• 20 janvier 2002 - Des grèves et des manifestations. Médecins et viticulteurs.

    Depuis deux mois, la France est plongée dans une succession ininterrompue de grèves et de manifestations en tous genres : policiers, femmes de gendarmes, gendarmes, enseignants, infirmières… et tout récemment internes, médecins et viticulteurs.

    Tous ces corps en ébullition ne ressentent pas les mêmes problèmes et ne sont pas porteurs des mêmes revendications. Leur multiplicité n’en traduit pas moins un malaise général. L’économie française se porte mieux que d’autres, mais elle traverse une turbulence en ces temps proches des élections présidentielles, chacun voulant sans doute se situer face à un avenir qu’on ne peut pas prévoir : quelle sera la majorité politique de demain ?

    Entre la libéralisation du marché, la politique agricole commune, les 35 heures et la nécessité de ne pas revenir à un déficit vertigineux du budget de la Sécurité Sociale, la liberté de manœuvre est réduite. Contrairement aux attentes des grévistes qui souhaitent des réponses immédiates, la complexité des problèmes fait retarderla solution.

    Le danger est de fragiliser des structures indispensables à la vie des citoyens. Le problème de la santé en est exemple grave, puisqu’il y va de l’égalité devant les soins, et donc de l’accès de tous aux mêmes soins de santé.

     

    Les grèves exacerbent souvent les citoyens. Il est normal qu’il en soit ainsi, car la gêne qui en résulte est précisément un des moyens de pression des grévistes. La grève est un signal d’alarme fort tiré par des hommes et des femmes qui souhaitent une amélioration de leur situation sociale et professionnelle. Mais la grève peut être populaire lorsque les citoyens approuvent sa justification. Ainsi de la grève des médecins : elle est difficilement supportable à long terme, mais chacun se rend compte de son enjeu pour sa propre personne.

    La grève semble une habitude bien française qui voudrait, selon les apparences, qu’on la déclenche avant de discuter. Cela ne va pas sans agacer. Mais puisque tout le monde perd quelque chose dans une grève, il faut bien imaginer que ceux qui la font ont des raisons, bonnes ou mauvaises selon le point de vue de chacun, d’en arriver à cette extrémité.

    Nous traversons une période difficile : le contexte mondial, la dépression économique, le choc des 35 heures - quel que soit l’avis qu’on ait sur la mesure – le chômage persistant… favorisent l’inquiétude. Nous ne pouvons pas nous étonner de l’actuelle tension sociale.

    Nous pouvons cependant espérer qu’elle prépare l’avenir en mettant en lumière les tensions qui traversent notre société. Les uns craignent les licenciements, d’autres ne veulent pas perdre leurs avantages professionnels, d’autres encore souhaitent améliorer la qualité de leur vie. Rien de tout cela ne sera acquis sans un rééquilibrage de la société, sans un élan et une confiance dans l’avenir, sans non plus voir plus loin que ses petits avantages personnels.

     

    La grève, soit. Elle est une certaine façon de s’exprimer, de la part d’une profession, dans la société. Elle a ses règles, sa légalité. Elle fait partie de ce qu’on appelle le dialogue social. Elle révèle un moment de tension et de crise, comme en connaissent toutes les com-munautés humaines et familiales. La grève fait partie de la vie. Elle en est une manifestation.

    Mais la grève est parfois marquée du signe d’une désespérance profonde qui peut entraîner des dommages du fait de manifestations de masse. De même qu’un homme désespéré peut attenter à ses biens et même à sa vie, une foule désespérée peut vouloir tout casser et se livrer à des actes de vandalisme. Nous avons vu des employés prendre en otage leur usine et nous voyons des agriculteurs qui prennent le risque de faire dérailler des trains.

    Les causes peuvent être légitimes au départ, mais les actes sont disproportionnés aux motifs initiaux. Il importe de savoir où s’arrête l’expression des revendications et où commence l’atteinte portée au bien commun de la société toute entière.

    A moins qu’il soit nécessaire de faire une révolution violente pour changer de régime.

     

    Il n’est pas possible, dans la vie sociale, d’éviter les oppositions, les combats, les conflits d’intérêts qui paraissent d’abord opposés mais qui en fait sont complémentaires ou doivent le devenir. Il est souhaitable que chacun ait du travail et un salaire juste ; il est souhaitable que les entreprises se développent, fassent des bénéfices et créent du travail.

    Ne craignons pas les grèves. Comprenons-les et aidons à un dialogue pour plus dejustice.                                                                                                           fr. André Lendger

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