• 12/05/1996 - SEVEN. Sept péchés capitaux. Sept morts exemplaires.

     

    SEVEN.

     

    Sept péchés capitaux.

     

    Sept morts exemplaires.

     

     

     

    Le film nous met en présence d'une série de meurtres qui ont tous pour mobile un péché capital identifié à une personne qui sera assassinée au cours d'une mise en scène - dont les images sont épargnées au spectateur - appropriée au péché en question.

     

    Pluie diluvienne incessante, intérieurs d'immeubles, de bureaux, de voitures, vacarme de la ville, vibrations insoutenables des métros enferment dans un drame intérieur.

     

    Un homme a décidé de parler un langage fort pour rappeler à l'humanité ses péchés qui la mènent aux portes de l'Enfer. Cet homme sait que les mots sont inefficaces pour faire prendre conscience du péché. Les actes seront donc sa Parole, une parole non pas créatrice comme l'est celle de Dieu, mais destructrice, par des assassinats-symboles.

     

    L'univers humain dans lequel nous plonge ce film est sombre et sans échappatoire. L'homme lucide, immergé dans le mal, en est réduit à se poser la seule question qui vaille : est-il raisonnable d'avoir des enfants ? Devons-nous contribuer à prolonger cette vie ?

     

    Un homme a fait son affaire de la mort. Une femme s'interroge sur le don de la vie.

     

                Au nom du même péché ! Dans l'absence totale de Dieu

     

    La Croix a été confisquée par le grand-prêtre de la mort, une grande croix qui étend ses bras au-dessus du lit du bourreau.

     

    Les hommes de la police eux-mêmes, qui traquent l'assassin, ont renoncé à toute espérance et accomplissent leur travail sans imaginer possible un lendemain qui chante.

     

     

     

    Le monde de ce film n'est pas un monde de fiction.

     

    C'est notre monde, vu dans sa noirceur exclusive, où l'homme est déjà en enfer.

     

    Un homme a décidé de procéder à l'épuration de ce monde.

     

    Comment ne pas penser aux épurations ethniques basées sur le même principe du péché de l'autre et de sa non-valeur ? Comment ne pas voir que les haines qui dressent les peuples les uns contre les autres enferment chacun dans son péché ?

     

    Comment ne pas penser aux sectes et à tous les mouvements religieux assoiffés de pureté et qui n'hésitent pas à recourir à la violence - serait-ce la violence spirituelle - pour l'imposer ? On prétend échapper au mal en s'enfermant dans des univers clos.

     

     A l'abri des murs on se croit pur. Mais l'orgueil spirituel n'est-il pas la pire des turpitudes?

     

     

     

    L'assassin, lorsque enfin nous le découvrons, a le visage le plus innocent, le plus lisse et le plus ordinaire qui soit. C'est celui d'un homme calme et même placide, parfaitement maître de lui, doué de force et de séduction. Sa voix douce et son regard absent ne peuvent que rappeler nombre de pseudo-spirituels ou sectaires, très à la mode aujourd'hui.

     

    L'homme ne défend pas sa cause personnelle. Il ne se fait pas justice à lui-même. Visionnaire, il a reçu une mission... ? Qu'importe d'où elle vient. Elle l'envoie au monde entier. Non pour avertir ou convertir, mais pour signifier que le jugement est prononcé : l'enfer. Ange de la vengeance divine ? exécuteur des basses oeuvres du diable ?

     

    Comment ne pas penser à tous ceux qui annexent le nom de Dieu pour justifier leur terrorisme,  la satisfaction de leurs instincts les plus brutaux, leur racisme, leurs frustrations... ?

     

    Comment ne pas penser aux skinheads et autres, prêts à remplir de telles missions ?

     

     

     

    C'est pourtant de cet homme pervers que va jaillir une étincelle d'espérance.

     

    L'homme est moins aveugle sur lui-même que nos épurateurs ethniques : il a la lucidité de s'identifier, dans une scène exceptionnelle, à l'un des sept péchés capitaux.

     

    Cette lucidité, pour comble de la noirceur qu'elle soit dans le film, ne peut-elle être reçue comme un terme à la désespérance de l'homme enfermé sans issue dans le mal ?

     

    Grâce à elle, ne pourrons-nous pas reprendre pied dans un monde où le mal n'est plus seul, mais où le bien existe tout aussi intensément, même mêlé au mal ? Si l'ivraie du péché pousse en même temps que le bon grain, le bon grain grandit aussi vite que l'ivraie.

     

    Les choses peuvent reprendre et les hommes peuvent retrouver l'espérance.

     

    Dieu lui-même pourrait retrouver sa place, non plus pour être utilisé par les malfaisants, mais pour consoler les souffrants et réconcilier les pécheurs.

     

    Le pardon et non pas la vengeance !

     

    La vie et non pas la mort !

     

    A chacun de nous de répondre, par sa vie, au cri désespéré de ce film !

    fr. André LENDGER

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