• Paix avec Israël. Une écharde qui n’en finit pas de faire mal.- 28 mai 2000

    Le retrait de l‘armée d’Israël du Liban sud accentue la fragilité de la situation entre Israël et ses voisins arabes et donc la paix dans cette région du monde.

    La zone-tampon a disparu. Mais ne devait-elle pas, de toutes façons, disparaître ?

    A chacun désormais de se comporter en responsable derrière sa frontière.

    Cela signifie qu’il faudra beaucoup de sang-froid alors que ce qui prévaut dans ce conflit, c’est une passion qui trouve ses fondements dans la religion.

    Tous les conflits entre Etats, quels qu’ils soient, sont le fruit de passions, mais les intérêts en jeu ne sont pas tous, loin de là, liés à la religion. Les conflits qui se développent un peu partout dans le monde s’expliquent le plus souvent par de vieilles rivalités ou des haines raciales, par des enjeux économiques, par le désir d’occuper une position dominante quand elles ne sont pas la conséquence de la folie sanguinaire d’un homme comme au Sierra-Leone.

    Le conflit entre Israël et ses voisins arabes se distingue par le fait qu’Israël s’est constitué en Etat sur le territoire d’un autre peuple tout comme le premier Israël s’était installé sur cette même terre aux dépens des Cananéens. La religion, ici, est omniprésente derrière des problèmes humblement humains de personnes déplacées, d’un peuple sans terre.

    Les extrémistes des deux camps revendiquent comme leur la terre choisie par Dieu.

     

    Le monothéisme n’est pas en question, bien qu’il soit devenu multiple.

    Chacune des religions monothéistes confesse qu’il n’y a qu’un seul et unique Dieu, le même pour tous, qui a pour père le seul Abraham, à qui Dieu a promis ce pays.

    Les chrétiens et une bonne partie des juifs contemporains, tout en se référant à l’unique révélation biblique, ont fait le pari de vivre dans un monde laïc et pluraliste.

    Cela veut dire que les lois auxquelles obéissent chrétiens et juifs sont celles d’Etats contemporains. Les commandements de la Loi de Moïse pour les uns et le commandement de Jésus pour les autres n’ont pas été reniés pour autant. Ils demeurent la base de la vie personnelle, familiale et sociale des uns et des autres.

    Mais les citoyens, à quelque pays et à quelque religion qu’ils appartiennent, obéissent aux lois civiles de leurs pays respectifs. Ces lois, d’ailleurs, dans nos pays occidentaux, en dépit de certaines critiques qu’on peut leur adresser, ne sont-elles pas inspirées par la longue tradition judéo-chrétienne autour de laquelle s’est élaborée notre civilisation ?

    Les fondamentalistes musulmans, eux, poursuivent le rêve de vivre selon la loi donnée par le Prophète, la charia et de faire de cette loi religieuse la loi civile d’un Etat musulman, sans tenir compte de la religion des autres composantes de leur pays.

    Conviction que cette loi est la meilleure ou volonté de s’imposer à tous par ce biais ?

     

    Nous sommes dans un conflit où se mêlent de justes revendications et une compétition religieuse. Qui est le véritable successeur d’Abraham ?

    Trois religions en revendiquent la succession, les uns selon la chair, les autres selon la révélation faite au Prophète, les chrétiens selon la foi, Abraham étant le père des croyants.

    Mais deux peuples en revendiquent la terre. A qui appartient la terre promise ?

    La terre du Dieu unique peut-elle faire l’objet d’une appropriation exclusive ?

    N’est-elle pas vouée par essence à l’universalisme ?

    Quel statut pour Jérusalem, capitale religieuse autant qu’administrative ?

    Or les extrémistes des religions monothéistes n’imaginent pas que leur religion ne soit pas religion d’Etat (ou leur race, race dominante). Comment dès lors pourraient-ils concéder des droits égaux à toute personne étrangère à leur race ou à leur religion s’ils absolutisent leur position ? Ne faudrait-il pas, pour cela, passer par l’acceptation d’une certaine laïcité ?

    Les divisions religieuses qui entraînent des affrontements sanglants, où que ce soit, peuvent-elles trouver une solution en dehors du respect accordé à toutes les personnes, à quelque religion et race qu’elles appartiennent, par des lois laïques ouvrant à l’universel ?

     

    La paix ne sera pas facile à établir de façon durable sur la terre promise à Abraham.

    Le Dieu unique trouve-t-il son compte dans l’annexion que chacun veut faire de Lui?

    Jérusalem : une pierre d’achoppement ou de réconciliation dans la différence ?

    fr. André LENDGER

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