• 30 octobre 1999 - Tous des saints ?

    Tous des saints ?

    La sainteté, un rêve impossible ?

     

    La sainteté semble inaccessible à beaucoup d’entre nous à cause de notre lourdeur spirituelle, de nos difficultés à assumer nos conflits intérieurs, de la pauvreté de notre prière…

    Les hommes et les femmes canonisés, ceux que nous appelons saints, nous impressionnent parce qu’ils nous apparaissent comme des êtres hors du commun. Nous les imaginons un peu comme de purs esprits, parlant toujours de Dieu et avec Dieu. Mais celui qui parle de Dieu ne s’adresse-t-il pas à des hommes et celui qui est avec Dieu ne reste-t-il pas dans sa condition charnelle ? Personne n’est dispensé de vivre le quotidien dans sa chair.

    Les hommes d’Eglise et les religieuses sont plus fréquemment canonisés que les laïcs. Ce n’est pas qu’ils soient plus saints, mais ils sont plus connus. Que de saints inconnus ! Pensons au grand nombre d’hommes et de femmes dont la vie a été complètement donnée aux autres et qui passent, aux yeux de ceux qui les connaissent pour des saints, mais qui ne feront jamais l’objet d’une canonisation, pour la simple raison qu’ils ne sont pas catholiques.

    Pour être déclaré saint, il faut en effet que la vie menée et les actes posés l’aient été en relation avec la foi telle que la confesse l’Eglise, et à cause d’elle.

    La sainteté, nous l’avons reçue en germe à notre baptême. Nous sommes à la fois déjà sanctifiés mais encore en marche vers l’accomplissement de ce don. La sainteté est un appel à vivre la loi d’amour pour l’amour de Dieu Source de Vie.

     

    La sainteté, c’est l’histoire d’une vie.

    Elle s’écrit chaque jour dans la joie et le deuil, dans la banalité des tâches et des rencontres, dans le travail et les loisirs.

    « Qu’as-tu fait de ton frère ? » Au nom de notre sainteté, telle est la question première à laquelle nous avons à répondre, celle que Dieu a posée à Caïn, le meurtrier d’Abel.

    Comme Caïn, n’accordons-nous pas une importance démesurée à notre personne au point d’écraser l’autre, notre frère, et de lui fermer la bouche pour étouffer sa plainte ?

    La sainteté est une tension vers la pleine reconnaissance de l’autre. Qui est l’autre pour moi ? un étranger ? mais l’étranger est celui que je ne reconnais pas, dont la différence m’inquiète, que j’évite et que je rejette. Ne lui offrirai-je pas l’hospitalité ?

    Dans l’accueil de l’autre se joue la vérité de mon baptême qui m’a donné la grâce du salut au point d’être constitué juste à l’image du Christ. Salut et justice font partie de mon être. Puissé-je ne pas les défigurer au point de les rendre caricaturaux.

    Là commence la sainteté. C’est la première marche.

    La sainteté se construit sur la parfaite disponibilité à ce qui nous arrive. Cela ne veut pas dire passivité, mais force dans l’accueil de ce qui advient et que nous ne comprenons pas, capacité à s’appuyer sur l’épreuve ou l’échec pour grandir dans la foi et le sens de la vie.

     

     

    La sainteté s’édifie tout au long de la vie.

    C’est une montagne à gravir dont nous ne voyons pas le sommet. Nous gravissons des cols, nous redescendons dans des vallées pleines de charmes dans lesquelles nous nous laissons aller jusqu’à ce que, saisis d’un sursaut d’énergie, nous reprenions notre route.

    Quelle est cette route ? nous ne la connaissons pas. Personne ne l’a empruntée avant nous. Les saints canonisés sont des modèles, mais nous ne pouvons pas les copier. Leur route fut la leur, unique, non réitérable. Ils sont des repères sur des chemins possibles. Mais notre route personnelle, la nôtre, nous la traçons jour après jour dans notre effort pour rejoindre le sommet, là-haut. Elle ne sera visible qu’aux autres, à notre mort, lorsque tout aura été accompli. Notre route est unique comme l’est chacun de nous. A chacun son chemin.

    Tous les hommes peuvent entrer en sainteté, même le violeur et l’assassin. Certes, leur chemin passe par des fractures qui paraissent infranchissables. C’est oublier la foi et la grâce.

    Prenons garde de nous croire au sommet de la montagne et de nous moquer orgueilleusement de ceux qui nous paraissent traîner ou qui disparaissent dans les précipices. Cela nous mènerait tout droit au fond d’un gouffre d’où nous aurions du mal à sortir.

     

    La sainteté, c’est l’aventure de notre vie. La seule qui vaille la peine d’être menée.

    fr. André LENDGER

    « 24/10/1999 - Misère et prison.7 novembre 1999 - La lumière. »

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