• 28 septembre 1997 - La vengeance.

    La vengeance.

    Une tentation permanente pour qui souffre de la part d'un autre.

     

    Elle peut s'exprimer dans la brutalité mais court alors le risque de la condamnation.

    Elle peut se dire avec une grande subtilité qui n'encourra aucune poursuite pénale mais pourra acculer à la dépression, au suicide, à la mort.

    A côté du passionné qui va supprimer son rival ou (et) la femme qui l'a abandonné, il y a les "corbeaux" qui usent et affolent la résistance nerveuse de leurs proies.

    Le but de la vengeance est bien celui-ci : que celui qu'on accuse d'avoir fait du mal disparaisse de la vue de celui qui s'estime victime ou bien qu'il souffre d'une torture intense.

    La vengeance fait l'économie de la justice, trop longue, trop coûteuse, trop incertaine.

    Celui qui veut se venger ne fait confiance qu'en lui.

    Il estime que la question qui l'agite n'intéresse que les seuls protagonistes.

    Il goûte à l'avance le plaisir qu'il ressentira lorsqu'il tiendra sa victime entre ses mains ou lorsqu'il la verra s'enfoncer lentement dans la peur et la folie.

    La vengeance est un acte solitaire que l'auteur est seul à déclarer juste.

    Il pourra bien être rattrapé par la justice plus tard et être condamné, il gardera la satisfaction de s'être fait justice... même s'il nourrit quelque remords.

    Ce qui est d'abord demandé à la vengeance ce n'est pas qu'elle fasse œuvre de justice mais qu'elle procure une jouissance dont les consonances sexuelles sont évidentes puisqu'on l'a emporté, on se retrouve en position de dominant absolu. Après, l'apaisement !

     

    La vengeance ne répare rien. Elle se nourrit d'une passion aveugle, enténèbre l'esprit et agit par la force ou la ruse sournoise pour détruire.

    La réparation, elle, est une juste mesure entre le dommage subi et la peine infligée. Peu adaptée aux affaires du cœur qui échappent à la raison, elle est le propre de la justice.

    Cependant même la justice peut être utilisée par ceux qui ne rêvent que vengeance.

    Le désir d'écraser et d'anéantir celui qui vous a fait un mal irréparable peut conduire la victime à adopter en retour une attitude implacable, comme si l'acharnement sur le sort d'un meurtrier, jusqu'à vouloir supprimer sa vie, pouvait procurer quelque consolation.

    Que de procès soulèvent le désir du rétablissement de la peine de mort.

    Que de procès sont engagés sans attendre d'autre réparation que de voir l'autre puni !

    Réparation ou vengeance ?

    Toute sentence ne peut que décevoir l'attente de ceux qui confondent l'une et l'autre.

    Sans doute est-ce la raison pour laquelle la lecture des verdicts peut donner lieu à des manifestations importantes lorsque les victimes et la foule ne sont pas satisfaites.

    Certes les juges peuvent commettre des erreurs. Ils ne sont pas infaillibles. La réaction peut être légitime, surtout lorsqu'il s'agit de problèmes touchant la vie sociale.

    Mais il arrive que des victimes d'actes criminels ne se satisfont pas de la peine de réparation infligée au condamné. Certains même sont déçus que ne soit pas condamné celui qui est déjà placé dans le box des accusés, mais contre lequel le tribunal manque de preuves. Leur colère, compréhensible, n'est-elle pas entachée du sentiment d'une vengeance frustrée ?

     

    Le désir de vengeance revêt le plus souvent des formes moins extrêmes que celles-ci. Mais il demeure, car il fait partie des mouvements qui agitent le cœur de tout homme.

    Il est présent dans nombre de rapports "tendus" entre personnes.

    Il est lié à la fragilité des uns, agressés sans avoir la force psychologique de résister à la peur ou au sentiment d'être mis en question. Mais il dépend aussi des manifestations de supériorité des autres qui camouflent leur propre fragilité par l'agressivité.

    On peut s'abandonner à la vengeance. Mais on peut aussi reprendre confiance en soi, apprendre à nuancer, par une juste vue de soi-même, le jugement des autres sur soi, devenir intérieurement plus fort que ceux dont on serait tenté de tirer vengeance. La vengeance n'a dès lors plus de raison d'être. Elle apparaît comme une faiblesse. On aurait honte d'y tomber.

    Ne convient-il pas de suivre l'exemple de Celui qui S'est abandonné à ses bourreaux ? Il a refusé la vengeance. Il a pardonné et, ce faisant, Il a rendu ses bourreaux à la vie.

    Le pardon est la seule réponse constructive à la violence, la seule réponse des forts, de ceux qui savent que la solidité de leur être profond s'enracine dans l'amour de l'autre.

    Au goût de la mort peut alors succéder le goût de l'amour et de la vie.

    fr. André LENDGER

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