• 13 septembre 1998 - Du pouvoir et des hommes.

    Du pouvoir et des hommes.

    Deux grandes puissances sont ébranlées par les problèmes de leurs présidents.

    L’un, gravement atteint dans sa santé, semble incapable de maîtriser la grave crise économique et politique qui secoue son pays ; l’autre, tout auréolé de succès dans tous les domaines, se voit menacé pour des légèretés qu’en d’autres lieux on tiendrait pour mineures.

     

    Le pouvoir est chose bien fragile.

    Des dictateurs fraîchement réélus ont été emportés comme fétus de paille au Congo et en Indonésie, d’autres continuent de régner, que ce soit en Irak, en Birmanie ou en Serbie. Le pouvoir de ces dictateurs est d’autant plus stable qu’ils savent, en s’appropriant les médias et tous les moyens d’information, désigner des boucs-émissaires extérieurs pour couvrir leurs échecs et manipuler l’esprit de leurs peuples au point de se faire passer pour des sauveurs.

    Il n’en va pas de même dans les démocraties où le pouvoir est exposé à la critique d’une opposition et au regard soupçonneux des médias. Le peuple se reconnaît majoritairement dans celui qu’il a porté au pouvoir, mais il garde un recul et ne s’identifie pas à lui. Il pourra le rejeter lors de nouvelles élections. L’homme au pouvoir entretient toujours un rapport dialectique avec le peuple. Celui-ci ne lui appartient pas. Ce serait plutôt l’inverse.

     

    Au sommet d’un Etat démocratique, le pouvoir ne peut pas être absolu.

    Le président Clinton en fait l’amère expérience. Si la pensée d’un pouvoir absolu a jamais pu l’effleurer, ses difficultés actuelles suffiraient à lui démontrer que ce serait vain.

    Vu de l’étranger l’épisode Clinton a quelque chose de consternant. Certes il nous semble déplaisant et même déplacé, à nous qui avons d’autres références politiques et éthiques, que les citoyens d’un pays trouvent quelque intérêt à connaître les détails scabreux de la vie privée de leur président. Il peut également nous sembler que le rôle des médias, en la circonstance, ressemble à une pression extrême sur les esprits.

    C’est pourtant une leçon de démocratie qui nous est donnée : l’homme le plus puissant des Etats-Unis et de la terre doit répondre de ses faits et gestes devant ceux qui l’ont élu. Si les chefs d’accusation sont étayés, le fait divers n’aura fait que servir de révélateur à des attitudes qui, si elles devaient se banaliser, ruineraient à la longue la vie politique du pays

    On peut épiloguer sur l’hypocrisie et sur les règlements de compte qu’on peut détecter derrière la vertueuse façade des accusateurs et des contempteurs du président.

    Il appartient aux seuls américains de se prononcer sur leur président, quelque incidence que cela puisse avoir sur le reste du monde. Eux seuls ont le droit de décider quelles valeurs morales ils souhaitent trouver dans celui qu’ils élisent à la tête de leur pays pour que vive leur démocratie, et peut-être, par ricochet, la nôtre.

    Le pouvoir d’un peuple et de ses représentants ébranle le pouvoir de son président

    Le pouvoir d’un président, fut-il le premier de la terre, se révèle fragile.

    N’en va-t-il pas ainsi de tout pouvoir ?

     

    Il n’est pas possible de se passer d’un pouvoir.

    Il n’est pas bon que ce pouvoir soit absolu.

    Le peuple lui-même, ni les médias, ne sauraient se prévaloir d’un pouvoir absolu.

    Tout pouvoir a besoin d’être régi par des règles strictes, tant le pouvoir, par la position dominante qu’il procure, facilite l’abus de la part de celui qui l’exerce.

    Aucun pouvoir ne doit être invulnérable et tout pouvoir doit rendre des comptes, puisqu’il n’est pas destiné à satisfaire l’instinct dominateur de celui qui l’exerce, mais à servir.

    C’est la situation de tous les hommes qui exercent un pouvoir, que ce soit par vocation ou parce qu’ils y ont été appelés par les institutions démocratiques : leur pouvoir est service des autres. Voudraient-ils devenir tout-puissants, ils seraient arrêtés en chemin par ceux qui les ont mis à la première place. Ils sont serviteurs. Leur place première est la dernière.

     

    La tendance naturelle de l’homme est de confisquer le pouvoir pour s’exalter lui-même. Mais celui qui agit ainsi se trompe : le pouvoir lui est confié pour le service des autres.

    Si, comme Jésus le dit à Pilate, tout pouvoir est donné par Dieu, celui qui a le pouvoir en rendra compte non seulement aux hommes, mais à Dieu… même les dictateurs.

    Le Dieu Tout-Puissant ne s’est-il pas fait Serviteur ?

    Fr. André LENDGER

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