• 19 décembre 1999 - Attendre.

    Attendre.

    S’exercer à la patience, se préparer parfois au pire et parfois au bonheur.

     

    L’attente est une tension vers la possession d’un objet matériel, affectif ou spirituel, vers la réalisation d’un événement espéré ou, à l’inverse, dont on souhaite qu’il n’ait pas lieu.

    L’attente ressemble à une veille en vue de la réalisation d’un désir.

    S’il n’y a ni tension ni désir, il n’y a pas attente à proprement parler, mais laisser-aller, rêvasserie, langueur, ennui. C’est ce que nous rencontrons le plus souvent chez tant de personnes qui ont perdu toute confiance en elles-mêmes et dans leur avenir personnel et qui regardent défiler les jours et les mois sans plus rien espérer. « J’attends que ça se passe ».

    L’attente nous tient en haleine pour savoir si aura lieu un événement, important pour nous, mais dont la réalisation ou l’échec ne dépendent pas de nous : le malade guérira-t-il ? le travail espéré sera-t-il accordé ? la fille que j’aime m’aimera-t-elle ?

    La difficulté de l’attente est de ne pas savoir.

    Le fait de ne pas savoir, d’être dans l’incertitude, sans possibilité d’intervention, peut avoir un effet démobilisateur et entraîner une certaine passivité, comme on peut voir chez les chômeurs. A l’inverse l’incertitude peut provoquer une fébrilité qui sera tout aussi stérile.

    La sagesse commande d’attendre avec le recul et d’accueillir ce qui va arriver.

     

    L’attente n’est pas seulement celle d’événements ou d’objets.

    Notre vie est attente.

    Attente d’on ne sait quoi, bien souvent. Si ce n’est que demeure en nous une zone d’insatisfaction et d’inaccomplissement. Nous sommes tendus vers quelque chose que nous ne pouvons pas nommer, qui se révèle à nous sous forme de manque et de vide.

    Si nous en restons à ce sentiment vague, nous n’avancerons pas. Notre vie ne prendra pas forme. Ce manque nous le meublerons par des satisfactions sans intérêt ou sordides. Nous finirons même par oublier le manque et par nous satisfaire de n’avoir aucun désir, retirés du monde, dépourvus d’intérêt pour l’autre, reclus dans un paradis auquel manquent la tentation, la liberté et le choix, c’est-à-dire Dieu et l’arbre de la connaissance du bien et du mal.

    L’attente fait partie de la condition humaine. On peut même dire que la condition humaine est attente. Non pas attente d’un lendemain qui chante, comme on le disait au début de ce siècle, mais attente d’une révélation de soi qui ne laisse plus de place au manque.

    L’attente sert à construire. Elle pousse à chercher comment combler le manque et laisse cependant inassouvi celui qui trouve. Car faire un nouveau pas dans la découverte scientifique, dans la connaissance de l’homme ou dans l’approche de Dieu, c’est ouvrir une nouvelle série de questions et relancer la dynamique de la recherche pour tenter de savoir.

    Celui qui n’attend plus rien est un homme mort. Il est comme n’ayant jamais existé.

     

    Et Dieu vient.

    Il vient combler notre attente, et pourtant il ne la comble pas tout à fait. Au contraire il nous fait désirer plus, nous appuyant sur les signes et la promesse qu’il a laissés.

    En se révélant, il nous révèle à nous-mêmes et nous fait toucher du doigt l’abîme qui nous sépare de ce à quoi nous sommes appelés : devenir semblables à Lui. Notre puissance d’attente est appelée à laisser place à une capacité d’aimer sans limites.

    Lui seul peut nous faire franchir l’abîme en nous prenant en charge sur sa Croix.

    L’attente aura reculé et surtout elle aura pris sens. Notre attente, qui alimente notre désir de connaître, sera un aiguillon pour nous mettre à la recherche de Dieu et donc du destin de l’homme et de nous-mêmes, puisque cette attente a été gravée en nous par Lui.

    L’attente ainsi conçue, loin de nous rendre passifs, nous invite à continuer l’œuvre que le Père a confiée à son Fils pour rendre à l’homme son visage d’enfant de Dieu, libre, juste et aimant. Cela pourtant ne suffit pas car, tant que nous sommes sur cette terre, nous ne pouvons espérer aller au-delà de l’image. Or nous sommes tendus vers la réalité qui nous fera dépasser l’attente et l’espérance et nous introduira dans la plénitude de notre être avec Dieu.

    Nous attendons ce jour et nous le préparons, non pour nous désennuyer et occuper l’attente, mais pour lui donner un contenu et nous préparer à recevoir ce que nous sommes.

     

    Viens, Seigneur Jésus !

    fr. André LENDGER

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