•  

    A qui se fier ?

     

    Question qui suppose désappointement et déception.

     

     

     

    Rivalités, haines, jalousies, entachent bien des relations humaines.

     

    Indélicatesse, déloyauté, manque de probité, font des victimes nombreuses parmi les personnes faibles, seules, âgées, handicapées,...

     

     

     

    Personne - ni homme ni pays - ne peut vivre seul, quel que soit son rêve autarcique.

     

    Nous ne pouvons pas échapper au rapport social.

     

    Nos rapports réciproques, faits de besoins et de services, impliquent la confiance.

     

    Cela commence dès la naissance avec les rapports entre la mère et l'enfant, puis entre le jeune homme et la jeune fille, la vie professionnelle, la maladie, la mort,...

     

     

     

    A qui se fier dans les affaires matérielles ?

     

    A qui surtout confier sa vie, son souffle, ses angoisses, ses espérances,...?

     

    C'est toujours un risque.

     

    Risque d'être dérouté dans mon attente.

     

    Risque de se trouver prisonnier, piégé, par celui ou celle à qui je me suis fié.

     

    Risque qui fait peur.

     

     

     

    Ne plus avoir confiance en l'autre, c'est se sentir faible et exploité, victime d'une situation qui échappe.

     

    C'est mettre l'autre en question :

     

                tel autre, mais peut-être tous les autres.

     

    C'est  le début de l'enfermement sur soi, la naissance à l'angoisse solitaire.

     

    Si je ne peux plus me fier à l'autre, puis-je au moins me fier encore à moi ?

     

                - ceux qui sont forts ou imbus d'eux-mêmes n'ont pas besoin du regard des autres pour alimenter leur confiance en eux-mêmes.

     

                - ceux qui sont installés dans le doute et le questionnement, au contraire, ont besoin du regard des autres pour avoir confiance en eux.

     

    Ne plus pouvoir se fier aux autres, pour la plupart des hommes, c'est entrer dans le cercle vicieux de la déstructuration, voire de la néantisation de soi.

     

    N'osant plus me fier aux autres, je perds du même coup toute confiance en moi.

     

    Je chavire dans la tempête que font souffler sur moi mes doutes sur l'autre.

     

     

     

    Je peux me tourner vers Dieu et lui suggérer d'amadouer mes ex-amis.

     

    Mais Dieu n'en a cure : il les laisse agir comme ils veulent.

     

    Ce ne sont pas les autres qui, dans cette affaire, sont en question pour Lui, mais moi, mon regard sur autrui, ma façon de vivre ma difficulté.

     

    Dieu n'est pas à mes ordres pour changer le cœur des autres.

     

     Il est par contre attentif à mon cœur pour le changer et me donner Sa force :

     

                - force qui me permettra de me libérer de ma peur d'autrui, et de reprendre en mains mon destin.

     

                - force qui me permettra de découvrir que l'issue de mon malaise dépend en partie de moi (un "moi" appuyé sur Dieu qui, Lui, ne me marchandera pas Sa force).

     

     

     

    Parfois il faut rompre.

     

    Parois il suffit, assuré par la confiance retrouvée, d'acquérir le recul, d'accéder à une toute autre vision de la situation, de remettre les choses à leur place, de dédramatiser.

     

    Et si l'échec est inévitable, il sera encore possible de le surmonter et d'en faire un nouveau point de départ, une voie de salut, à l'image du Christ.

     

     

     

    On ne peut pas vivre sans faire confiance.

     

    On ne peut pas se fier aux autres sans avoir confiance en soi.

     

    On ne peut pas se fier à soi sans faire confiance au Dieu qui sauve.

     

    Sortir de l'effroi.

    fr. André LENDGER


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    L'homme contemporain est privé de tout lendemain, d'avenir, de sens et d'espérance, de famille, de la possibilité d'un travail régulier et stable.

     

    L'homme contemporain est coupé de son passé, ayant perdu ses racines, n'étant de nulle part, né d'une famille aux parents multiples et insatisfaisants.

     

    L'homme contemporain est expulsé de son présent, l'esprit empli d'images qui ne lui appartiennent pas, le cœur vide ou gonflé de sentiments de frustration.

     

    Il est une ombre qui se fait oublier dans l'oisiveté obligée et la solitude.

     

     

     

    La situation est mondiale.

     

    Les progrès rapides de la technologie ont éloigné l'homme d'un rapport direct avec la nature, ils ont pris possession de sa pensée par le biais des médias et lui ont retiré une part de son travail.

     

    Les pouvoirs économiques se sont emparés de ces progrès pour assurer leur domination sur l'homme.

     

    Les pouvoirs politiques - pourtant directement au service de l'homme - n'ont pas su assurer et faire respecter la primauté de la personne humaine.

     

    Relégué au rang de consommateur, l'homme se retrouve au service de la grande machinerie économique qu'on lui demande de nourrir et de faire avancer.

     

     

     

    Les tentatives - locales - faites pour enrayer le processus ont tourné court.

     

    La crise est mondiale, crise économique, mais aussi crise culturelle et religieuse.

     

    La solution, s'il y en a une, ne peut donc être que mondiale.

     

    Loi du marché, libéralisme, concurrence, productivité, rentabilité, taux d'intérêts,  évolution technologique,... où l'homme est-il pris en compte ?

     

    On peut répondre qu'il l'est à chaque étape du développement économique.

     

    C'est oublier la pandémie du chômage, qui transforme ceux qui en sont atteints en éternels assistés, quand elle ne les pousse pas à la déprime ou au suicide.

     

    Le chômage est, par certains côtés, une maladie aussi sinistre que le SIDA, car il déshumanise. Quel chômeur a créé une oeuvre d'art pour exorciser et faire partager son malheur ? Quelle solidarité autre que l'échec humain, l'amertume et la soumission à une fatalité démoniaque suscite le chômage ?

     

    Telles sont les conséquences humaines d'une économie qui a pour préoccupation première le bon fonctionnement de ses lois propres et non pas le service de l'homme.

     

    Il serait absurde de dire que l'économie oublie les hommes : ils sont sa justification.

     

    Mais elle ne sert les hommes que par ricochet, pour autant qu'ils la servent.

     

     

     

    La nécessité d'avoir une économie aux rouages bien huilés n'est pas mise en cause, sinon il n'est plus de société possible.

     

    Mais il en est de l'économie comme de tant d'autres institutions et inventions humaines. Elle tend inexorablement à asservir l'homme au lieu de le servir.

     

    Elle prend la forme d'une divinité despotique devant laquelle tous les hommes se prosternent. Plus soucieux de sa santé que de la santé des hommes, puisque notre bonheur est censé en dépendre, on lui sacrifie des vies en plein essor, des destins à jamais chavirés.

     

    N'y a-t-il plus d'espoir pour l'homme ?

     

    Devons-nous nous résigner à vivre dans des sociétés où le dixième au moins de la population sera réduit à l'état de mendicité nationale et d'indigence humaine ?

     

     

     

    Nous ne pouvons pas nous résigner.

     

    Inlassablement il faut rétablir l'homme dans sa dignité, lui soumettre ce qui doit le servir et l'épanouir, le remettre à sa vraie place, cœur de toute entreprise humaine et centre de la création.

     

    Une oeuvre à l'échelle de la planète.

     

    Nos élections y contribueront-elles ?

    fr. André LENDGER


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    Dimanche des Rameaux

     

    Un homme entre dans la ville juché sur son char.

     

    Un homme entre dans la ville assis sur un ânon.

     

     

     

    L'un et l'autre apportent la paix.

     

                Le général la propose au milieu des périls de la guerre, protégé par des armes qui, même silencieuses, constituent une menace.

     

                Le prophète la propose au milieu des dangers des rivalités politiques, nationalistes et religieuses, avec la seule armure de sa foi.

     

    L'un et l'autre se sont mis au service de l'homme.

     

    L'un et l'autre entreprennent leur démarche au risque de leur vie.

     

    Ils font face au fanatisme et s'interposent entre les forces du mal et Dieu.

     

     

     

    L'un vit encore.

     

    L'autre en est mort.

     

     

     

    Le premier met toute sa compétence et son courage au service d'une paix dont tout laisse à penser qu'elle a peu de chances de durer. Ce ne sera au mieux qu'une paix à taille humaine, fragile et sans cesse menacée.

     

                Qu'importe ! Il pose un signe.

     

                A d'autres de suivre.

     

     

     

    Le second a fait les choses plus radicalement.

     

    La paix qu'il prétendait apporter ne concernait pas des peuples ou des catégories sociales. Elle les englobait cependant.

     

    La paix qu'il proposait ne pouvait se satisfaire d'aucun compromis. Elle était au-delà de toute trêve. Elle dépassait l'équilibre fugace d'un instant.

     

    Sa paix était une réconciliation totale de l'homme avec Dieu. Par voie de conséquence elle entraînait la paix entre les hommes et la paix avec soi-même.

     

    Cette paix dépasse les forces humaines. Elle ne peut venir que de Dieu.

     

     

     

    La paix que Dieu nous donne ne peut pas être proclamée du haut de la tourelle d'un char, ni même d'un quelconque balcon. Elle est discrète et silencieuse car elle s'adresse non pas aux émotions de l'homme mais à la profondeur secrète de son cœur.

     

    Paix royale.

     

    Elle est accueillie avec enthousiasme par ceux dont l'espérance est plus forte que les menaces et les épreuves du temps présent.

     

     

     

    Celui qui aujourd'hui s'avance comme un roi de paix le fait sans triomphe, avec la pauvreté d'un humble serviteur.

     

    Ce roi est acclamé avec des branchages improvisés, coupés à la hâte ici ou là.

     

    Son cortège est dérisoire comparé à tant de pompes royales, républicaines ou même ecclésiastiques.

     

    Un roi sans autre couronne que celle tressée d'épines qui lui sera remise dans une mascarade protocolaire.

     

    Le roi de la paix se donne, messager de la paix promise et espérée, celle du monde à venir, celle d'un monde déjà-là.

     

     

     

    Dans son habit militaire, désarmé volontaire, le général combattant provoque des cessez-le-feu. Il convoque la paix au rendez-vous de la guerre.

     

    Il est l'image humaine et vivante du Prince de la Paix.

     

    La paix qu'il s'efforce de faire advenir, il le sait, n'est pas à la hauteur de l'espérance fondamentale de l'homme.

     

    Elle en est l'image, l'annonce, tout ce que peut faire l'homme.

     

     

     

    Avec nos rameaux acclamons le Prince de la Paix .

     

    Dans le même geste acclamons les artisans de paix.

    fr. André LENDGER


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    Srebrenica tombe.

     

    Les hommes d'Etat feignent la surprise quand tout le monde savait.

     

    Les chancelleries se concertent.

     

    De nouvelles sanctions sont prévues.

     

    Intimideront-elles l'agresseur plus que les précédentes ?

     

    Tant de sanctions ont été décidées avec une ou deux batailles de retard, exécutées avec mollesse ou pas du tout, l'agresseur s'en jouant comme il voulait.

     

    Sanctions ou reconnaissance de la loi du plus fort et du fait accompli ?

     

    Sanctions ou prime au cynisme ?

     

    On attend que les serbes n'aient plus besoin de leurs avions dans les zones de combat pour y faire patrouiller les forces aériennes de l'ONU.

     

    On attend la chute de Srebrenica pour prendre de nouvelles mesures de blocus.

     

    Mais les morts, les déportations, les viols, les transferts de population... continuent.

     

    Fallait-il attendre ces nouveaux morts ?

     

     

     

    Les textes sont prêts pour la paix, dit-on. Si l'agresseur n'a pas voulu les signer avant ce dernier événement, les signera-t-il demain en renonçant à sa conquête militaire ?

     

    Si l'ONU n'est pas en mesure d'amener l'agresseur à signer la paix aujourd'hui lorsque le monde entier est mobilisé, le sera-t-elle demain lorsque se profileront les contrats juteux pour "relever" le pays ?

     

     

     

    De quelle paix parle-t-on ?

     

    L'humiliation est-elle une base de paix ?

     

    La paix n'est pas soumission à la loi du plus fort, mais respect des différences.

     

    Une paix conclue dans l'arrogance du vainqueur entraînera un désir de vengeance, que rendront possible demain les renversements de force et d'alliances.

     

     

     

    L'ONU démontre son impuissance.

     

    Elle n'a pas pu éviter, dans un siècle et sur un continent qui nous enseignent la vanité de cet exercice, une guerre de conquête.

     

    Impuissante encore, pourra-t-elle éviter le pire au Cambodge ?

     

    L'ONU ne peut pas devenir le gendarme du monde et imposer des orthodoxies politiques. Cela deviendrait vite un carcan intolérable.

     

    L'ONU s'adresse à la conscience des hommes et des nations et trop de nations ou d'intérêts privés tirent profit de ces guerres.

     

    Mais l'ONU doit faire respecter les droits de l'homme, les droits des peuples à exister, et même les droits de la guerre - s'ils existent et quand il n'y a plus d'autre recours.

     

    L'ONU ne peut plus continuer d'étaler son impuissance, de prendre des décisions et d'accepter qu'elles demeurent lettre morte.

     

                Impuissante l'ONU ?

     

    Impuissance de la conscience des hommes et des nations ?

     

     

     

    Accepter le fait accompli serbe

     

                - c'est ouvrir la porte à tous les règlements de compte entre "petites" nations.

     

                - c'est préparer les "grands", qui ont étalé leurs faiblesses, aux pires déboires.

     

    Si les violents ont gain de cause ici, qui ne sera pas tenté par la violence ailleurs ?

     

     

     

    "Bienheureux les pacifiques".

     

    Cette Béatitude devrait résonner à nos oreilles au point de nous faire mal.

     

    Qu'en avons-nous fait puisque nous n'avons pas été incités à pousser vers Dieu un cri qui Lui soit insupportable - cri de stupeur devant l'horreur.

     

    Cri de notre honte et de notre impuissance complice devant le visage une fois de plus bafoué du Fils de Dieu en ces fêtes de Pâques.

    fr. André LENDGER


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  • La peur.

    Peur du lendemain.

    Peur de la maladie et de la mort.

    Peur de l'autre.

    Peur de Dieu.

     

    Qui n'a senti la terre se dérober sous lui ?

    Qui n'a pas reculé un  jour devant le vide ?

     

    La peur surgit à l'improviste du plus profond de notre être.

                Le danger qui provoque la peur vient généralement du dehors.

                Il peut cependant venir de nous. Même alors nous l'identifions comme un corps étranger à nous-mêmes, comme un hôte insupportable dont il faut se débarrasser.

    Quelle que soit son origine, agression ou simple crainte d'une agression, la peur provoque la panique intérieure, la débandade de notre cerveau et de nos entrailles.

    La peur nous paralyse.

    La peur nous cloue au mur d'immobilité.

    La peur nous emprisonne et nous isole. La personne envahie par la peur n'ose plus s'adresser à quiconque. Elle se referme sur elle-même, de crainte de tomber sur un ennemi.

    La peur fait naître des soupçons. Elle est prétexte à la délation, à la recherche de coupables et à la vengeance.

     

    Il y a toutes sortes de peurs :

                - la peur que suscite la violence physique, la peur qui empêche tant de gens de sortir, le soir, dans les rues vides des grandes villes.

                - la peur que nous ressentons en présence de personnes décidées à écraser tout ce qui peut faire obstacle à leur volonté hégémonique, que ce soit en matière politique ou tout simplement dans nos familles.

                - la peur spirituelle qui fait redouter un mal tel qu'on est prêt à faire n'importe quoi pour y échapper, se livrant pieds et poings liés au maître-chanteur.

    Mais nous ne pouvons pas oublier qu'avant les maîtres-chanteurs contemporains, les religions ne se sont pas privées de maintenir certain pouvoir sur les "âmes" en brandissant la peur de l'enfer,... Non que l'enfer n'existe pas, mais l'argument relève du terrorisme et non de la liberté de la foi.

                - la peur que notre imagination projette, irrépressible parce que son objet dépend totalement d'un nous-même déjà paralysé.

     

    Qui ne voit le profit qu'on peut tirer de la peur ?

    Faire peur est une pratique courante pour qui cherche à s'imposer en paralysant les résistances intérieures de ceux qu'il veut atteindre.

    En particulier la peur est un des leviers les plus puissants utilisés par ceux qui s'attribuent des pouvoirs occultes, dans quelque religion que ce soit. C'est par la peur que bien souvent le sorcier (quelle que soit la dénomination qu'on lui donne) maintient en son pouvoir ceux qui s'adressent à lui.

    La peur peut être telle qu'elle fait apparaître les symptômes de maux physiques ou psychiques qui n'existent pas en réalité - et nombre de patients de cabinets médicaux n'ont d'autre mal que la terreur qui les habite.

    La peur finit par détruire l'équilibre de la personne et par la réduire à l'état l'objet ou de zombie, un être vidé de toute personnalité.

     

    La peur doit être apprivoisée, faute d'y laisser sa peau.

    C'est à cela que s'efforcent les enfants qui jouent à se faire peur ou les amateurs des films d'épouvante.

    Mais vient le jour où la peur n'est plus un jeu et où il faut faire face.

    Apprivoiser sa peur, c'est alors apprendre à marcher avec, reculer les limites de notre tolérance au mal et au déclenchement de la panique et de la paralysie.

     

    La confiance née de la foi ne pourrait-elle pas aider à surmonter la peur ?

    fr. André LENDGER


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