• 12 Janvier 1997 - "Vent des Globes". "Paris-Dakar" - Epreuves de l'extrême. Rendez-vous avec la mort.

    Le monde contemporain offre peu d'occasions de courir de nouvelles aventures.

    La terre est à peu près totalement explorée et l'exploit est devenu un luxe.

    Chaque entreprise coûte une fortune, nécessite une préparation et une formation qui dépassent les possibilités de la plupart des gens.

    La majorité est obligée de vivre les grands exploits des autres par écran interposé, sachant bien que jamais ils ne lui seront accessibles.

    Il est bien sûr possible de se satisfaire de la bicyclette, de la mobylette, de la planche de surf ou du parapente. Mais ces sports individuels, largement répandus, ne permettent pas d'aller à l'extrême ni de se mesurer avec la mort comme les coureurs de la mer ou du désert.

    Or c'est bien l'extrême qui séduit, voire la confrontation avec la mort possible.

    Frôler l'impossible. Ne pas savoir si l'on ressortira vivant de la tentative en cours.

    Jusqu'où puis-je aller ?

     

    Que reste-t-il à celui qui n'a pas les moyens de courir l'aventure de l'extrême ?

    Il lui reste son désir, un désir brut et nu, irrépressible et pourtant hors de portée, irréalisable, qui se transforme en sentiment de frustration et peut conduire aux pires dérives.

    La raison peut lui suggérer de trouver un dérivatif à la mesure de ses possibilités.

    La déraison peut l'entraîner à chercher des solutions à sa portée, qui, au lieu de le grandir comme il l'espère, vont l'abaisser, telles que rouler à toute vitesse sur un cyclomoteur sans casque au risque de se tuer et de tuer son compagnon du moment, noyer ses désirs dans la drogue ou l'alcool, voler une voiture, faire un casse... C'est l'aventure du pauvre, sa façon de se prouver qui il est. Cela aussi a un coût : ce peut être la prison.

    En notre temps où l'on parle si fort de fracture sociale, celle-ci est visible jusque dans la possibilité donnée à chacun de se mesurer avec lui-même et avec la mort.

     

    Quel décalage avec l'organisation des grandes entreprises sur mer ou dans le désert : fiabilité, sérieux, capacité à sauver de la mort ceux qui l'approchent de trop près.

    Nous sommes émerveillés par ces concurrents qui se portent au secours les uns des autres dans une solidarité qui fait taire le rivalité qui peut régner entre eux.

    Nous admirons ces défis au cours desquels des hommes et des femmes affrontent les forces et les dangers de la nature et prennent la mesure d'eux-mêmes.

    Ces coureurs de l'impossible nous assurent que, même si notre terre n'est rien de plus qu'une petite boule égarée dans l'immensité des étoiles, l'aventure y est encore possible.

    Nous nous sentons concernés par leurs exploits. Ce sont ceux dont nous rêvons à notre façon. Faute de pouvoir faire plus, nous les vivons par procuration.

    C'est ce que tentent aussi de réaliser, dans des conditions infiniment plus indigentes, tant au point de vue économique qu'humain, ceux qui n'ont d'autre accès aux défis de l'homme que dans la déviance et la délinquance.

     

    Mais tout ceci n'est qu'image, une image qu'Il nous faut dépasser.

    Ce qui est en jeu, c'est un autre défi plus radical et tout intérieur.

    Ce n'est plus notre capacité à dominer les éléments, mais notre capacité à mener à bien le combat spirituel de tout homme avec lui-même et avec les forces de la mort.

    Ce combat exige lui aussi courage et lucidité, organisation personnelle et solidarité.

     

    Tout homme est en effet appelé à côtoyer l'extrême qui est en lui, à  se mesurer non plus aux dangers extérieurs, mais au tumulte et aux contradictions des forces intérieures.

    Il lui faut passer des images à la seule vraie réalité : lui-même, dans sa nudité.

    Il découvrira alors le sens et le terme de l'aventure qu'il aura traquée toute sa vie, dans sa confrontation avec les éléments déchaînés ou avec la marginalité.

    L'aventure prendra un visage et un nom : Jésus-Christ.

    fr. André LENDGER

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