• 15 novembre 1998 - Le sacrement des malades.

    Le sacrement des malades.

    Onction de la dernière extrémité ?

     

    De plus en plus nombreux sont les malades qui meurent dans des hôpitaux.

    La famille, lorsqu’elle sait que son malade ne pourra pas se relever, fait le plus souvent tout ce quelle peut pour lui cacher son état.

    Il y a, dans cette attitude, un aspect profondément respectable puisque le but est de ne pas alarmer le malade afin qu’il puisse mourir dans le calme, sans souffrir, sans s’angoisser, sans s’en rendre compte. C’est une façon de lui montrer notre amour, pensons-nous.

    Il n’est pas toujours certain que le malade, lui, ne soit pas conscient de la gravité de son état sans en rien dire. Crainte et pudeur de part et d’autre devant l’inévitable !

    N’est-ce pas, cependant, amputer gravement la vie d’une personne que de lui cacher sa mort ? S’il est une expérience qui ne pourra pas se reproduire, c’est bien celle-là.

    Nous nous donnons de bonnes raisons pour cacher la vérité au malade. Mais n’est-ce pas que nous sommes lâches ? Voulons-nous réellement le bien du mourant ? Notre silence ne ressemble-t-il pas à un flagrant délit de fuite devant la réalité de la mort, à commencer par la nôtre ? Nous volons la mort des autres parce que nous voulons nous aveugler sur la nôtre.

    Ne serait-il pas préférable que le mourant sache et affronte cet ennemi auquel il sait, au plus profond de lui-même, qu’il ne peut pas échapper ?

     

    A quoi correspond, dans ces conditions, le sacrement des malades ?

    La famille attend souvent que le malade soit dans le coma ou à sa toute dernière extrémité pour faire venir le prêtre, afin qu’il ne se rende pas compte.

    Ce ne sont pas là les meilleures conditions pour recevoir un tel sacrement.

    Le sacrement des malades, comme tout sacrement, n’est pas un rite magique. Il dépend de la foi de celui qui le reçoit. Il requiert l’adhésion et la lucidité.

    Le sacrement des malades n’est pas le sacrement des mourants.

    Il est proposé non pas lorsque la personne agonise, mais bien lorsqu’elle se sait atteinte d’une maladie grave, même s’il n’est pas certain que celle-ci doive avoir une issue fatale.

    Le sacrement des malades est un remède. Il est donné en vue de la guérison. Il est orienté vers la vie et non pas vers la mort. Il est donc contraire à sa signification d’en faire un acte rituel réservé pour le tout dernier moment, donné en cachette, à la dérobée. Il convient au contraire que ce sacrement soit reçu dans la foi, dans la plus grande lumière possible.

    Il serait bon que le malade lui-même prenne l’initiative de demander ce sacrement et qu’il le reçoive entouré de toute sa famille en prière.

    Que la maladie conduise ou non à la mort, ce sacrement donne la force de vivre la maladie dans l’abandon et, si telle doit en être l’issue, de nous acheminer en paix vers la mort, en toute confiance et lucidité.

     

    Le sacrement des malades est lié à notre attitude devant la vie et la mort.

    On ne peut vivre en vérité ce sacrement si, la vie durant, on s’est dérobé à la question qui est celle de chaque vivant : saurai-je me tenir debout lorsque viendra l’heure de ma mort ? Saurai-je accueillir la mort et me présenter devant Dieu, tel que je suis, confiant en sa miséricorde ? Ne pas se dérober à cette heure de vérité est l’honneur d’une vie.

    C’est sur ce point précis que le sacrement des malades opère une guérison.

    Il ne va pas suppléer la médecine, mais il permet de guérir le cœur et l’âme.

    Il ouvre à une autre façon de vivre la maladie en nous aidant à nous remettre en toute confiance entre les mains de Dieu dont il sait qu’Il est amour et pardon.

    Lorsque le malade a peur – qui d’entre nous ne redoute cette heure ? - c’est le rôle des familles et amis d’aider le malade à prendre conscience de la progression du mal, à l’entourer et à l’assister pour que la tendresse et l’apaisement remplacent peu à peu le refus.

    Le sacrement des malades ainsi reçu dans la foi revêt le malade de la force du Christ qui combat désormais en lui et avec lui. S’il doit mourir, ce sera dans la dignité.

     

    La foi chrétienne n’est pas une religion de la peur.

    Redonnons aux sacrements qui nous sont proposés toute leur densité pour vivre et mourir dans l’espérance du salut qui nous a été acquis par le Christ.

    fr. André LENDGER

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