• 09/02/1997 - "Suivi médico-social" pour délinquants sexuels

     

    "Suivi médico-social" pour délinquants sexuels

     

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    Un projet est en préparation en vue de prévenir les récidives.

     

    Certaines mesures ont déjà été prises en ce sens dans différents pays étrangers.

     

     

     

    Le projet vise à instituer un "suivi" à la sortie de la prison.

     

    Son caractère obligatoire en ferait une "deuxième peine".

     

    Le "suivi" pourrait commencer dès la prison, mais, comme aujourd'hui, il ne pourra se mettre en place que si le condamné le demande. Pendant l'incarcération, seule une incitation à suivre des soins est proposée, pour respecter la démarche intérieure du prisonnier.

     

    Nous sommes en effet dans un domaine hautement sensible, puisqu'il y est question de sexualité. Une contrainte psychologique immédiate ne serait pas de nature à aider le prisonnier à prendre conscience de sa responsabilité et à le faire évoluer.

     

    Mais au sortir de la prison, il est essentiel que l'ex-délinquant soit soutenu dans une démarche de réhabilitation et de maîtrise de lui-même pour ne pas rechuter.

     

    C'est aussi, pour l'entourage et la société, une mesure de protection.

     

     

     

    Le projet est ambitieux puisqu'il s'adresse à tous les délinquants sexuels qui représentent plus de 12 % de la population carcérale. Il faudra donc un nombre important de personnel qualifié pour assurer ce "suivi". Ce ne sera pas le plus facile en cette période de vaches maigres budgétaires.

     

    Personne, ensuite, ne pourra être assuré que ce "suivi" sera efficace. Tout dépendra de la façon dont le délinquant-patient s'engagera dans la procédure proposée - qui dit qu'il ne rusera pas pour rester en liberté ? - et de la médication qui lui sera proposée. La loi autorisera-t-elle la castration chimique, comme cela se pratique ailleurs ?

     

    Cette dernière question est lourde de conséquences pour l'idée que nous nous faisons de la personne humaine. L'homme qui a accepté librement une castration chimique reste-t-il encore, après le traitement, un être libre ? Or c'est la liberté qui est constitutive de l'homme.

     

     

     

    Une fois admis le principe de la castration pour un certain nombre de cas-limites, ne risque-t-on pas de s'y habituer au point de l'étendre d'autres types de délinquancedans lesquels l'instinct sexuel entre pour une part déterminante : crimes passionnels, violence... ?

     

    Qui nous garantit que la délinquance sexuelle ne sera pas étendue un jour à des comportements autres que ceux qui sont aujourd'hui prévus par des lois reconnues par tous ? Les exemples sont nombreux de pays où les interdits légaux - et donc leurs transgressions possibles - se sont multipliés, tant à l'égard des hommes que des femmes.

     

    Qui définira les limites de la castration quand elle aura été banalisée et qu'elle sera entrée dans les habitudes sociales, panacée pour régler des problèmes encombrants ?

     

    Le premier dictateur venu pourra s'appuyer sur ces lois pour les mettre au service de causes infiniment plus perverses que celles pour lesquelles elles auront été créées.

     

    Pour protéger des personnes dans des situations de détresse extrême, ne risque-t-on pas de défigurer le visage de l'homme, de lui retirer à long terme le sens de sa responsabilité, en se contentant d'utiliser des techniques pour résoudre ses problèmes immédiats sans lui donner les moyens de sortir de la pauvreté structurelle et culturelle ?

     

     

     

    Tel n'est pas le sens ni l'économie originels du projet de "suivi médico-social", puisque celui-ci veut aider à la responsabilisation des personnes.

     

    Certes il faut éviter la récidive des délinquants sexuels.

     

    Doit-on s'en tenir là ?

     

    L'accroissement du nombre des délinquants sexuels - même si de nombreux cas viennent au grand jour, qui étaient cachés jusque-là - pose une question sur notre société contemporaine, en particulier sur la vision de l'homme qu'elle véhicule, sur les moyens éducatifs qu'elle se donne et sur les conditions de vie qu'elle propose.

     

    Délinquance sexuelle, IVG, misère sociale, affective ou culturelle, désert spirituel sont les diverses faces d'un même problème : la difficulté pour l'homme de maîtriser sa condition.

     

    Le "suivi" médico-social, dans le meilleur des cas, pourra résoudre le problème de l'aval du mal. Il ne résoudra pas le problème de l'amont.

     

    C'est pourtant là que se joue  l'avenir de l'homme

    fr. André LENDGER

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