• 13/03/1994 - Réfréner ses désirs.

    Une expression que nous répétons souvent pendant le Carême.

    Nos désirs seraient-ils la source de désordres ?

     

    Nous vivons dans une société où il semble que les désirs sont multipliés à l'infini.

    Biens de consommation, loisirs, plaisirs, tout nous est proposé à profusion comme un gage de bonheur.

    La lune elle-même est à notre portée.

    La publicité se fait un devoir d'éveiller en nous les désirs les plus divers et les plus secrets, au point que ceux qui ont les moyens de se les offrir peuvent avoir du mal à choisir.

     

    Ceci ne va pas sans contrepartie.

    La multiplication des désirs agit comme une force centrifuge sur notre personne qui n'a pas plus de raisons de satisfaire tel désir plutôt que tel autre et qui s'engage sur toutes les voies à la fois, en dehors de tout principe de cohésion.

    Il s'ensuit un certain nombre de frustrations possibles :

                - un choix ne peut être fait qu'au détriment d'autres désirs potentiels.

                - il y a peu de chance d'aller jusqu'au bout de la réalisation de chaque désir si non ne parvient pas à choisir.

    Nous finissons par être étouffés par la multiplication des sollicitations.

    Nous finissons par perdre de vue le fondement même de notre être, son unité et sa profondeur.

     

    Ce phénomène, s'il revêt une acuité inconnue jusque là en raison de l'évolution de notre société de consommation, n'est pas nouveau.

    C'est pour nous aider à retrouver la fonction du désir et à le resituer dans notre vie que les grandes religions ont institué des périodes de jeûne.

     

    Car le désir n'est pas à supprimer.

    Il est indispensable à l'homme, y compris dans sa relation à Dieu.

    Le désir nous met en mouvement, nous pousse vers l'autre et finalement vers Dieu.

    Le désir nous fait franchir les limites dans lesquelles nous pourrions nous complaire.

    Le désir est l'expression de la vie qui est tension.

    L'homme sans désir est déjà mort.

     

    La multiplicité des désirs humains est-elle conciliable avec l'unique désir de Dieu ?

    Cela peut ne pas apparaître possible.

    Pourtant si nos désirs peuvent nous détourner de Dieu, aucun n'est en dehors de lui.

    Tous nos désirs prennent leur source dans l'unique et insatiable désir de l'Autre que nous ne pouvons atteindre qu'à travers le voile des sens.

    Le désir de Dieu apparaît éclaté entre mille désirs, mais tous rendent Dieu accessible, car le désir vers lequel tendent tous nos sens est l'unique au-delà d'eux -mêmes.

     

    L'illusion est malheureusement possible.

    Quand nous avons atteint l'objet désiré, quand le rêve a été réalisé, nous pouvons nous en suffire, éviter la frustration qui nous fait signe d'un inachèvement, et d'une requête plus profonde.

    Au lieu de laisser nos désirs nous entraîner au-delà de l'objet, nous pouvons nous replier sur nous avec cet objet, croyant nous en être enrichis, avoir passé un bon moment ou avoir fait une bonne expérience. Mais nous n'avons alors atteint que le fantôme de ce que nous recherchions. Nous sommes enfermés en nous-mêmes comme dans une prison.

    La satisfaction du désir n'est pas atteinte si l'on se contente de s'emparer de quelque chose ou de quelqu'un. Elle ne l'est que si l'on se donne et si l'on aime au point de se trouver toujours insatisfait de ce qui est atteint.

    Au lieu d'atteindre Dieu on peut se gaver d'idoles.

     

    Réapprenons le désir.

    fr. André LENDGER

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