• 16 novembre 1997 - La parole. Un don et une responsabilité.

    La parole.

    Un don et une responsabilité.

    Impossible de vivre sans parler, à moins de souffrir d'autisme.

     

    Parler, c'est entrer en communication avec d'autres par le moyen du langage.

    Le corps également peut être langage, car lui aussi fait signe, mais il ne suffit pas.

    Dans l'un et l'autre cas, parler, c'est établir avec l'autre une relation qui permet d'écouter et d'être écouté, de dire ce qui est en nous et de recevoir ce qui est en l'autre.

    La parole engage un mouvement de l'être :

          - elle prend sa source au plus profond de nous. Elle est un don que nous avons reçu et dont nous sommes dans l'incapacité de saisir l'origine. La parole est l'expression la plus fondamentale de notre personne.  Elle est notre souffle, elle dit notre être.

          - lorsqu'elle sort de notre bouche, c'est du plus intime de notre chair qu'elle jaillit. Dès lors elle échappe à celui qui vient de l'énoncer, conquiert une autonomie par rapport à celui qui l'énonce et se trouve livrée à l'interprétation de tout un chacun.

    Parler est une aventure, un engagement, un courage et un risque.

     

    L'homme ne peut pas ne pas parler, sous peine d'être réduit à l'animalité.

    La parole lui permet de se connaître, d'explorer son intériorité en se disant et de s'affirmer dans son être. Celui qui ne parvient pas à la parole est comme mort. Il est étouffé en lui-même, il reste dans la confusion, il ne parvient pas à la lumière et ne sait pas qui il est.

    Mais que veut dire parler ? C'est s'exprimer en vérité.

    Or la vérité qui est en nous demeure inaccessible, car elle est enfouie au plus profond de notre être. Elle s'identifie à notre origine et nul ne peut ressaisir l'acte qui l'a créé.

    C'est le privilège de l'homme de pouvoir sonder son cœur et de prendre possession de lui jusqu'à pouvoir dire "je" dans sa vérité nue.

    La naissance à la parole vient du désir inscrit en chacun de nous de rechercher la vérité de son être, de ce qui parle au plus profond de lui de façon fondamentale.

    Or nos discours s'ornent le plus souvent de fioritures, de silences gênés, de digressions qui camouflent ce que nous sommes réellement. Nous n'osons pas nous risquer à visage découvert, nous nous dérobons à la recherche, nous avons peur de notre vérité.

    Nous nous acharnons à cacher nos limites et nos failles. Nous nous exprimons comme si nous étions notre propre origine, identifiés à elle, comme Dieu.

    Nous nous installons dans la fausseté et le mensonge.

    Il n'y a de vérité que dans l'adéquation de la parole à l'être : "je suis ce que je dis et je dis ce que je suis." Sinon la parole est biaisée et l'échange aboutit au néant.

    Faux-fuyants et bonnes raisons (ne pas blesser, ne pas faire de peine, ne pas choquer ou scandaliser, protéger l'un ou l'autre sont autant de mensonges, à moins que, en différant le discours, ils permettent d'atteindre la sérénité nécessaire à la recherche de la vérité.

    Le mensonge ne commence pas en disant le contraire de la vérité, mais en la dérobant aux autres, sous des prétextes parfois nobles. Mais le menteur n'est pas lenteur qu'à l'égard des autres. Il l'est à l'égard de lui-même. Il se croit juste et charitable, il a bonne conscience, mais il est le plus menteur de tous, car il ment sans dire de mensonge !

    Entrer dans le mensonge, c'est supprimer la confiance en toute parole. On ment, dit-on, parce qu'on n'a pas confiance en l'autre. Mais si on n'a pas confiance en l'autre, c'est parce qu'on refuse de voir et de dire sa propre vérité. Tout rapport humain est désormais faussé. On refuse le passage de la vérité par la médiation de la parole. Les mots ne veulent plus rien dire puisqu'ils se refusent à la vérité. Il ne reste plus qu'à s'enfermer dans des affirmations péremptoires, prisonnier de son mensonge !

     

    Il n'est de parole que vraie et il n'est de parole vraie qu'adéquate à notre être.

    Seul Dieu peut avoir cette adéquation parfaite, parce qu'il est sa propre origine.

    Seul Il peut avoir une parole vraie parce que Son être est équivalemment Parole.

    En Celui qui est Parole originelle se trouve la source de toute parole humaine.

    Apprendre à parler en vérité c'est s'approcher de Dieu sans se prendre pour Lui.

    C'est avoir une parole libre parce que risquée dans la foi devant Dieu.

     

    fr. André LENDGER

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