• 03/12/1995 - "Ce n'est pas Dieu qui est injuste, ce sont les hommes."

     

    "Ce n'est pas Dieu qui est injuste, ce sont les hommes."

     

    Ces paroles sont celles d'un grand handicapé moteur qui, en dépit de dysfonctionnements spectaculaires, a fait ses études et est devenu un technicien de valeur.

     

     

     

    Les hommes, pourquoi pas Dieu ?

     

    Parce que le mal, quel qu'il soit, échappe à la volonté divine.

     

    Il est le plus souvent la conséquence des actions et de la volonté des hommes.

     

    Parfois il est lié à la condition mortelle de l'homme, dont on ne peut accuser Dieu.

     

    Maladies, handicaps moteurs, déficiences psychologiques ou déviances affectives ne dépendent pas d'une décision à priori de Dieu. Ils introduisent dans une condition souvent douloureuse, à la suite de circonstances purement humaines.

     

     

     

    Ce n'est cependant pas pour cette raison qu'il faut déclarer l'homme injuste.

     

    Les hommes font ce qu'il peuvent et font des erreurs.

     

    La personne qui provoque un accident de voiture et en blesse une autre qui restera handicapée, n'a pas forcément commis une faute morale (sauf ivresse,...).

     

    Les parents dont l'enfant "tourne mal" ne sont pas forcément coupables. Bien souvent ils ont fait ce qu'ils pouvaient et on ne peut pas leur reprocher d'être ce qu'ils sont.

     

    L'injustice - qui est une faute morale - ne réside donc pas dans les causes du mal.

     

    Les hommes sont injustes parce que leur regard n'est pas bon.

     

    Ils sont injustes parce qu'ils gardent leurs distances avec ceux qui sont en dehors des normes conventionnelles, parce qu'ils se fabriquent des écrans protecteurs et dressent des barrières infranchissables, incapables d'assumer le spectacle de la différence de l'autre.

     

    Le regard des hommes cloue au pilori ceux ou celles qui n'ont pas l'apparence de "monsieur ou madame tout le monde".

     

    Objets de crainte, de répulsion et de rejet, c'est le lot des "différents".

     

    Tout handicapé le sait, l'éprouve et y décèle l'injustice des hommes à son égard.

     

     

     

    Qui n'est pas handicapé ?

     

    La plupart des humains le sont sans aucun doute. Mais beaucoup réussissent à le camoufler et continuent de présenter la façade lisse de la convention sociale.

     

    Mais il en est chez qui le handicap saute aux yeux..

     

    C'est pour ceux-là que nous avons à nous interroger sur notre regard.

     

     

     

    Comment ne pas penser, en ces jours où il est de nouveau question d'eux, aux malades du sida, lourdement handicapés par un mal inexorable ?

     

    Tout le monde en parle, mais le rejet, voire le mépris dont sont victimes nombre de malades (même si, à La Réunion, le milieu familial reste accueillant) demeure et ne facilite pas la prévention de la maladie.

     

    De peur d'être isolés, oubliés, abandonnés, évités, nombreux sont ceux qui se taisent sur leur mal et l'affrontent dans la solitude.

     

    Ils s'obligent à cacher leur maladie à leurs collègues de travail, au voisinage, à la famille, parfois même au conjoint ou à la conjointe !... pour se dérober aux regards inquisiteurs et accusateurs, aux questions indiscrètes, aux soupçons de toutes sortes, aux sarcasmes, aux jugements et aux condamnations morales.

     

    "Il l'a bien cherché !", commente-t-on avec ironie.

     

     

     

    Le mal, c'est la maladie, bien sûr.

     

    C'est le handicap, physique, psychique ou affectif.

     

    L'injustice, elle, vient du regard de l'homme

     

     dont l'œil scandalisé ne voit et ne retient de l'autre que son handicap et sa différence aux apparences de mal, lui refusant sa dignité et sa pleine qualité de personne humaine.

     

     

     

    Dieu, Lui, souffre du regard accusateur adressé à ceux qui souffrent. N'est-ce pas Lui qui est ainsi regardé et méprisé dans Son Corps, souffrant d'un handicap ou du sida ?

     

     

     

    Il ne nous appartient pas de savoir si le corps ou le cœur de l'autre sont sains.

     

    Il nous importe que notre oeil soit sain.

     

                Le regard de rejet porté sur les autres nous accuse et nous condamne.

     

                Le regard d'amour nous sauve l'un et l'autre.

     

    "L'œil est la lampe du corps"

    fr. André LENDGER

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