• 21 mars 1999 - Les problèmes nous adviennent.

    Les problèmes nous adviennent.

    Même s’ils viennent de loin dans le passé, nous les recevons dans leur nouveauté.

     

    Nous disons souvent que nous avons des problèmes. Nous nous plaignons d’être assaillis et submergés de toutes parts par des problèmes qui ne cessent de se répéter et de nous hanter... Nous en avons déjà fait le tour des dizaines de fois, et c’est toujours la même chose. Ils s’enracinent dans notre passé. Nos problèmes semblent insolubles.

    Ce qui est ancien pèse sur nous : notre enfance, notre famille, la société, la religion.

    Avant même d’être en mesure de les comprendre, nos problèmes sont là.

    Une de nos tâches d’hommes et de femmes adultes sera d’y faire face.

    Nous nous y userons sans jamais parvenir à réactualiser totalement le passé auquel ils sont rattachés : les problèmes liés à notre passé personnel sont aussi volatiles et insaisissables que notre passé lui-même dans ce qu’il fut dans son surgissement, qui était alors le présent.

    L’analyse pourra bien nous aider à faire une partie du chemin, elle pourra nous permettre de reconnaître les causes de la blessure et de reconstituer des éléments de l’événement passé comme on reconstitue la carlingue d’un avion accidenté. Mais, blessés, nous ne pourrons pas revivre la blessure comme nous l’avons vécue avant d’être blessés. La blessure s’interpose entre le moment de l’innocence et le temps présent.

    L’adulte victime de sévices dans son enfance pourra remonter jusqu’à l’acte qui a causé son mal, mais il ne l’atteindra que porté par les blessures que cet acte a laissées en lui. Il pourra tenter de retrouver l’état de pureté originelle. Il n’en décèlera qu’une trace.

    Dans quel état serait quiconque s’il ne lui était pas arrivé telle épreuve ? Chimère !

     

    Le problème auquel nous avons à faire face trouve souvent son origine dans le passé.

    Il n’en est pas moins un problème qui, un jour, se présente à nous dans sa nouveauté.

    Le problème vient à nous. Il nous advient sans que nous nous y attendions, problème gravé en nous sans que nous en ayons toujours pris conscience à l’époque.

    Ce peut être un problème personnel d’ordre social, affectif, relationnel, religieux...

    Un jour, sans qu’on sache très bien pourquoi, une graine jadis semée en nous, germe et désole notre vie, à la façon de ces virus insoupçonnés qui, à la suite de circonstances fortuites, après des millions d’années de sommeil inoffensif, montrent leur pouvoir destructeur.

    Le problème peut également venir de l’extérieur, à l’improviste : un accident, une maladie conduisant un être aimé à la mort, une agression physique, des bouleversements sociaux et politiques (pensons aux juifs soudain confrontés au nazisme).

    Cette graine n’a pas été d’abord semée en nous, car elle existait à l’état latent, dans la nature, dans les hasards possibles d’une vie, ou dans l’esprit malade de quelque délinquant.

    Quelle qu’en soit l’origine, passée, intérieure ou extérieure, nous ne pouvons vivre et dépasser le problème que dans la mesure où nous le recevons dans sa nouveauté.

    Cette nouveauté implique que nous ne nous contentions pas de ressasser le problème, ce qui ne ferait que remuer des sentiments de rancœur, nourrir des regrets et des haines. Elle incite à avoir le courage de le recevoir, jour après jour, pour nous situer, neufs devant lui.

     

    Un problème est-il destiné à être résolu ?

    Ne suffit-il pas qu’il soit posé, qu’il nous interroge et nous provoque à des choix ?

    La tentation naturelle n’est-elle pas de nous laisser aller à en souffrir comme d’une vieille maladie avec laquelle on se résigne à composer sans se poser de questions ?

    Le vrai problème, au contraire, sollicite sans cesse la réaction de celui qui en souffre.

    Il incite à refuser la résignation, et plus encore la capitulation. Il pousse au combat.

    Le problème poussera au combat aussi longtemps qu’il sera là. S’il doit rester irrésolu pendant des années ou toute une vie, le combat évitera qu’il soit cause d’un enlisement. Il sera une façon de se hisser au lieu-haut de notre être où nous sommes appelés à vaincre et à vivre.

    Le problème suscite le combat, et le combat contre le mal qui nous survient construit notre être personnel. Mais dans la mesure où ce mal a une dimension collective, le combat fait espérer l’éradication progressive du mal social au long de l’histoire des hommes.

     

    L’homme ne peut éviter les problèmes.

    Il dépend de lui d’en faire des conditions de progrès.

    fr. André LENDGER

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