• 15/03/1992 - La démocratie en question.

    En Afrique Noire, en Algérie, en France.

     

    La démocratie passe pour être le meilleur régime au monde.

    Elle évoque le respect entre les hommes, leur égalité, une confiance mutuelle, l'équilibre et l'harmonie, des mécanismes de contrôle pour résoudre  les conflits,...

    Elle permet de dépasser des oppositions naturelles d'origine ethnique, raciale, culturelle, religieuse, linguistique,...

    Un système politique de cette qualité mérite d'être étendu à l'échelle mondiale. Et c'est bien ce qui est en train de se passer sur tous les continents, avec des succès divers.  Mais si on n'apprend pas la démocratie en un jour, nous pouvons convenir que même ses réalisations les plus caricaturales sont préférables à n'importe quelle tyrannie.

     

    La démocratie est un régime fragile.

    Elle implique la vertu des citoyens, leur sens de l'autre, leur amour égal de la justice, leur capacité à ne pas se laisser aveugler par les passions au point de n'être plus capables de réfléchir et d'analyser une situation.

    Elle demande que ne soit pas recherchée de façon exclusive - ni même prioritaire - sa réussite personnelle et que notre naturel appétit du pouvoir ne se réalise pas au détriment des autres. Elle propose au contraire que chacun accepte d'inscrire sa vie dans un destin commun où la réussite de chacun soit un acquis pour tous, et réciproquement.

     

    Nos démocraties sont malades.

    Nous en rendons responsables nos gouvernants, et nous n'avons pas de mot assez dur pour leur reprocher leur incapacité à faire advenir le monde de rêve que nous leur demandons d'instaurer et pour stigmatiser leur rapport à l'argent, leurs abus de pouvoir,...

    Nous oublions que, même en démocratie, les hommes sont faibles, et que tous - nous y compris - sont attirés par la possession, l'arrivisme, l'affairisme.

    Il nous faut construire la démocratie avec les hommes comme ils sont, faire un régime vertueux avec des hommes de petite vertu !

    Il sera toujours nécessaire de reprendre l'ouvrage à la base.

     

    A trop faire des gouvernants les boucs-émissaires de tous les maux de nos démocraties, nous jouons les Ponce-Pilate.

    Nous aurons beau nous laver les mains, notre responsabilité dans la crise que traversent nos démocraties est entière.

    Le pouvoir démocratique est entre nos mains.

    Nous ne pouvons pas échapper à notre responsabilité.

     

    Au nom de la démocratie et du respect que nous nous devons à nous-mêmes et les uns aux autres, nous ne pouvons pas abandonner nos gouvernants à eux-mêmes, laissant en déshérence notre qualité de citoyens.

    Au nom de la démocratie, des droits et de la dignité de toute personne humaine, nous devons exprimer notre opinion, faire des choix, prévoir et gérer un avenir menaçant, au risque demain d'être dépouillés de tout droit.

    Au nom de la démocratie, de l'égalité de tous les hommes, de l'unité de la famille humaine dans son destin, de la dignité unique de chaque personne, nous devons même une démocratie à l'échelle de la planète, faute de quoi le monde entier risque de s'écrouler sous les coups des peuples affamés, submergé sous le nombre, noyé dans une égale pauvreté.

     

    Se réfugier dans la peur de l'autre, c'est porter condamnation de l'autre et proclamer notre propre condamnation.

    Renoncer à notre responsabilité politique, c'est rendre le pire inévitable.

    La vertu chrétienne n'aurait-elle rien à voir dans un tel enjeu ?

     

    fr. André LENDGER

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