• 17/05/1992 - Ce n'est pas la première fois que le sport tue.

    Avant Furiani il y avait eu Le Mans.

                Avant Le Mans, il y avait eu tant de courses et de matches endeuillés !

    Mort, mais aussi handicaps irrémédiables pour ces jeunes athlètes bourrés de produits, drogués de rêves de victoires, entraînés au-delà de toute mesure, au détriment de leur équilibre et de leur santé.

     

    Le sport n'est pas sans liens avec la mort.

    Il exalte l'homme dans ses profondeurs physiques.

    Il fait montre de la beauté et de la puissance du corps, de la domination de l'esprit sur le corps

                dans un jeu et un défi qui vont bien au-delà de la maîtrise technique.

    Dans le sport le corps se fait signe,

                signe d'une vie donnée dans l'élan de la force et de la grâce,

    dans la vigueur d'un combat,  lutte avec soi-même et avec les autres,

                            dans le désir de parvenir au point culminant et indépassable,

                                        enfin d'être le meilleur !

    Rêve fugitif à la pointe d'un effort où la personne, tout entière investie, est prête à franchir la limite d'où elle ne reviendrait pas.

    Rêve fusionnel, par-delà la victoire, la défaite ou la mort, avec quelque divinité païenne dont le nom a disparu de nos tablettes (Athéna, Apollon,,...).

                Fusion presque charnelle dans une même équipe, au cœur de la mêlée, des membres qui font corps.

                Fusion quasi-sensible des spectateurs avec leurs dieux du stade.

     

    Comment contenir les mouvements des foules qui viennent pour voir, communier, se projeter dans les affrontements des joueurs, vibrer d'un seul cœur au cri de la victoire ou aux déchirements de la défaite amère?

    L'enjeu est passionnel et dépasse la raison.

                Exorcisés nos emballements, nos partis-pris, notre agressivité, notre violence, nos enthousiasmes, nos délires, nos extases.

    Endigue toute cette véhémence anarchique gisant au fond de nous, agacée par les irritations de la vie contemporaine, refoulée mais non domptée.

    Le sport, surtout le sport collectif et ses grand'messes, opère comme une catharsis sociale, donnant occasion de se débarrasser d'émotions trop longtemps contenues.

    Empêcher, pour quelque raison que ce soit, le déroulement d'une cérémonie aussi enivrante, c'est ouvrir la porte à des débordements incontrôlables.

    Qui en prendrait la responsabilité ?

    La violence est toute proche.

    La mort peut-être ?

     

    Entre les acteurs du jeu sportif et les spectateurs, l'argent !

    Pourrait-il introduire quelque objectivité dans les relations entre les uns et les autres ?

    Mais non ! Il est un des appâts auquel est pris le joueur. Il emprisonne le spectateur dans son droit à jouir de cet instant où il n'est plus qu'un cri au milieu d'autres cris.

    Le match est obligé !

    Et dans l'ombre guettent les hommes exploiteurs de nos rêves. Dans la cohue, ils  gardent leur sang-froid et tirent profit de la situation. En d'autres circonstances on les appelle : trafiquants, dealers, proxénètes,...

    Ils ne sont pas toujours là, bien sûr !

    Mais qui oserait dire qu'ils n'étaient pas à Furiani ?

     

    Dans un tel enchevêtrement, les responsabilités sont peut-être plus nombreuses que les responsables montrés du doigt, et ceux-ci le sont peut-être moins qu'il y parait.

    Tout n'est-il pas fait sur la demande et pour le plaisir des payeurs ?

    fr. André LENDGER

    « 29/03/1992 - Une société en miettes. L'homme en miettes.08/11/1992 - 1492. La Terre s'agrandit. Un Nouveau Monde est adjoint à l'Ancien. »

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