• 6 septembre 1998 - Mondialisation et balkanisation.

    Mondialisation et balkanisation.

    Marche en avant et retours en arrière.

     

    Sur une planète aussi petite que la nôtre, tout devient mondial.

    Non pas au sens où un phénomène local peut avoir des répercussions sur des régions lointaines, mais au sens où la machinerie planétaire n’est plus qu’un unique système en équilibre plus ou moins stable auquel rien ne peut échapper.

    Tout est à l’image du Niño, ce fameux phénomène météorologique, qui a valu des sécheresses catastrophiques aux uns et des inondations tout aussi dramatiques aux autres.

    Mais le Niño n’est qu’une image : l’économie, la politique et les mœurs s’interpénètrent et se mondialisent, puissamment aidées par les médias et les financiers internationaux.

    Rien ne peut naître de façon durable en dehors de ce système où les intérêts des uns et des autres sont si enchevêtrés et tentaculaires que tout dépend de lui, la ruine ou l’opulence.

    Les crises qui ont secoué l’Asie puis la Russie témoignent de l’impossibilité de se relever par des moyens autres que ceux qui émanent des puissances dominantes.

     

    Dans le même temps cependant se font jour des conflits qui paraissent être d’une autre époque. Les Balkans sont enflammés depuis des années, chaque petit peuple voulant secouer le joug sous lequel le maintient un plus puissant. Les génocides se multiplient sans que personne n’ose y mettre un terme. Des terrorismes s’imposent sous couvert de religion. Des religions s’opposent au nivellement social et moral qu’entraîne l’universalisme matériel. Beaucoup s’efforcent de manifester leur identité en se mettant en rupture avec la mondialisation, quels que soient les avantages réels ou supposés de celle-ci.

    Telle est bien la faiblesse de la mondialisation : oublier que les hommes demeurent des êtres de chair, limités, ayant besoin de repères sensibles, d’enracinement dans un terroir, une religion, une famille culturelle.

    L’homme, même mondialisé, restera un homme de cette terre. S’il l’oublie, la terre se rappellera à lui, de quelque façon que ce soit.

     

    N’existe-t-il pas d’alternative à cette mondialisation forcée, basée sur la puissance de l’argent, mais dont les effets dépassent largement le domaine économique ?

    Toute une vision de l’homme découle en effet de ce type de mondialisation. Il y a quelques dizaines d’années on disait de cet homme qu’il était unidimensionnel, ne se définissant que par son unique dimension matérielle, sans autre âme ni raison d’exister que la rentabilité économique et la consommation.

    Ce n’est donc pas sans raison que des résistances se manifestent, que des ethnies ou des peuples sont en quête d’une reconnaissance et que des religions entrent en conflit avec une société qui n’offre pas d’autre perspective communautaire que la participation au grand marché mondial. Le désir très répandu d’être soi-même et d’exister sans être soumis à un ordre qui a des relents de colonisation et d’impérialisme montre l’aspiration à ne pas être réduit à l’uniformité anonyme.

    Si la mondialisation économique et politique semble inévitable, l’homme pourra-t-il survivre sans se donner un destin communautaire qui soit spirituel ?

    L’homme n’est pas un mondial économique, il est un spirituel universel.

     

    Seules les religions peuvent faire droit au désir d’exister qui est au fond de chaque homme. Seules les religions le mettent en relation avec le cosmos qui l’environne et l’enracinent en cette terre. Seules elles luiassurent un avenir parce qu’elles lui reconnaissent un présent en tant que personne unique devant Dieu. Seules elles font de lui un homme appelé à l’universel, accueillant le monde entier dans le respect de ses différences.

    Encore faut-il espérer que les religions sauront éviter, chacune pour son compte, les pièges du fondamentalisme afin de ne pas entrer en guerre les unes contre les autres, ne rêvant que de substituer un impérialisme religieux à un impérialisme économique.

    C’est un exercice délicat.

    Les chrétiens, pour leur part, ne sauraient oublier que la force de leur Seigneur s’est manifestée d’abord du haut de la Croix, c’est-à-dire dans la faiblesse. Ils auront à cœur d’éviter les épreuves de force, imitant Celui qui n’a vaincu qu’en acceptant de passer par la mort.

    Fr. André LENDGER

    « 20 juin 1998 - Les évangiles.13 septembre 1998 - Du pouvoir et des hommes. »

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment



    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :