• 7 décembre 1998 - Dieu vient.

    Dieu vient.

    Que vient-il faire qu’il n’aurait pu faire sans venir ?

     

    Se faire connaître et reconnaître ?

    Mais avait-il besoin de venir pour qu’il en soit ainsi ?

    N’aurait-il pas pu envoyer quelque prophète ou sage pour dévoiler son visage ?

    Déjà il avait inspiré aux prophètes sa prédilection pour les pauvres et pour la justice.

    Mais cela restait comme une déclaration d’intention, une parole de prophète.

    Aussi longtemps que Dieu ne se manifesterait pas par lui-même, l’homme ne pourrait qu’en rester à ce stade embryonnaire de la connaissance de Dieu. Il y manquerait un sceau.

    Dieu se devait de lever le voile sous lequel il était dissimulé, voile du langage des hommes, voile de silence de sa part, voile de préparation de sa révélation ultime.

    Dieu est venu. Dieu a déchiré le voile et s’est présenté tel qu’il est : un enfant, avant d’être un homme que les autres hommes rejetteront et mettront à mort.

     

    Désormais les gestes ont été faits et les paroles ont été prononcées.

    La résurrection est venue authentifier Jésus comme Fils et Messie de Dieu, celui qui était attendu pour annoncer le Royaume de Dieu et juger le monde.

    Ce Jésus est dès lors perçu non pas comme un simple prophète, mais comme l’envoyé de Dieu annonçant la fin des temps, dont les actes et les paroles portent la signature de Dieu.

    Il donne le sceau divin aux paroles des prophètes, mais il fait plus. Par sa présence parmi nous, il se fait Parole et Justice de Dieu.  « Il renversera les puissants de leur trône. »

    En lui, Dieu prend chair et sa parole de Père s’identifie aux paroles de son Fils.

    Dieu invisible se rend visible à nos yeux et le visage innombrable de son Fils ressuscité nous dit la présence de Dieu en chacun de nos frères.

    Dieu a pris le visage des hommes et il partage leurs sentiments. Il aime et il souffre.

    Il est aussi l’interrogation fondamentale posée à l’homme sur lui-même : homme, peux-tu être pleinement homme si tu vis dans l’ignorance de ton appel spirituel ?

     

    La venue de Dieu en chair en la personne de Jésus agit comme l’irruption de la vie.

    Celui qui naît à Bethléem, celui que nous avons fait mourir sur la croix, est celui qui est la source de la vie. Sans lui qui nous partage Sa Vie, rien ne subsiste.

    Dieu, qui est le maître de la vie, ne vient pas pour la retirer aux hommes, mais pour leur en communiquer toute la plénitude et la richesse : la vie est le fruit de l’amour et l’amour est la manifestation de la vie. Dieu nous a créés par amour. C’est par amour qu’il vient et s’unit à nous, par amour qu’il n’a pas trouvé indigne de prendre sur lui notre chair de péché.

    Dieu réalise le vieux rêve d’Adam : que l’homme accède à la dignité divine. Mais Adam  voulait dérober cette égalité par la désobéissance. Noël nous révèle l’inverse : c’est Dieu qui vient prendre sur lui l’humanité entière pour l’élever jusqu’à lui, dans l’obéissance de la Croix.

    Par sa naissance parmi les hommes, celui qui est au principe de toute vie, qui est la vie qui ne finit pas, qui est la vie éternelle, a accepté de partager notre condition mortelle.

    Par sa résurrection, il fait partager à toute chair vivante la promesse de sa vie divine. Son amour nous a trouvés suffisamment dignes pour qu’il vienne dans notre chair, en acceptant de vivre le destin d’un homme.

    Il a restauré en nous Son image qui avait été détruite par le péché et Il nous convie à Le retrouver auprès de ceux chez qui cette image est le plus bafouée, les pauvres et les humiliés, afin de les rétablir dans la justice de son amour.

     

    Qui est pauvre sinon celui ne sait pas s’il pourra subsister jusqu’au lendemain ?

    Qui est pauvre sinon celui qui connaît ses fautes, ses détresses, ses abîmes ?

    Telle est l’humanité défigurée par le péché, un péché qui impose les rapports de force entre les hommes, et qui nous incline à agir sans le respect dû à l’autre ou à soi-même.

    Ainsi que l’annonçaient les prophètes, ce sont bien à ces pauvres-là qu’est venu s’unir celui qui a pris notre chair. Car Dieu ne peut se résigner à l’échec de l’humanité meurtrie.

    Son propre échec ne l’a-t-il pas uni intimement à toutes les victimes ?

     

    A Noël, Dieu s’est fait connaître, à l’homme de le reconnaître.

    fr. André LENDGER

    « 20 décembre 1998 - Génocide. Atteinte aux droits de l’homme. Crimes contre l’humanité.14 février 1999 - Tout homme, puissant ou non, peut être appelé à répondre de ses actes. »

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