• 29 décembre 1996 - Une année s'achève. Une année commence.

    Une année s'achève.

    Une année commence.

    "Rien de nouveau sous le soleil", comme dit un auteur de l'Ancien Testament.

     

    Est-ce si vrai que cela ?

    Nous le savons à l'avance, l'année qui vient connaîtra des épreuves, des guerres, des actes terroristes et des drames. Il en a toujours été ainsi et il en sera toujours ainsi.

    Elle connaîtra aussi des joies, des bonheurs, des réjouissances, des fêtes et des excès.

    En quelque situation qu'il se trouve, l'homme se laissera aller à ses folies.

     

    Mais l'homme continuera de chercher, de découvrir, de penser et surtout d'espérer.

    Sans doute est-ce le fil le plus ténu qui soit. C'est cependant le plus riche d'espérance.

    S'il est du bonheur à attendre dans l'année qui vient, il ne peut venir que de l'amour.

    Le malheur et le bonheur sont les vieux oripeaux de l'humanité. Ils nous accompagnent depuis le début des temps et ils ne disparaîtront qu'à la fin des temps. Ils nous tirent vers le passé. Ils sont le signe du désordre ancien, du chaos primitif, de la décomposition.

    Aucun répit n'est à attendre de ce côté. Demain sera comme hier, si nous ne cultivons que la face obscure de la vie, celle par laquelle nous nous laissons capturer si volontiers.

    Les atrocités, pour différentes qu'elles soient selon les temps, les lieux et les cultures, ont toutes pour point commun le refus de l'autre. Elles nous ramènent au commencement, nous font régresser vers ce moment où le "non" originel a scellé le germe de la négation de l'autre, et ont entraîné l'humanité vers une culture de violence et de mort.

    Rien de nouveau ne peut naître de notre inclination naturelle vers le mal.

     

    Seul l'amour peut créer du neuf, seul il est capable de surprendre inventer.

    L'amour est tourné vers le prochain, parce qu'il accorde à l'autre droit de cité dans notre coeur et notre estime. Il le fait naître, exister par lui-même, se donner un avenir avec nous.

    Cet accueil de l'autre peut avoir des conséquences imprévisibles, car il déjoue l'enchaînement quasi-naturel de la haine et de la violence. Il y met un frein, sinon un terme. Il jette les bases de la réconciliation là où il n'y avait que déchirement. L'amour édifie.

    L'amour fait sortir l'homme du cercle vicieux dans lequel il se trouve enfermé s'il se laisse aller à ses peurs, à ses jalousies et à ses pulsions de domination.

    L'amour dérange car il va à contre-courant des inclinations de l'homme dominateur de ses frères. L'amour ne fait pas que brûler les coeurs. Il brûle en même temps les germes de mort qui pourraient anéantir l'humanité. Il transforme la société et donne sa chance à la vie.

    Mais l'amour n'est pas sentimentalité, douceur ou faiblesse. Il est combat. Il se paie parfois du prix du sang, comme en ont témoigné les moines de Tibhirine ou Menahem Begin.

    Les Prix Nobel de la Paix nous le rappellent année après année, eux qui couronnent des hommes et des femmes qui ont engagé leur vie pour que la justice, le respect du pauvre ou la liberté d'un peuple opprimé soient reconnus, au risque de la mort.

     

    La violence passera, ne laissant que souvenirs nauséabonds. L'amour ne passera pas.

    Le sang versé par amour sera le témoin, pour les générations à venir, de la possibilité de l'amour jusqu'à l'extrême et des régénérations qu'il peut seul apporter.

    Que l'amour apporte du neuf, les martyrs, qu'ils soient chrétiens ou simples défenseurs des Droits de l'Homme, en apportent la preuve. Ils maintiennent l'humanité sur le chemin de crête afin qu'elle ne verse pas dans la barbarie généralisée.

    Le Christ Jésus, qui vient de naître pour nous, atteste que le sang versé par amour peut transformer l'homme et la société jusque dans leurs ressorts les plus intimes.

     

    Le pire est toujours prévisible et semble inévitable.

    Le meilleur est imprévisible et vient jeter le trouble dans un jeu aux règles bien établies depuis le refus primitif de l'autre, accompagné de la violence originelle.

    L'année qui vient ne sera nouvelle, source d'inédit,que dans la mesure où nous saurons faire place à l'amour et faire reculer la violence et son cortège de mort.

    Ne rafistolons pas le vieux. Faisons du neuf, de l'imprévisible.

    Apprenons à aimer

    fr. André LENDGER

    « 22 décembre 1996 - Naître. Entrer dans une vie qu'on n'a pas choisie. Renaître. Choisir librement un sens pour sa vie. 12 Janvier 1997 - "Vent des Globes". "Paris-Dakar" - Epreuves de l'extrême. Rendez-vous avec la mort. »

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