• 17 octobre 1999 - Quand je dis : Dieu.

    Quand je dis : Dieu.

    Qu’entendons-nous lorsque nous disons Dieu ?

     

    Nous pouvons procéder par la voie affirmative : Dieu est grand, transcendant, au-dessus de tout, créateur, vivant, lumière, amour…

    Nous pouvons procéder par la voie négative : Dieu est au-delà des sens, Dieu dépasse toute pensée et imagination, Dieu est inaccessible, intouchable, indicible, inouï…

    Toutes ces façons de parler de Dieu sont vraies. Selon les circonstances, nous utilisons l’un ou l’autre de ces termes qui permettent de progresser dans l’appréhension du mystère.

    Mais Dieu, nous ne l’atteindrons jamais. Notre condition charnelle nous confine dans l’espace-temps. Notre sensibilité à la fois nous fait désirer connaître Dieu et nous empêche de le connaître en vérité. L’art aura beau s’efforcer de dire Dieu par les créations les plus belles, il ne peut dépasser les sens car il en dépend. Les plus beaux tableaux ne sont qu’une représentation lointaine et humaine d’une réalité non représentable et inimaginable.

    Dire Dieu, parler de Dieu, c’est s’engager sur une voie périlleuse, puisqu’il s’agit de parler de quelqu’un dont on ne peut pas parler, sinon de façon précautionneuse, sachant qu’on est toujours en deçà d’une réalité qui nous dépasse et nous invite à la modestie.

     

    Dire Dieu, quand on est un être humain, ce que nous sommes tous, n’a de sens que si nous ne faisons pas abstraction de notre relation à lui. Parler de Dieu, c’est dire que Dieu nous concerne en tant que nous sommes des êtres humains. C’est parler de lui en tant qu’hommes auxquels il se fait connaître tout en demeurant inconnaissable.

    Mais pourquoi la quête de Dieu chez l’homme ? Notre vie matérielle ne dépend en aucune façon de lui et nous avons les réponses aux problèmes qui pouvaient, à juste titre, amener nos ancêtres à croire à des puissances supérieures lors des tremblements de terre, des éruptions volcaniques ou autres catastrophes naturelles, inexplicables pour eux.

    Pourquoi ? sinon que le mal semble inexpugnable. Il écrase l’humanité de sa présence insistante. Il est un mystère infiniment moins explicable qu’aucune catastrophe naturelle.

    D’autre part nous expérimentons jour après jour l’inachèvement de nos vies et de toute entreprise humaine. Nos limites nous apparaissent d’autant plus tragiques que nous nous sentons appelés à une plénitude qui s’éloigne un peu plus chaque jour de notre vie.

    Dire Dieu, c’est peut-être déjà une façon de dire que nous prenons conscience de notre condition humaine déchirée et que nous n’avons pas de réponse appropriée.

    Car Dieu n’est ni une réponse ni une explication.

    Il n’est pas non plus un simple postulat ou une hypothèse.

    Pour celui qui croit, Dieu est le terme du chemin parce qu’il en est l’origine. C’est un Dieu qui appelle. Mais il n’a aucune autre nécessité que d’être. Dieu est Dieu.

     

    Dire Dieu, c’est dire quelque chose sur l’homme.

    C’est dire que l’homme n’est pas livré à ses propres démons sans pouvoir les maîtriser.

    Non que Dieu agisse directement sur les événements de notre monde. Il n’est ni un dieu sourcilleux ni une puissance tutélaire et protectrice. L’injustice et la violence à elles seules montrent que Dieu n’intervient pas dans les affaires des hommes.

    Mais à qui entend sa voix à l’intérieur de lui-même, Dieu révèle sa communion avec les hommes et son désir d’un salut pour nous auquel il aspire plus que nous ne le faisons.

    Dieu est lié aux hommes bien plus intimement que les hommes ne se sentent liés à lui.

    Comme si Dieu avait jeté son va-tout dans la réussite de l’homme, de tout homme, de chacun d’entre nous et de l’humanité entière, chacun ayant même valeur à ses yeux. Et nous, jetterons-nous notre va-tout dans la réussite d’une humanité d’où personne ne sera exclu ?

    Celui qui dit Dieu dit l’aspiration à la plénitude de l’homme enfin réconcilié avec lui-même dans la justice, la paix et l’amour, qualités attribuées à Dieu et auxquelles nous aspirons. Solidaires dans le mal, à nous d’être solidaires dans cette justice nouvelle.

    Les chrétiens, eux, croient que, sans cesser d’être Dieu et en respectant notre liberté qu’il a payée de sa vie, Dieu a pris chair pour dire son engagement avec nous. C’est un appel à construire l’homme à l’image que nous nous faisons de lui et qu’il se fait de nous.

     

    Dire Dieu, c’est dire l’homme.

    fr. André LENDGER

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