• 20/03/1994 - La justice prétend se situer au-dessus du monde politique.

    La justice prétend se situer au-dessus du monde politique.

    Elle défait nombre de carrières politiques.

    Le phénomène n'est pas nouveau et il n'est pas limité à notre pays. Tous les pays démocratiques

    connaissent des relations tumultueuses entre la justice et les hommes politiques (Italie, Grande-Bretagne, Etats-Unis, Espagne...) : est réputé juste ce qui est conforme aux droits de l'homme et aux lois votées par le législateur.

    Les pays totalitaires ne connaissent pas ce genre de conflits, le pouvoir judiciaire étant soumis au pouvoir politique. Tous les anciens pays communistes ont connu l'alignement de la justice sur la politique. C'est encore le cas des quelques pays qui demeurent d'obédience marxiste (Cuba, Chine, Corée du Nord...) : est réputé juste ce qui est conforme aux intérêts du Parti et de ses dirigeants.

    Quant aux dictatures sans autre idéologie que celle du "chef", telles qu'elles s'étaient développées en Amérique Latine et telles qu'elles survivent en quelques pays d'Afrique, en Haïti, en Irak... ne connaissent de justice que celle qui permet de consolider les ambitions personnelles de quelques dirigeants.

     

    Certains éprouvent la crainte que la justice ne devienne elle-même un pouvoir au-dessus des autres. On parle de "république des juges" : la justice pourrait se prendre à son propre jeu et imposer une dictature des "incorruptibles" dont la Révolution française nous a montré qu'elle n'était pas moins redoutable qu'une autre.

    D'autres craignent que cette justice se révèle finalement partisane, reflet d'anciens conflits de classes et de compromis politiques.

     

    Ces dangers doivent être pris en considération.

    Mais ils sont de peu de poids face aux avantages d'une séparation des pouvoirs politique et judiciaire, telle qu'elle existe dans nos pays démocratiques.

    Si le pouvoir politique doit avoir un souci, c'est celui de faciliter la liberté d'action de la justice dans sa recherche de la vérité et de la laisser faire son oeuvre.

    Quel Etat peut, à long terme, se permettre sans danger de museler la justice ?

    Un jour ou l'autre la vérité a toutes chances de rattraper ceux qui l'ont bâillonnée, ou bien la gangrène se répandra dans le tissu social, comme le démontre la Maffia.

     

    C'est un grand malheur pour un pays de voir sa classe politique compromise dans des affaires multiples. C'est pourtant une tâche nécessaire de la justice de faire respecter par chacun les limites de ses pouvoirs, spécialement par ceux qui, dans l'ivresse d'un moment, peuvent croire que leur pouvoir est sans limite et qu'ils sont invulnérables.

    Toute faiblesse humaine, quelle que soit la grandeur de la tentation à laquelle elle doit faire face, se heurte à des règles du jeu, même critiquables.

     

    Le déshonneur atteint l'homme politique reconnu coupable. Il rejaillit sur ceux qui lui ont fait confiance et se sentent désavoués ou humiliés dans leur choix. Il voudraient bien voir l'acte d'accusation transformé en erreur judiciaire, abus de pouvoir...

    A ce jeu-là les hommes politiques ont des chances de passer rapidement, dans la conscience commune, de l'état d'accusés à l'état de victimes.

    Ils se relèveront plus facilement que le petit délinquant : on plaindra l'homme politique mais on chargera le délinquant. Le premier passera pour un héros aux yeux de quelques-uns, le second restera à jamais un être nuisible. Les mauvais coups de l'un, réalisés dans l'ombre, ne feront pas souffrir, tandis que l'autre continuera de faire peur et laissera des traces traumatisantes.

    Est-ce à dire que le petit délinquant, casseur, voleur, cambrioleur, ait moins de circonstances atténuantes que l'homme politique ?

    La justice est loin de s'y tromper, et cela aussi est un signe de santé sociale.

    En faisant son travail la justice aide certainement nos pays démocratiques à favoriser l'arrivée d'hommes politiques intègres et dévoués à leur tâche première qui est le service des autres.

     

    La justice est l'affaire des citoyens. Puissent les chrétiens ne pas l'oublier.

    fr. André LENDGER

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