• 25.12.1999 - Noël 1999 Il y a deux mille ans…

    Il y a deux mille ans…

    Une nuit comme les autres.

    Seule une lumière entrevue par des bergers.

     

    Deux mille ans plus tard, le message est partout répandu et pourtant méconnu.

    La voix continue de crier dans le désert du monde.

    Le monde serait-il un désert ? Tout ce bruit, tous ces déplacements, tout ce tohu-bohu seraient-ils autre chose que le signe de la stérilité humaine ?

    Qu’est la stérilité du désert sinon l’incapacité à entendre, l’oubli de ce qui a été entendu, l’illusion de faire quand il n’y a que vaine agitation ?

    Comme il y a deux mille ans, les guerres, les haines, les tortures, mais aussi des hommes et des femmes qui s’aiment et sont à la recherche de la beauté et de la vérité.

    La lumière continue de briller : l’amitié est possible, et le bonheur aussi.

    Un enfant naît et la face du monde s’en trouve transformée. A tout instant, dans tous les pays du monde, des nouveau-nés sont une promesse de renouveau, l’espoir ténu de la vie.

    L’enfant d’il y a deux mille ans est devenu le symbole de la force de Dieu au cœur de ce qui est le plus faible et le plus fragile. L’innocence de l’enfant annonce la lutte contre le mal présent en l’homme, jusqu’à la mort. Dans la mort seulement triomphera l’innocence.

    Qui a le courage d’une innocence dont le sang versé est le seul témoignage ?

     

    La nativité du Seigneur est, pour tous, le temps de la nouvelle innocence.

    Non pas une innocence qui nous tomberait du ciel et qui rendrait à chacun, sans avoir à faire le moindre effort, une pureté originelle qu’aucun humain n’a jamais connue ; non pas une innocence conquise au terme de nos efforts humains et qui nous ferait croire que nous pouvons devenir vertueux par nous-mêmes. La seule innocence à laquelle nous pourrions nous référer, celle de l’enfance, serait, quant à elle, pure régression psychologique et affective.

    Nous n’avons pas à « redevenir » innocents ; ce serait braver les lois de la nature. Nous avons à introduire en nous l’Esprit de celui qui, dans son innocence, naît pour nous.

    Notre innocence n’est pas derrière nous, dans notre enfance, mais devant nous, comme un bien qui nous est proposé et qui nous est donné, pourvu que nous ayons le courage de nous laisser habiter et transformer, jour après jour, par celui qui est venu parmi nous.

    Notre innocence ne peut être que celle que Dieu introduit au cœur de l’humanité et de chacun d’entre nous en se faisant homme. Car Lui seul est innocent.

    A nous, en pleine lucidité sur les faiblesses, les haines, les jalousies, et tout ce qui habite le plus profond de notre être, de faire nôtre cette innocence qui se présente à nous.

    Nous n’aurons jamais fini de parcourir le chemin qui mène à l’innocence.

     

    Le millénaire et l’année jubilaire, en donnant une ampleur nouvelle à ce Noël de l’An 2000, nous permet de mieux nous approcher de ces réalités fondamentales.

    Notre rêve d’innocence et de pureté ne redeviendra jamais réalité, du moins ici-bas.

    Mais le pardon, acquis par le sang de l’Innocent sur la Croix, nous partagera Son innocence dans la mesure exacte où nous saurons reconnaître notre pauvreté intérieure.

    Le chemin de l’innocence passe par la vie adulte, par ses combats, ses échecs, ses joies et ses souffrances, celles qu’on vit et traverse soi-même et celles qu’on ne peut manquer d’infliger aux autres et dont nous sommes, le plus souvent, inconscients.

    Or nous ne cessons de faire le mal. Mais étant donnée la généralité du propos, cela ne veut pas dire grand-chose. Nous devons préciser : nous faisons du mal à d’autres.

    Tuer n’est pas réservé à ceux qui sont condamnés par une Cour d’Assises. Nos paroles suffisent à accomplir cette œuvre. De cela nous avons besoin de recevoir le pardon. Comment être pardonné et comment pardonner sans le secours de l’innocence divine ? Comment  réapprendre à voir l’autre, mon ennemi, d’un autre œil, qui ne peut être que celui de Dieu ?

    Seul l’Innocent, qui pénètre jusqu’à la racine du mal en nous, peut greffer en nous ce nouveau regard et nous guider sur le chemin d’innocence.

     

    Cette année est une année de renaissance. Nous sommes invités à changer le regard que nous portons sur les autres par la contemplation de la naissance de ce jeune enfant, Fils de Dieu, dont l’année entière ne suffira pas à épuiser la richesse de mystère.

    fr. André LENDGER

    « 19 décembre 1999 - Attendre.

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