• 11 octobre 1998 - Le monde a perdu ses repères.

    Le monde a perdu ses repères.

    Est-ce parce qu’il a perdu le sens de Dieu ?

     

    Dire que le monde va mal est une évidence qui n’est pas nouvelle.

    Le monde s’est-il jamais bien porté ?

    Nous avons souvent le sentiment que le passé était meilleur que le temps présent. Mais ne sommes-nous pas trompés par nos souvenirs et par nos sens ? Nous n’avons pas vécu le passé avec l’expérience humaine que nous avons acquise au long des années. Les conditions de vie ne sont plus les mêmes, ni les psychologies.

    Il se peut que pour l’un ou pour l’autre le passé ait été plus souriant que le présent. Mais il n’en va pas de même dès que nous observons la société dans sa généralité. Un regard sur le passé nous apprend que les difficultés et les drames humains n’ont cessé de secouer l’humanité. Ils n’étaient pas moindres autrefois que ceux que nous vivons actuellement.

    Tout indique cependant que nous sommes engagés dans un certain nombre de bouleversements de civilisation dont nous nous plaisons à dénoncer les injures faites à l’homme (violence, dislocation de la famille, course à l’argent…), mais qui ont aussi leur grandeur (attention aux personnes, aux droits de l’homme, à l’environnement, à l’enfance…).

     

    Dieu a-t-il quelque chose à voir dans tout cela ?

    Nous disons que nous sommes dans une société qui cherche ses repères et nous déplorons l’absence de Dieu dans notre monde contemporain, auprès des jeunes en particulier, car Lui seul donne le sens ultime de la vie et situe l’homme dans la création.

    Mais le désintéressement à son égard est-il une des sources des maux actuels ?

    Les choses ne paraissent pas aussi simples. Les siècles passés, là encore, nous montrent que la foi généralisée en Dieu n’a pas empêché de graves errements : Inquisition, chasse aux sorcières (des milliers sont mortes brûlées vives sans preuves), esclavage, travail des jeunes enfants. Pourtant tout le monde priait et la foi semblait être le ciment social.

    Quant à ceux qui aujourd’hui, tels les islamistes, invoquent Dieu pour reconstruire la société, ils ne sont pas très rassurants. En irait-il différemment avec des chrétiens ?

    La foi au Dieu Père de Jésus n’a pas, dans le passé, évité les excès. Peut-on dire qu’elle donnerait aujourd’hui un sens à la vie dont tant semblent dépourvus ?

    Oui, sans aucun doute, à condition qu’il ne s’agisse pas d’une foi sociologique, mais d’une conversion personnelle, d’un regard porté sur les autres, celui-là même qu’a porté Jésus sur les hommes et les femmes de son temps, regard de pardon et de tendresse.

    Sans un tel regard, Dieu ne sert à rien dans le gouvernement des hommes.

     

    La tentation des hommes est de faire de Dieu un moyen et de le rendre utile.

    Certes la foi appelle les hommes à se transformer et, par voie de conséquence, à changer les rapports entre eux vers plus de justice et d’amour.

    Mais la foi est une grâce, un don gratuit, sans finalité utilitaire, qui ne vise pas l’efficacité sociale. Elle est donnée pour la lumière, le bonheur et la paix de qui la reçoit.

    Dieu n’intervient pas dans le monde en fonction de nos besoins sociaux, mais il suscite des hommes et des femmes et les appelle à devenir des signes de son amour pour nous en témoignant, au nom de Jésus, leur amour pour leurs frères par la parole et par l’action.

     

    Dieu a fait l’homme capable de Le recevoir, d’être éclairé par Lui et de gérer la terre avec au cœur la lumière que lui donne la foi.

    Mais faire de la foi une finalité sociale et un moyen d’en finir avec les difficultés du monde est un leurre qui débouche à peu près inévitablement sur le fanatisme.

    Nous pouvons regretter que notre occident ne soit plus chrétien que sur les marges ou par tradition sociale, mais c’est peut-être sur ces marges que Dieu s’appuie.

    Dieu ne pèse plus lourd ? Mais Dieu a-t-il à peser ailleurs que dans le cœur des hommes ? A eux, dans la foi, la responsabilité de leur propre vie et de la vie de leur cité.

     

    Dieu n’est pas un moyen pour construire le monde. Il est le terme de la création, la fin et le but à atteindre. Cherchons-Le. Accueillons ce qu’Il nous dit et suscite en nous.

    Qui sait si le monde n’en sera pas transformé ?

    Fr. André LENDGER

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