• 20 juin 1998 - Les évangiles.

    Les évangiles.

    Ils sont quatre : trois d’entre eux se ressemblent et le quatrième est différent des autres.

    Tous nous font connaître la vie publique de Jésus.

    Tous sont hantés par cette question : qui est cet homme ?

     

    Jésus a beaucoup parlé mais n’a laissé aucun écrit. Or les évangiles sont des écrits.

    Ceux qui les ont rédigés se sont appuyés sur la mémoire de tous ceux qui avaient vu et entendu Jésus et qui l’avaient suivi sur les routes de Galilée et à Jérusalem.

    Les évangiles n’ont rien à voir avec un reportage tel que nous le concevons aujourd’hui. La vérité historique qu’ils renferment n’est pas une chronique, ni une compilation d’archives. Elle est constituée des souvenirs précis des gestes sauveurs et des paroles cinglantes de Jésus.

    Du vivant de Jésus ses disciples et les foules le suivaient, l’écoutaient, admiraient ses miracles et guettaient ses réparties aux questions que lui posaient les pharisiens.

    Rien de tout cela n’était mis par écrit, mais tout s’imprimait dans la mémoire des gens qui se posaient la question lancinante : qui est cet homme ? un prophète ? le messie ? vers quoi nous mène-t-il ? Dieu est-il avec lui ou n’a-t-il pas partie liée avec le diable ?

    Qui ? C’est la question qui a servi de socle à la rédaction des évangiles. On aurait pu s’en tenir au récit chronologique des faits et gestes de Jésus agrémenté de quelques-unes de ses paroles. C’aurait été se dérober à la tâche qui attendait les premiers chrétiens : se risquer à une interprétation de la vie de Jésus, proclamer ce qu’elle signifiait pour eux.

    Non pas dire une opinion comme on en a sur de grands personnages historiques, mais voir et faire voir que la vie de cet homme concerne directement chacun de nous, de l’intérieur.

    Les évangélistes montrent Jésus agir et parler pour introduire à son mystère et nous poussent à prendre parti pour ou contre lui. Aussi le discours des évangélistes n’est-il pas neutre : ils écrivent ‘pour que nous croyions que Jésus est le Christ.’ (Jn 20, 30).

     

    Le décalage dans le temps entre le moment où Jésus a parlé et agi et le moment où tout a été mis par écrit a favorisé l’élaboration d’un début de réponse à la question du ‘qui ?’.

    Pour Jésus comme pour chacun d’entre nous la mort, mettant un point final à sa mission, permet de regarder en arrière et de lire la vie du disparu avec un regard dépassionné. Pour Jésus à cette méditation du passé, s’ajoute la fulgurance qu’a été la résurrection.

    Elle fait entrevoir que la vie terrestre de Jésus ne se clôt pas sur elle-même, mais qu’elle  ouvre à une vie à venir. La vie de Jésus ne s’est pas arrêtée dans la mort, mais au contraire elle ne fait que commencer. Il faudra une longue méditation intérieure pour comprendre cela.

    Pour les contemporains de Jésus, la tâche essentielle consiste à rendre compte de l’identité profonde de cet homme qu’ils ont fréquenté et qui, maintenant encore, est vivant.

    Si Dieu l’a ressuscité des morts, sa vie terrestre ne peut qu’en recevoir une lumière qui oblige à ne pas en rester à l’anecdote. Les actes de salut qu’il a faits (guérisons, exorcismes…) ne sont plus de simples miracles, mais des signes de la présence de Dieu en lui. De même les paroles qu’il a prononcées revêtent une force neuve ; ce ne sont plus les paroles d’un simple prophète, mais des paroles dans lesquelles Dieu s’est impliqué.

     

    Les quatre évangiles sont le fruit de cette mémoire fidèle que les disciples de Jésus ont gardée de leur maître, enrichie de leur méditation à la suite de sa mort et de sa résurrection.

    Ces écrits nous permettent d’appréhender la personne de Jésus non seulement dans le déroulement de sa vie avec ses disciples, mais dans le mystère de sa relation à Dieu.

    Ils nous posent la question que les disciples et les foules se sont posées tout au long de la vie de Jésus : pour nous, aujourd’hui, qui est Jésus ?

    Nous pouvons croire que nous connaissons la réponse en disant : il est le Fils de Dieu.

    Ne sommes-nous pas habitués à ce titre au point qu’il ne représente rien de plus pour nous qu’un énoncé appris dès l’enfance, sans conséquences pour notre vie ?

    Pourtant les évangiles ont été écrits pour que notre existence soit bouleversée par cette nouvelle, seule source à partir de laquelle elle prend sens et acquiert un goût de divin.

     

    Lire l’évangile, c’est entrer dans la profondeur de la personne de Jésus.

    C’est également entrer dans la profondeur de notre propre être…

    ‘pour qu’en croyant nous ayons la vie en son nom.’ (Jn 20, 31)

    Fr. André LENDGER

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