• 30 septembre 2001 - Manhattan – Bin Laden - victimes - terrorisme - démocratie.

    Le 11 septembre, un acte terroriste d’une ampleur inhabituelle a fait des milliers de victimes.

    Dramatique l’événement fut spectaculaire et a frappé tous les téléspectateurs partout dans le monde. Les réactions d’horreur et les condamnations ont été immédiates. Le symbole était fort et évident pour tous : l’orgueil d’un pays a été anéanti et sa toute-puissance ébranlée. Un séisme mondial.

     

    Nous pouvons regarder l’événement en nous focalisant sur les seules victimes.

    Les victimes étaient innocentes. Les victimes sont toujours innocentes.

    Nous ne pouvons donc pas oublier les milliers d’autres victimes du terrorisme un peu partout dans le monde, dont on ne se préoccupait pas tant qu’elles ne touchaient que des puissances pauvres ou marginales. Nous pouvons même parler d’un terrorisme organisé par des Etats dits civilisés. Certes celui-ci passe inaperçu ; les télévisions en rendent rarement compte parce qu’ils ne sont pas spectaculaires et se déroulent au compte-goutte, discrètement. Que 500 000 enfants soient morts de malnutrition en 5 ans en Irak à cause du blocus, que les anglais et les américains continuent de bombarder ce pays depuis des années, n’émeut pas grand monde. C’est la faute de Saddam Hussein, dit-on. Mais ces enfants n’étaient-ils pas aussi innocents que les 6 000 morts de Manhattan ?

    Ne condamner l’attentat qu’à cause de l’innocence des victimes et de l’émotion est insuffisant.

     

    Nous pouvons considérer l’événement sous l’angle du terrorisme.

    Le terrorisme n’est pas un acte gratuit ni l’œuvre d’un fou : il a des causes.

    Il est une réponse barbare à une situation dans laquelle des populations dominées, sans moyen militaire digne de ce nom, estiment être injustement traitées, bafouées, humiliées, méprisées dans leur dignité et leur orgueil. A quoi il faut ajouter des terrorismes récurrents tels que ceux qui frappent le Pays Basque, l’Irlande du Nord, l’Algérie, alimentés par des fanatismes irrationnels.

    Le terrorisme dont il s’agit ici est un terrorisme mûrement réfléchi dont les actions ont été décidées à froid. Il ne vise pas n’importe quelle puissance, mais la seule puissance dominatrice, les Etats-Unis, désormais seule super-puissance mondiale, sans rivale. Et son alliée et complice, Israël.

    La grande faiblesse de ces deux Etats est leur volonté de puissance qui les rend arrogants. Ils n’ont que faire des conseils des autres. Ils méprisent ceux qu’ils écrasent. Ce n’est un mystère pour personne que les Etats-Unis ne sont pas aimés, parfois même haïs à cause de leur politique hégémonique, et que la volonté dominatrice d’Israël, avec sa violence, est insupportable.

    Le terrorisme est une réponse à leur volonté de toute-puissance qui les conduit à n’avoir de loi que la leur et à imposer leur volonté considérée comme seule légitime.

     Supprimer Bin Laden ne résoudra pas le problème. Si la politique des uns et des autres ne change pas, d’autres Bin Laden se lèveront. Les terroristes en herbe ne manquent pas. On trouvera d’autres hommes, fanatisés pour cette cause ou une autre, poussés par la haine d’un nouveau Satan.

    Les Etats-Unis le savent d’autant mieux que Bin Laden et les talibans ont été leurs créatures.

     

    Les Etats-Unis - et, dans la mesure limitée de ses objectifs, Israël - subissent la dérive de tous les puissants. Ils agissent en maîtres absolus, ignorant le partage, la légitimité des besoins et des désirs des autres, aveugles même sur la survie de la planète, imposant leur pollution au monde entier.

    Cette attitude est-elle acceptable lorsqu’on se targue d’être la référence de la démocratie, de la liberté, et des droits de l’Homme ? Un bon nombre de ces valeurs qui font l’orgueil et l’honneur d’un grand nombre de pays (et pas simplement occidentaux) n’ont-elles pas été bafouées ?

    Où va cette démocratie si mal éclairée qu’elle se replie sur elle-même et sur sa richesse présente, sans avoir le juste souci du partage avec les plus pauvres, mais au contraire leur imposant sa loi ? Ne hâte-t-elle pas l’heure de sa chute comme nous en avons tant d’exemples dans l’histoire ?

    La démocratie implique la vertu dans l’exercice du pouvoir, que ce soit dans les relations entre concitoyens ou dans les relations avec les autres Etats. Aucun démocrate digne de ce nom ne peut se transformer en dictateur et aucune démocratie digne de ce nom ne peut devenir un empire avec tout ce que ce mot comporte de dureté, de suffisance, de domination écrasante et d’excès.

    Nous et d’autres, nous sommes bien payés pour comprendre cela.

     

    La prise de conscience des raisons complexes et profondes du drame de Manhattan, la nécessaire révision de toute une orientation politique et d’un nouveau type de relations avec l’ensemble des autres Etats prévaudront-t-elles ? Accompagneront-t-elles la juste punition des coupables et d’eux seuls sans susciter de nouveaux émules en terrorisme ? Allègeront-t-elles la férule qui écrase tant de nations sans défense dont on exploite les ressources et la main-d’œuvre au nom de la mondialisation ?

    Cela vaut pour les Etats-Unis ; cela vaut pour tous nos riches pays occidentaux.

    Les autres ont aussi le droit de vivre dignement et d’être respectés.

    Si le message ne passe pas, si rien ne change, quelle que soit l’unanimité dans la condamnation de l’acte criminel et quelle que soit la riposte à l’attentat de Manhattan, d’autres terroristes se lèveront.

    Pendant qu’il est temps, pesons sur les causes du terrorisme, revenons sur les errements dans lesquels toute volonté de puissance nous conduit.

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