• 25/08/1996 - Un Boeing de la TWA explose en vol.

     

    17 Juillet. Un Boeing de la TWA explose en vol.

     

    Les familles des victimes affluent.

     

    Chacune vient rechercher ses morts.

     

     

     

    On s'impatiente, on vocifère.

     

    "Rendez-nous nos morts !"

     

    Comme si quelqu'un les avait volés... comme s'il était facile de remonter des corps prisonniers d'une carlingue explosée et dispersée au fond de la mer !

     

    Récupérer les morts, telle devait être, aux yeux des familles, la priorité des plongeurs.

     

    Qu'importaient les efforts pour sortir les débris de l'avion : ce n'était qu'une épave !

     

    Le président Clinton a dû venir en personne apaiser les esprits échauffés.

     

     

     

    La priorité revenait-elle au travail de recherche et de remontée des cadavres ou à celui de remonter au plus vite l'épave pour connaître les causes de l'accident ?

     

    Personne, parmi les familles endeuillées, n'a semblé songer que la priorité, au nom même de ces morts engloutis au fond de la mer, était d'éviter d'autre morts !

     

    S'il ne s'agissait pas d'un attentat, cela signifierait que, pour une cause inconnue, une nouvelle catastrophe pourrait se reproduire avec un autre appareil.

     

    En connaître les causes au plus vite permettrait de sauver d'autres vies humaines.

     

    L'attentat n'était qu'une hypothèse, la plus facile, sans preuve jusqu'à aujourd'hui.

     

     

     

    Comment ne pas comprendre l'émotion des familles et leur souci de retrouver les êtres chers disparus dans cette tragédie, même s'ils ne sont plus que des êtres défigurés, au corps ravagé, parfois difficilement identifiables ?

     

    Nous ne pouvons cependant nous retenir d'un double malaise devant ces exigences:

     

                - revendiquer avec une telle force les corps en lambeaux d'êtres chers et aimés relève d'un comportement proche du morbide, une fascination de l'horreur !

     

                - l'acharnement à donner priorité aux morts, sans se préoccuper de ceux qui pourraient les rejoindre si on ne découvrait pas les causes de l'accident, relève du manque du sens de l'autre et de la solidarité humaine la plus naturelle dans l'adversité.

     

     

     

    Comment expliquer tant d'empressement autour des morts ? Les vivants compte-raient-ils moins que les morts ? Cela confirmerait notre manque général d'égards pour la vie.

     

    Comment expliquer une revendication qui semble ne pas avoir soulevé d'objections ?

     

    - les grandes catastrophes sont l'occasion de grandes émotions collectives où l'irrationnel reprend tous ses droits : la douleur s'exprime sans contrainte ni décence.

     

                - mais comment faire abstraction de l'amplification médiatique qui transforme en spectacle ce qui est d'ordre privé, invitant la terre entière à s'indigner avec les familles ?

     

    Il est bien loin le conseil de Jésus : "laissez les morts enterrer leurs morts."

     

    L'exigence proclamée par les familles des victimes ne serait-elle pas l'écho de notre propre se à l'égard de tout ce qui touche à la mort ?

     

    Nous nous repaissons du spectacle des morts, surtout des morts tragiques, comme le prouve l'attraction exercée par les films d'horreur et d'épouvante.

     

    Ne serait-ce pas une façon d'exorciser notre peur d'une mort qui nous fascine ?

     

    Nous éprouvons le besoin de situer nos morts, car ils ont leur place dans la généalogie des vivants. La proximité de leur corps dans une sépulture nous permet de les honorer et de continuer d'entretenir avec eux une relation sensible.

     

    Mais entre l'honneur dû à un mort et l'avidité morbide de récupérer des corps noyés et déchiquetés, n'y a-t-il pas la place manquante, béante, de l'espérance chrétienne ?

     

    Le mort ne vit plus dans notre monde sensible. Nous avons à le rechercher et à le rejoindre ailleurs. Ne confondons pas le culte des morts et le culte du corps des morts.

     

    Le vrai culte des morts est la prière avec les morts, l'adoration en esprit et en vérité qui nous fait retrouver nos racines et nous introduit dans la vie.

     

     

     

    Mais une société qui suinte la mort en voulant la fuir peut-elle avoir goût à la vie ?

    fr. André LENDGER

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