• Le temps passe et s’en va. Le temps vient et revient. - 31 décembre 2000

    Chaque année les saisons se succèdent, toujours les mêmes et dans le même ordre.

    Chaque année, à quelques semaines de distance, nous retrouvons les mêmes grands moments liturgiques : Avent, Carême, et les mêmes fêtes : Noël, Pâques... Le mot employé pour désigner la régularité de ce rythme est évocateur : un cycle. Cela veut dire que chaque année est semblable à la précédente et que, année après année reviennent, sans qu’il soit possible d’y échapper, comme dans une boucle refermée sur elle-même, les mêmes événements fondamentaux, rappels des mêmes événements fondateurs.

    Lue de cette façon-là, l’histoire ressemble à un recommencement permanent qui justifie le dicton à la connotation pessimiste : « rien de nouveau sous le soleil ».

    De guerre en guerre, de catastrophe en catastrophe, l’humanité avance péniblement vers un bonheur improbable, qui semble s’éloigner de plus en plus, au point que l’histoire elle-même semble perdre tout sens autre qu’apocalyptique, et aller droit  vers son anéantissement.

    Cela correspond à l’expérience de la plupart de ceux qui ont imaginé des lendemains meilleurs et qui se retrouvent souvent en échec dans leurs projets et leurs espérances.

     

    On peut au contraire se convaincre que l’histoire est en marche et que nous construisons laborieusement un monde plus vivable et plus humain.

    Depuis les temps les plus reculés, les conditions de la vie se sont transformées. Le rythme de la vie a changé, les loisirs se sont développés, les tâches les plus pénibles ont été allégées, les déplacements ont été facilités, les relations ont pu se multiplier à l’infini. Tout cela est dû à des progrès techniques qui sont l’œuvre de l’homme. Les règles qui régissent les sociétés se sont, elles aussi, améliorées : la justice est devenue plus juste, la vie sociale s’est développée grâce au dialogue, le gouvernement des Etats est désormais sous le regard des citoyens qui sont appelés à voter, la démocratie remplace les tyrannies.

    Bien sûr, rien de tout cela n’est encore parfait. Il reste des progrès très sensibles à faire. Mais ceux qui ont été accomplis l’ont été au bénéfice de tous.

    Vue sous cet angle, l’histoire revêt l’aspect d’un progrès qui n’est pas linéaire, qui connaît des hauts et des bas, des reculs et des avancées, mais qui demeure bien réel.

    Progrès techniques, amélioration des structures sociales et politiques, cela suffit-il cependant à donner un sens à l’histoire ? L’humanité se dirige-t-elle librement vers un but qu’elle se propose, ou subit-elle une évolution que les techniques lui imposent ?

    L’évolution que nous constatons avec bonheur est-elle aveugle ou maîtrisée ? N’est-elle qu’une apparence qui laisse actuel le dicton qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil ?

     

    Qu’il y ait une évolution, cela apparaît difficilement contestable.

    Que cette évolution ait un sens, une direction, ne répond pas à la même évidence.

    Ou bien le sens est donné, mais par qui ? ou bien il est subi, mais où nous entraîne-t-il ?

    Nous pouvons observer que l’homme ne change pas : il demeure soumis à des pulsions, il cède sans cesse à la violence, à la haine, il excelle à détruire… Sur ce chapitre-là, l’homme n’a fait aucun progrès et toutes les nouveautés techniques sont et seront utilisées un jour ou l’autre pour satisfaire son agressivité et son instinct de mort.

    En ce sens-là l’histoire n’est que la répétition des folies de l’homme, toujours plus meurtrières, dont le sommet que constitue la « shoah » pourrait bien être dépassé un jour.

    Cependant le progrès signifie que l’homme tente, par tous les moyens, de se dégager de la gangue matérielle dans laquelle il est immergé et de faire le pari de l’esprit.

    La question devient alors : vers quel futur l’esprit de l’homme le pousse-t-il à agir ? est-ce en vue d’une autosatisfaction narcissique et mortifère ou pour le service de l’humanité ?

    La réponse à ces questions ne se découvre pas au terme d’analyses scientifiques.

    Seule l’idée qu’on se fait de l’homme permet d’avancer avec prudence dans le maquis des idéaux humains. L’homme mouton, objet, moyen, raisonnable, libre créature de Dieu ?

     

    Une année passe, une année vient. L’homme avance, éternellement semblable à lui-même, éternellement tendu vers un dépassement de lui-même pour atteindre son but : l’humanisation pour les uns (mais quel contenu donner à ce terme ?), Dieu pour les autres.

    fr. André LENDGER

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