• 23 novembre 1997 - Le diable. On peut y croire ou ne pas y croire.

    Le diable.

    On peut y croire ou ne pas y croire.

    On peut estimer qu'il est un personnage réel ou qu'il est purement mythique, virtuel.

     

    Mais on en parle, et le simple fait d'en parler lui donne une certaine consistance.

    On ne peut pas assurer qu'une chose existe parce qu'il existe un mot pour la désigner. Il existe bien des mots pour évoquer des êtres purement imaginaires : griffons, chimères...

    Rien n'interdit de penser que les noms de "Satan" ou "diable"" désignent autre chose qu'une projection de notre esprit pour désigner la cause des maux qui rongent l'homme.

    Existence, inexistence du diable, toutes les hypothèses sont acceptables.

    Au moment de notre baptême, nous renonçons à Satan et nous le chassons. Cela ne fait pourtant pas de Satan un objet de foi. Nous croyons au Christ, source de vie, dans lequel nous sommes baptisés, nous n'avons pas à croire en celui qui n'est que puissance de néant.

    Il n'empêche que nous faisons tous l'expérience du mal.

    Certains même estiment que lorsqu'ils commettent un acte d'une particulière gravité, meurtre ou viol, ils y ont été poussés par une puissance à laquelle ils n'ont pas pu résister.

    Est-ce pour autant le diable ?

     

    Il serait tentant de balayer d'un revers de main une telle vision des choses.

    L'évocation de Satan ou de toute forme de possession est-elle autre chose qu'une excuse, une dérobade devant une responsabilité et une culpabilité qu'on refuse d'assumer ?

    C'est une hypothèse qu'on ne peut pas rejeter, mais elle ne rend pas complètement compte de la réalité. Tous ceux qui évoquent l'emprise d'esprits ne sont pas des lâches et certains même sont accablés par leur culpabilité et leur emprisonnement psychique.

    Qui n'a jamais fait l'expérience d'un acte qui échappe à sa volonté ? "C'est plus fort que moi !" C'est ce sentiment qui habite ceux qui pensent avoir agi sous influence. Dès lors le diable n'est pas perçu comme une excuse, mais comme une aliénation.

    Existant, inexistant ? Il est vain de vouloir trancher la question de façon rationnelle. Personne ne pourra jamais rien démontrer. Nous sommes dans un domaine de foi. Lorsque l'homme est affronté à des échecs et à des malheurs et que sa culture personnelle ou sociale ne lui fournit pas des éléments d'analyse rationnelle, il ne peut ni comprendre ni assumer ses épreuves. La présence du diable devient la seule explication logique.

    Dans un univers culturel où le diable et les esprits sont, non seulement évoqués, mais invoqués sans cesse, l'agir libre est comme étouffé, enserré par ces forces. L'homme n'est jamais seul face à lui-même ni devant Dieu, dans la responsabilité nue de ses actes. Il se sent assailli, habité, submergé par des puissances occultes, réelles ou pas.

     

    La question de l'existence du diable n'a pas d'intérêt.

    A force de parler de lui et des légions qui le suivent, le diable a acquis droit de cité.

    Il appartient à une culture, il en est le produit, il y trouve un statut de pseudo-existant.

    Le diable devient un phénomène culturel incontournable et, comme tel, il entraîne les effets qu'on est en droit d'en attendre : il embrouille les esprits et les raisonnements, il s'introduit dans les logiques les mieux établies, il contamine ceux qui n'y croient pas, il introduit le mensonge et la méfiance dans les rapports humains. Il "joue" son rôle de diable !

    Le simple fait de croire à son action le rend efficace puisque tout lui est attribué.

    Le diable est une réalité culturelle dangereuse : la prolifération des sectes sataniques, issues de cette croyance, illustre jusqu'où peut aller un rapport faussé avec le mal.

    C'est nous qui faisons le lit du diable et lui ouvrons le passage. C'est notre incapacité à assumer les maux qui nous adviennent qui nous amène à nous tourner vers lui, comme s'il était l'unique et ultime explication. C'est nous qui le tirons du néant qui est son vrai domaine.

    Nous sommes responsables de l'importance que nous lui attribuons.

    Apprenons à vivre sans lui, c'est à dire libres. C'est une question de culture !

     

    Pour qui croit au Christ il n'existe ni diable ni esprit qui n'ait déjà été vaincu.

    Reste l'homme devant le mal en lui et dans le monde. A chacun de nous d'assumer notre responsabilité de femmes et d'hommes libérés. "Ne crains pas" !

    fr. André LENDGER

    « 16 novembre 1997 - La parole. Un don et une responsabilité. 30 novembre 1997 - L’appel. »

    Tags Tags : , , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment



    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :