• 7 septembre 1997 - Destin ou logique tragique ?

    Destin ou logique tragique ?

    La mort de Lady Diana, en dépit de la banalité des circonstances de l'accident, hélas ! très humaines, est ressentie comme l'accomplissement d'un destin.

     

    C'est oublier que le destin n'a ni cause ni explication.

    Le destin est une fatalité et n'accorde aucune place à la liberté ni au pouvoir de l'homme. Il est aveugle et nul ne peut y échapper.

    Il est, en quelque sorte, programmé par une puissance extérieure, si bien que le malheur qui survient ne peut pas ne pas arriver, quelles que soient les circonstances humaines immédiates : celles-ci sont secondes et pourraient être autres.

    Oedipe est le type même de l'homme accablé par le destin puisque les dieux avaient programmé qu'il tuerait son père et épouserait sa mère... ce qu'il a fait sans le savoir.

    C'est sans le savoir et sans avoir eu aucune prise sur l'événement qu'il a accompli son destin. Il en a vu l'horreur après. Il avait été ordonné avant. Il l'ignorait. Il n'y pouvait rien.

    Tel n'est pas le cas de Lady Diana.

    Tout d'abord notre Dieu s'est révélé comme un Dieu de liberté, qui a aboli la fatalité.

    D'autre part l'accident n'était pas inévitable et les victimes y ont eu leur part.

     

    La tragédie qui a frappé Lady Diana met un point final à la vie d'une jeune femme dont beaucoup appréciaient le courage dans les épreuves et son engagement humanitaire.

    Avant sa mort elle était déjà un mythe. Sa mort tragique ne fait que lui donner une dimension nouvelle qui nourrira l'imaginaire des générations à venir.

    L'émotion que soulève sa mort témoigne de l'attrait et de la fascination qu'elle a exercés. Ce n'est pas simple curiosité comme peuvent en soulever les têtes couronnées. Des milliers d'hommes et de femmes se sont reconnus en elle dans son combat, dans le style de vie qu'elle a incarné. Elle ne s'est pas laissée enfermer dans un palais et ses intrigues. Ayant connu l'échec, étant partie à la recherche d'un bonheur personnel, elle s'est ouverte aux malheurs et aux espérances des autres. Elle s'est mise au service des plus déshérités.

     

    S'il y a quelque trace de destin à lire dans sa fin tragique, c'est sa ressemblance avec la mort d'hommes et de femmes, terrassés par un double-jeu plus ou moins conscient.

    Elle est morte victime involontaire de ceux dont elle s'était servie pour défendre sa cause et qui, l'ayant partout suivie, ont contribué à en faire un personnage mythique.

    Elle est entrée, volontairement ou non, dans le jeu des "paparazzi".

    Ils l'ont suivie dans sa vie intime comme dans ses déplacements humanitaires.

    En la poursuivant de leurs appareils dans ses relations amoureuses, ils servaient indirectement son action auprès des victimes des guerres et de la pauvreté.

    Elle connaissait cet amalgame, mais ne pouvait pas accepter ceci et refuser cela.

    Quel que soit son désir de garder un jardin secret, elle était UNE pour les autres.

    Elle est morte de la publicité sans laquelle elle n'aurait été qu'une femme quelconque.

     

    A deux semaines du voyage du pape à Paris à l'occasion des J.M.J., on ne peut pas éviter un rapprochement entre deux événements qui ont mobilisé des foules considérables.

    Un vieillard et une jeune femme, personnages symboles fortement médiatisés, ont capté l'attention de millions de personnes.

    Ils paraissent fort dissemblables l'un de l'autre et l'émotion qu'ils soulèvent n'est sans doute pas du même ordre. Mais l'un et l'autre répondent à une attente - parfois un rêve - des hommes de notre temps : le droit au bonheur et le droit à la paix.

    L'impuissance dans laquelle nous nous trouvons face à nos difficultés personnelles, de même que l'accroissement de la misère, des haines et des guerres dans le monde, nous poussent à rechercher des porte-parole autant que des modèles auxquels nous identifier.

     

    Lady Di n'a pas succombé à la fatalité, selon un destin écrit à l'avance.

    Elle est morte victime de moyens qui la gênaient mais qui la servaient.

    Reste le mythe. Il aide à prendre la mesure de nos insatisfactions et de nos désirs.

    Il permet de comprendre que nous sommes les seuls artisans de notre destin.

    fr. André LENDGER

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