• 12 septembre 1999 - L’impérialisme des Etats.

    L’impérialisme des Etats.

    Après le Kosovo, le Timor oriental.

    Après le Timor oriental ?

     

    Certains Etats, composites pour la plupart, ne peuvent se percevoir eux-mêmes qu’à travers une toute-puissance qui fait bon marché du respect des peuples qu’ils dominent.

    Incapables de dépasser un certain mythe de l’unité, les dirigeants de ces Etats estiment que le bien des peuples qui les composent est d’accepter la loi par laquelle ils affirment leur hégémonie. Le désir des peuples de vivre libres est assimilé au banditisme.

    Les groupes dirigeants de ces Etats se sont souvent emparés de la légitimité et la maintiennent par la force en s’appuyant sur l’armée ou sur des milices paramilitaires. La collusion entre l’appareil d’Etat et l’armée est totale, l’un s’appuyant sur l’autre.

    Cette conception de l’unité conduit à refuser toute évolution du statut politique des différents peuples qui composent l’ensemble. La libéralisation est perçue comme une défaite et une amputation et ne peut se faire que par la force ou la décomposition de l’Etat central.

    L’impérialisme est largement répandu. Il impose son ordre à des groupes humains qui lui ont été soumis par la force, par l’histoire ou par les innombrables déplacements de population qui se sont produits depuis le début du siècle et parfois bien avant.

    Il se nourrit du désir de la puissance qui n’est pas à confondre avec le désir de la grandeur. La grandeur est une qualité du domaine spirituel et culturel qui n’a rien à voir avec la force militaire. Désirer la grandeur de son pays est une bonne chose. Désirer que cette grandeur se confonde avec l’exercice d’un pouvoir oppressif est une grave déviation.

     

    Comment notre terre peut-elle s’organiser, sortir du sentier des guerres et des répressions et permettre à chaque peuple et nation de vivre en paix ?

    Poser cette question, c’est essayer de comprendre les mécanismes qui conduisent aux conduites impérialistes. Il ne suffit pas de parler d’esprit de puissance. L’esprit de domination, outre l’enflure et la survalorisation de soi, se nourrit de comparaisons dégradantes à l’égard d’autres peuples. Une race est déclarée pure. Les autres sont décrétées inférieures.

    Le peuple juif sait ce qu’il en coûte d’être sans cesse livré au mépris.

    Les grands impérialismes occidentaux se sont justifiés dans leurs conquêtes coloniales en invoquant l’idée qu’ils venaient apporter la civilisation.

    La mainmise d’un peuple sur un autre, considéré comme inférieur et incapable de s’organiser par lui-même, fut une pratique courante au siècle précédent et au début de ce siècle. Cette pratique demeure malheureusement d’actualité, sous n’importe quel prétexte.

    Le concept de la supériorité quasi divine d’un peuple, d’une race, d’une civilisation ou d’une religion sur les autres est sous-jacent à ce qu’on appelle les intérêts stratégiques, qui aboutissent à une politique de conquête ou d’assujettissement. Dieu est avec nous, pense-t-on ! Notre droit est prioritaire par rapport à celui de l’autre... à qui on n’en reconnaît aucun.

    Le concept de race est l’un des plus puissants moteurs de l’impérialisme.

     

    L’impérialisme ne se limite pas, aujourd’hui, au seul domaine militaire, même si certaines puissances estiment encore devoir opprimer d’autres peuples.

    L’impérialisme s’étend maintenant aux domaines économiques et culturels.

    Si, du moins en Occident, l’effacement progressif de la notion d’Etat-nation est appelé à faire reculer l’impérialisme politique et militaire au bénéfice de la constitution de grands ensembles, ceux-ci ne pourront rester stables que grâce au respect de la culture de chacun.

    La fin de l’impérialisme militaire ne doit pas signifier l’avènement d’un nouvel impérialisme, économique, culturel ou religieux celui-là. Il serait aussi meurtrier pour la personne humaine que le premier colonialisme. S’il devait en aller ainsi, il y aurait duperie.

    La vie sur la terre ne sera conviviale que si les peuples acceptent d’être toujours en négociations pour parer aux coups, améliorer et rééquilibrer l’ordre général, sans que jamais le plus fort écrase le plus faible. Le juste droit ne peut faire fi du droit du plus petit.

     

    L’impérialisme ne se limite pas aux seuls rapports entre peuples. Il est là, à notre porte, dans les différenciations internes à chaque société, à chaque groupe et même à chaque famille

    L’impérialisme est une menace permanente.

    fr. André LENDGER

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