• 27 avril 2003 Réformes.

    Comme beaucoup de pays industriels, plus que d’autres peut-être, la société française souffre de paralysie institutionnelle. Dans de nombreux domaines les avantages acquis pèsent lourd. Chacun défend les siens sans toujours tenir compte de l’évolution de l’économie tant nationale que mondiale. Les retraites et l’école font ainsi partie des dossiers explosifs dont on parle depuis des années et qui s’apprêtent à mobiliser syndicats et hommes politiques.

    Comment concilier l’évolution des conditions de vie qui se traduisent par une augmentation de la durée de la vie, un développement très important des biens et des besoins de consommation (santé, loisirs, électronique, transport…) et le maintien des droits tels qu’ils ont été définis dans un contexte social et économique dépassé ? Comment partager la richesse nationale et permettre à chacun de vivre honnêtement quand les temps deviennent durs ?

    Le débat sera forcément difficile. Une négociation se déroule le plus souvent à partir de positions divergentes. Les différences ne signifient pas des oppositions irréductibles mais elles reflètent les points de vue et les attentes qu’expriment les parties en cause. Il est légitime que chacun défende sa vision et précise les aménagements auxquels il est prêt à souscrire, dans le respect de la pensée de l’autre, se gardant de le railler et de le déprécier.

     

    Dans les sociétés contemporaines, très mouvantes, les avantages peuvent-il être acquis une fois pour toutes ? ils ont garanti, un jour, une certaine qualité de vie ; doivent-ils donner naissance à une classe de privilégiés ? Dans de nombreux pays des catégories sociales bénéficient d’avantages en raison de leur proximité avec le pouvoir. C’est le système des apparatchiks. En France, dans le même ordre d’idées et pour des raisons historiques, il peut apparaître que les avantages dont bénéficient les fonctionnaires de l’Etat dans les DOM ne se justifient plus. Aussi sont-ils accusés d’être la source d’inégalités parmi les travailleurs.

    Il est donc nécessaire d’ajuster les avantages à la situation présente sous peine de créer de nouvelles injustices. Cela ne peut se faire sans quelques douleurs puisqu’il s’agit bien de limiter les gains de chaque employé jusqu’à un seuil qui soit acceptable dans la situation présente. Il est préférable d’entreprendre de telles opérations de rétablissement de la justice en douceur, car le domaine est sensible. Mais il faut bien s’y acheminer.

    On ne peut parvenir pacifiquement à de tels changements sociaux que dans la mesure où chacun se rend compte de la situation privilégiée dans laquelle il se trouve, une situation juste hier, indue et source d’injustice aujourd’hui. À chacun de comprendre ce que signifient les mots d’égalité sociale et de justice et de jeter un regard critique et vrai sur lui-même et sur ceux qui travaillent autant que lui, parfois plus, pour un salaire bien moindre. Certaines revendications et grèves seraient alors mieux acceptées. Elles auraient un air moins intéressé.

     

    Les craquements actuels sont de ceux que ressent toute société contemporaine, dans un contexte mondialisé, qui crée une concurrence redoutable. Les peuples qui voudront se replier sur les avantages acquis du passé et qui refuseront obstinément de se remettre en question seront freinés dans leur développement et s’appauvriront. Ils continueront de vivre un temps dans l’illusion, mais ils seront vite abandonnés sur le bord du chemin. Ceux qui ne voudront pas prendre de risques en remettant en question les anciens acquis et en les adaptant à la situation nouvelle seront éliminés. Le but est d’instaurer l’équité au sein de la nation en partageant entre tous et les sacrifices imposés par la nouvelle conjoncture économique locale et internationale et les bénéfices de l’effort de chacun.

     Les troubles et les mouvements sociaux sont inévitables dans des sociétés en perpétuelle transformation. Ce sont, comme les tremblements de terre, des opérations de réajustement, de rééquilibrage. Encore faut-il ne pas se tromper sur leur finalité. Il ne suffit pas de défendre des acquis, encore faut-il que ces mouvements contribuent à l’évolution positive de la société toute entière. Les avantages ne doivent pas servir qu’à soi mais à toutes les personnes qui dépendent de nous, en nous rendant plus disponibles pour eux. Ainsi de l’éducation nationale qui a charge de l’avenir culturel de la nation.

    Mais peut-être faudrait-il d’abord distribuer à tous et à chacun un enseignement de base sur la vie en société, les droits et les devoirs du citoyen, l’égalité et la justice sociale. Peut-être faudrait-il que chacun ouvre la porte de son cœur aux autres et au reste du monde : mondialiser son regard permettrait de découvrir sa véritable place, relative.

    Chacun solidaire des autres.

    « 20 avril 2003 - Pâques 2003 L’injuste mort du juste.4 mai 2003 L’axe du mal. »

    Tags Tags : , , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment



    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :