• 31/12/1995 - Faut-il interdire les sectes ?

    Faut-il interdire les sectes ?

    Beaucoup se posent la question après la tuerie de l'Ordre du Temple Solaire.

     

    Les sectes font peur, dit-on. Mais jamais elles n'ont connu autant de succès !

    Les sectes procèdent à des lavages de cerveau, font de la manipulation mentale, interdisent la liberté de leurs membres, dit-on. Cependant tous y entrent librement.

    Les sectes bernent leurs fidèles en faisant de fausses promesses, dit-on. Mais nombreux sont aujourd'hui ceux qui démissionnent et ne demandent pas mieux que de s'en remettre à d'autres de leur destin. Faut-il ajouter que les fausses promesses ne sont pas propres aux sectes, même si avec elles, les conséquences peuvent être plus dramatiques ?

     

    Le message d'une secte rejoint les personnes dans la liberté de leur conscience. Leur adhésion est du domaine privé et ne regarde pas l'autorité, à moins que le message contienne des éléments contraires à l'ordre public, à la dignité et à la liberté des personnes.

    Nul ne peut être juge du message et aucun Etat n'a le droit d'interdire une secte sous prétexte qu'elle n'est qu'une secte et que son message ne tient pas debout.

    Nous ne sommes pas dans le domaine du rationnel !

    La logique voudrait alors qu'on interdise aussi les sorciers, les voyantes, les mages, les magnétiseurs... et qu'on institue une religion d'Etat exclusive ! Cela reviendrait à faire de la religion une idéologie d'Etat. Nous voyons ce que cela donne dans de nombreux pays !

     

    Faut-il établir une législation anti-sectes sous prétexte que l'une ou l'autre a des activités criminelles ? Les Etats ne sont pas dépourvus de moyens d'intervention.

    Le respect de la liberté s'accompagne, en tout pays, de lois destinées à punir les infractions et à interdire certaines associations qui s'avèrent être paramilitaires ou terroristes.

    L'Etat n'a pas pour mission d'imposer des vérités dans le domaine de la pensée, mais à veiller au respect de l'ordre social.

    De nombreuses accusations ont été lancées contre les sectes, que ce soit dans le domaine financier, dans le domaine moral, ou dans celui de la liberté des personnes. Il revient au pouvoir de vérifier ces accusations et d'en tirer les conséquences pénales.

    Les sectes n'ont pas à être protégées. Elles n'ont pas non plus à être systématiquement suspectées sous prétexte qu'elles sont des sectes.

    La répression ne supprimerait pas l'inquiétude religieuse qui est à la base des sectes. Elle pourrait même l'exacerber, faisant miroiter la gloire d'être victime et martyre.

     

    Le développement des sectes ne fait que mettre en évidence le malaise général d'hommes et de femmes qui ne fontplus confiance aux institutions traditionnelles.

    Les Eglises en sont les première victimes, qui se voient délaissées.

    Il suffit d'entrer dans une librairie pour le constater : le rayon consacré aux grandes spiritualités - qui constituent la base de notre culture - n'est que peau de chagrin comparé au rayon ésotérique. Le christianisme, on croit connaître. On n'en attend plus rien.

    Le succès des sectes a les mêmes causes que le succès de l'ésotérisme : éclatement et déstructuration de la pensée contemporaine, absence d'esprit critique, de culture religieuse et de réflexion humaine, peur de soi et des autres, peur du présent et de l'avenir, recherche de compensations spirituelles, intellectuelles et affectives faciles.

    Le problème des sectes n'est qu'une des illustrations de la crise de notre civilisation.

     

    Les chrétiens, inquiets par la montée des sectes, doivent en saisir le véritable enjeu.

    Ils doivent s'interroger sur leurs insuffisances, non seulement dans l'annonce de la foi, mais dans leur contribution à la construction d'une société qui fait le lit des sectes.

    Les sectes nous signifient l'existence d'une intense et inquiète quête religieuse.

    Elles nous rappellent notre propre passé, lorsque le christianisme, à sa naissance, était perçu comme une secte dissidente du judaïsme officiel.

    Il a été accusé de crimes tels que des sacrifices d'enfants qu'on aurait mangés.

    Des enquêtes policières ont innocenté les chrétiens. Mais il y a eu soupçon !

    Rappelons-nous que nous avons été une secte méprisée, rejetée, persécutée !

    Rappelons-nous l'espérance que nous avons alors suscitée.

     

    Prions pour les adeptes des sectes.

    Entendons l'appel des hommes et des femmes en recherche de Dieu.

    Réfléchissons au signal de détresse spirituel qu'ils nous adressent.

    Retrouvons la force de l'annonce évangélique qui éveille, attire et libère.

    fr. André LENDGER

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