• 4 août 2002 Qu’est la fa foi des jeunes ?

    Les JMJ ont vu leur flot de jeunes se rassembler à Toronto. Elles ont été l’occasion d’entendre le vieillard le plus jeune de la terre leur annoncer la Bonne Nouvelle. L’enthousiasme était au rendez-vous ainsi que la prière et la ferveur.

    Les journalistes ont relevé que si la fête et la joie d’être là avec le pape étaient bien réelles, les jeunes étaient de plus en plus ignorants de la foi qu’ils célébraient. Cette observation, tout le monde est en mesure de la faire un peu partout dans le monde, mais spécialement dans les pays occidentaux. Les jeunes, mais aussi beaucoup de moins jeunes, vibrent, chantent et dansent au nom de leur foi, mais ne savent plus rendre compte de leur exultation. Ils sont capables de s’engager spontanément, le temps d’une grande célébration, mais pas souvent d’engager leur vie dans la logique de ce qu’ils viennent de fêter dans la liesse

    D’après les observateurs les jeunes se contentent d’une approche affective et sentimentale de  la foi mais deviennent incapables d’en énoncer le contenu, à commencer par réciter le Credo. Bien peu sont en mesure de saisir l’enracinement biblique et l’originalité de Jésus. Jésus apparaît comme un des grands fondateurs de religion parmi d’autres, sans plus.

    Le vieux pape demeure, dans ces conditions, comme le grand rassembleur affectif : un vieux sage qui continue d’enthousiasmer la jeunesse et de faire passer des paroles d’espérance.

     

    L’affectivité prend aujourd’hui la première place dans l’expression de la foi des jeunes. Il leur faut sentir et ressentir, acclamer, manifester bruyamment leur joie de croire en Dieu. C’est une conquête importante de l’actuelle génération après les longues décades où la foi ne se disait que dans l’austérité de cérémonies au rituel sévère et contraignant.

    L’affectivité est une dimension essentielle de la personne humaine. Lui redonner sa place dans la liturgie et dans tout ce qui peut faire figure de rassemblement extra-liturgique permet de dire la joie d’être croyant et d’affirmer que notre foi s’enracine dans ce qu’on appelle le cœur, lieu parfois trouble des sentiments, de la peine et du plaisir. Notre cœur reçoit lui aussi la lumière venue d’en haut et notre sensibilité, ainsi élevée, peut témoigner de la présence de Dieu en elle par la musique, la poésie, les chants, la danse et toute forme d’art.

    Dans un monde où l’affectivité joue un tel rôle, il est heureux que les jeunes chrétiens aient retrouvé cette liberté d’exprimer spontanément leur foi par leur sensibilité, mais une sensibilité maîtrisée tandis que d’autres -peut-être certains les mêmes - disent leur exubérance de façon sauvage dans des rave-parties. Il s’agit bien d’un même phénomène de civilisation.

    La seule mais importante limite de cette forme d’expression de la foi est qu’elle risque de tourner sur elle-même et de ne se nourrir que d’émotions. Elle pourrait alors se rapporter à  n’importe quelle autre religion, célébrer n’importe quel dieu. Elle peut se réduire à n’exprimer qu’un rattachement plus ou moins sentimental à une divinité vague et imprécise, à n’être qu’une auto-consolation rassurante, mais finalement vide, dans notre monde plein de dangers.

     

    L’expression de la foi ne peut se réduire à des incantations alléluiatiques. Elle a besoin d’un discours ancré dans la raison, cette raison que Dieu a pris soin de donner à l’homme en le faisant à son image. Si l’acte de foi n’est pas réductible à la seule raison, puisqu’il est  d’ordre surnaturel, le contenu de la foi, lui, est accessible à la raison. Notre raison doit toujours être en mesure de rendre compte de notre foi, de notre foi en Jésus-Christ et non pas en quelque autre dieu ou en quelque énergie spirituelle floue.

    Il s’agit moins d’apprendre que de comprendre, même si pour comprendre que notre foi s’enracine dans une histoire, il convient d’apprendre quelques rudiments de cette histoire. Nous devons avoir le désir et le courage de partir à la recherche du trésor de notre foi comme un astrophysicien part à la découverte de son étoile, avec la même rigueur scientifique et la même exigence technique. Sinon nous ne sommes que des amateurs de religiosité.

    Cette absence d’engagement rationnel dans la jeunesse fait craindre un accroissement sensible des superstitions de toutes sortes et de dévotions personnelles qui, au lieu d’être un chemin vers le Dieu révélé, prendront une importance qui rendra notre Dieu secondaire.

    Quant aux sectes (petites communautés, échanges chaleureux, quelques exigences qui font sérieux…) elles iront se multipliant, puisqu’elles s’adressent plus directement à la sensibilité de personnes fragiles et se limitent à une lecture primaire et simpliste des Ecritures.

     

    Les jeunes chrétiens sauront-ils faire le saut de la reconquête de la raison dans leur foi ?

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