ne doivent-elles pas commencer par observer un minimum de règles morales chez elles ?

    Sinon elles n’interviendront dans la vie internationale qu’en fonction de leurs seuls intérêts ou bien en fonction des difficultés qu’elles rencontrent chez elles.

     

    La morale internationale existe au même titre que la morale personnelle.

    Mais la vertu fait défaut ici autant que là.

    Faute du courage nécessaire pour régler des conflits dans leur profondeur, faut-il se résigner aux guerres, aux tortures, à la guérilla et au terrorisme ?

    fr. André LENDGER

    « 14 février 1999 - Tout homme, puissant ou non, peut être appelé à répondre de ses actes.28 février 1999 - Existe-t-il une morale universelle ? »

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